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#351 2013-12-04 08:27:52

estridus
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Re: Les Histoires des Ténèbres

waw super bravo ! Vite la suite Catitiz_PDT_27  !!!!

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#352 2013-12-04 12:58:17

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Merci beaucoup Estridus Catitiz_PDT_12
Contente que ça te plaise ^^


Vous aimez les histoires fantastiques? Venez lire ceci ;) Bonne lecture ^^
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Sauvons PV

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#353 2013-12-05 18:03:25

vanouloup
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Catitiz_PDT_27 Ahhhhhhh il faut attendre pour la suite Catitiz_PDT_21

Toujours un plaisir de reprendre la lecture de cette histoire. Je vais rentrer en hibernation pour attendre le prochain épisode Catitiz_PDT_02

Merci beaucoup Catitiz_PDT_18


L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde.
Tu n'aimes pas les animaux? J'm'en fous je t'aime pas non lus! Catitiz_PDT_12

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#354 2013-12-05 18:31:13

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

L'hibernation ne durera pas trop longtemps, juste 2 petites semaines ^^ (la dernière fois, c'est parce que le chapitre était particulièrement long ;) )

Merci beaucoup en tout cas Catitiz_PDT_22


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#355 2013-12-07 11:28:45

clicou
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Re: Les Histoires des Ténèbres

J'aime toujours autant ^^ et en plus c'est le début d'un nouvel "épisode" ^^ que du bonheur ! Catitiz_PDT_12
alors à dans deux semaines ^^


Présente très sporadiquement ... comme beaucoup j'imagine
Des mâles pleins de couleurs

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#356 2013-12-07 13:06:22

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Merci Clicou Catitiz_PDT_12
Et oui, un nouvel épisode qui commence ;)
Mais plus qu'une semaine à attendre pour le chapitre suivant maintenant :p


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#357 2013-12-15 14:47:48

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

*2 semaines plus tard* La suite Catitiz_PDT_12


Rester Maître de Soi (suite)


2 – Epreuves


    Durant les semaines qui suivirent, les débats se multiplièrent au sujet de Cyrié, qu’il soit présent ou non, si bien que, face aux arguments justifiés et implacables de leurs enfants, Castel et Althéa finirent par adopter leur point de vue. Ils auraient du mal à devenir ami avec le vampire, mais ils ne le redoutaient plus.
    Un soir, Ethan apprit à l’immortel, pour son plus grand plaisir, qu’il quitterait le centre de soins très prochainement. Ses crises de panique avaient totalement disparu, ainsi que ses cauchemars, quant à son cœur, même s’il ne se remettrait jamais de leur première rencontre, son état actuel ne justifiait plus la surveillance constante à laquelle il avait droit dans ce lieu. Néanmoins, il ne pourrait plus jamais exercer son métier de la même façon. Avec un cœur malade à ce point, il ne lui serait plus possible d’intervenir sur le terrain, il serait donc obligé de se contenter d’un poste beaucoup plus administratif. Mais comment pourrait-il continuer dans ce secteur si ses convictions allaient à l’encontre de celles qui lui étaient imposées ? Il le savait déjà, mais Cyrié lui rappela qu’être un chasseur de primes n’était pas une profession comme une autre, et qu’il n’était pas si facile de la quitter. L’un de leur slogan était « quand on est chasseur de primes, c’est pour la vie », les démissions étaient donc très mal acceptées – entre autres, à cause des informations qui étaient dévoilées durant la formation et qui ne devaient pas être connues du grand public. Ethan bénéficiait encore de plusieurs semaines de repos, pendant lesquelles il pourrait méditer sur la décision à prendre. Cyrié le rassura en lui proposant de l’accompagner discrètement si le jeune homme choisissait de quitter son poste. Tous deux savaient que cet acte serait très dangereux : le sujet n’était jamais abordé au sein des clans de chasseurs de primes, mais tous savaient que démissionner revenait à s’attirer les foudres de leurs supérieurs. Les rares à avoir tenté de le faire, avaient été harcelé, à tel point qu’ils avaient, soit fini par se suicider, soit été abattus d’une façon qui laissait à penser qu’il s’agissait d’un accident ou de l’attaque d’une personne recherchée.

    Au cours de leurs discussions, Cyrié put apprendre que, depuis quelques temps, les supérieurs d’Ethan se posaient des questions sur le manque d’activité des vampires. S’ils s’interrogeaient, cela ne pouvaient signifier qu’une seule chose : ils n’étaient pas à l’origine de leur disparition. Sachant à quels clans ils commandaient, le buveur de sang connaissait lesquels exclure lors de ses recherches. Ca ne faisait qu’un petit nombre, mais c’était un début.

    Un soir, alors que l’immortel quittait le centre de soins, il sentit à nouveau la présence de Kardè. Sans perdre un instant, il se précipita auprès de lui. Cyrié le retrouva au milieu d’une toute petite clairière, entourée d’une épaisse forêt. Son ami était à genoux, les bras, les poignets et les chevilles enchaînés, un collier en métal lui entourant la gorge. Il semblait affaiblit, les yeux à demi clos, la bouche entrouverte, le teint plus pâle qu’à l’ordinaire, la respiration trop prononcée pour un vampire. Il ne vit et ne sentit pas son Leader arriver et paniqua lorsque ce dernier s’accroupit à ses côtés :

— Non ! Ne reste pas là, c’est un piège !
— Je sais, le rassura son aîné.

    Kardè ne comprenait pas le ton et l’expression de Cyrié. Il était calme et souriant d’un air complice. Mais qu’avait-il en tête ? Soudain, d’autres chaînes surgirent des arbres alentours. Le plus âgé des vampires en esquiva une partie, mais son cadet, qui le connaissait bien, remarqua qu’il ne semblait pas réellement vouloir les éviter. N’était-ce que pour ne pas donner l’impression de se laisser capturer trop facilement ? Finalement, des chaînes parvinrent à enserrer les poignets et la gorge du Leader et l’immobilisèrent, les bras écartés. A cet instant, des dizaines de chasseurs de primes s’avancèrent dans la clairière. Cyrié tenta libérer l’une de ses mains, mais lorsqu’il tira sur la chaîne qui la retenait, cela resserra encore un peu plus l’une de celles qui emprisonnaient son ami. Leurs liens étaient donc reliés ? Cette réaction surpris l’aîné, mais il n’eut pas le temps d’y réfléchir : immédiatement, un courant électrique extrêmement fort remonta les chaînes jusqu’à lui. Il tenta d’y résister, mais son intensité ne lui permit pas de la supporter bien longtemps. Il finit par perdre connaissance et s’écroula aux côtés de Kardè, désespéré. Cyrié représentait son dernier espoir de retrouver la liberté.

    Le lendemain, le Leader se réveilla, allongé sur un lit. Le haut de ses poignets présentait encore des traces de brûlures, dues au choc électrique qu’il avait subit – ses protège-bras ayant protégés le reste de sa peau – il en déduit donc qu’il devait présenter les mêmes marques autour du cou, ce qui était bel et bien le cas. Il se redressa, s’appuyant sur ses coudes, pour observer la pièce où on l’avait placé : un grand espace, couvert de carrelage blanc, dépourvut de décoration, ne contenant que le lit, dans un coin, contre deux des murs, et une petite table de chevet, un peu plus loin. Cyrié se leva et s’avança doucement vers la porte, au milieu de la paroi opposée à sa couche. Aucune fenêtre, aucune ouverture autour de lui. La lumière synthétique, trop blanche et trop forte à son goût, lui agressait les yeux, mais il sentait également l’effet que produisaient un grand nombre d’objets bénits, à proximité. Arrivé à un mètre de l’entrée, le vampire s’arrêta. Il resta un instant immobile, puis soupira, amusé, en baissant la tête, les yeux fermés, puis fit demi-tour, pour regagner le lit. Il s’assit dessus, un pied sur le bord du matelas, et s’adossa au mur.

— Hey, vous m’entendez ? appela-t-il mentalement, après s’être concentré quelques instants.
— Cyrié ?! lui répondirent psychiquement tous les vampires.
— Oui. Tout le monde va bien ?
— Fatigués, mais ça va, ils ne nous ont rien fait.
— C’est déjà ça…
— Alors c’est vrai ce que Kardè nous a dit ? demanda Spargas. Ils ont vraiment réussi à t’avoir toi aussi ?
— Je me suis laissé faire.
— Mais pourquoi ?!
— Je n’arrivais pas à retrouver votre trace, alors… Autant les laisser faire. Là, au moins, je sais où vous êtes, et ce sera beaucoup plus simple de nous faire sortir d’ici, plutôt que de continuer à vous chercher, entrer discrètement et essayer de vous faire sortir sans se faire repérer.
— Et comment tu comptes nous faire sortir ? interrogea Vick.
— Je ne sais pas encore, je viens de me réveiller… En tout cas, je comprends pourquoi je n’arrivais pas à vous retrouver vu la quantité d’eau bénite qu’il y a dans le coin.
— Il y en a partout. Ils en ont mis sur les portes, toutes les poignées sont bénies, et on dirait que les murs aussi y ont eu droit. Rien qu’en passant devant certains couloirs, c’est insupportable.
— Vous avez pu visiter un peu les lieux ?
— Non, juste le chemin qui va de nos chambres à l’espèce de salon où on est.
— D’accord… Il va falloir trouver la sortie… Vous avez déjà essayé quoi pour partir d’ici ?
— Pas grand-chose en fait… Dès qu’on fait quelque chose, ils nous tombent dessus et nous arrêtent.
— Il suffit de vous en débarrasser, plaisanta Cyrié.
— Facile à dire ! Ils nous ont laissé nos pouvoirs, mais on ne peut pas les utiliser.
— Comment ça ?
— Ils nous ont mis des espèces de collier autour du cou, et dès qu’on essaie de les utiliser, ça nous envoie des décharges.
— C’était ça alors que Kardè avait autour du cou…
— Tu n’en as pas toi ?
— Non.
— C’est bizarre…
— Oui… Ils doivent me préparer quelque chose…
— …
— Et vos dons ? Vous pouvez les utiliser ou ça fait pareil ?
— A vrai dire, on n’a même pas essayé... commença Spargas
— … On peut, coupa Lestat.
— Quoi ?! Parce que tu as essayé ?! s’exclamèrent les autres.
— Il fallait bien que quelqu’un tente le coup, non ?
— Et tu ne crois pas que tu aurais pu nous prévenir ?!
— Hey, on se calme ! les arrêta Cyrié. Lestat, tu dis que vous pouvez les utiliser sans problème alors ?
— Oui. J’ai manipulé le cœur d’un garde et ça ne m’a rien fait. Mais ils ont fini par se rendre compte qu’il se passait quelque chose de pas normal, donc ils nous ont envoyé des décharges à tous.
— Alors c’était à cause de toi quand ils l’ont fait sans raison ?!
— Oh, ça va, au moins j’aurai essayé. Et ça a marché !
— Ah oui, ça a marché : on y a tous eu droit !
— Oh ! les réprimanda une nouvelle fois leur chef. Au moins, on sait que les dons, ça marche…

    Soudain, des bruits de pas retentirent dans le couloir.

— Ah ? On dirait que j’ai de la visite…
— Fait attention.
— Ne vous inquiétez pas pour moi.
— Si, on s’inquiète ! Tu es le seul à pouvoir nous sortir d’ici !
— Je vous sortirai de là, assura Cyrié, souriant, seul dans sa chambre.

    Il coupa alors le lien qu’il avait établi avec ses congénères – qui ne relevait que de leur nature, et non pas de leurs pouvoirs ou leurs dons, ce qui expliquait qu’il n’y ait eu aucun effet non désiré. La porte s’ouvrit sur deux chasseurs de primes, lourdement armés, et un homme, en blouse blanche. Le vampire n’eut aucun mal à repérer les nombreux autres gardes, derrière eux. Etrangement, tous portaient le même collier métallique que Kardè. Le Leader estima donc qu’il ne valait mieux pas recourir à ses pouvoirs contre eux : si les colliers repéraient l’utilisation des pouvoirs de ses amis, ils devaient sans aucun doute déceler également leur activité à l’encontre de leur porteur.

— Bonsoir Cyrié, le salua l’homme en blouse blanche.
— Qu’est-ce que vous nous voulez ?
— Tu vas droit au but, j’aime ça.
— …
— On veut juste en apprendre un peu plus sur les vampires.
— Et tu crois sérieusement que je vais répondre bien sagement à tes questions ? railla le vampire.
— Il vaudrait mieux.
— Une menace…? résuma Cyrié, subitement beaucoup moins souriant.
— Oh non, je sais très bien à quel point ça peut être dangereux de te menacer. Plutôt un avertissement.
— Et si je refuse ?
— Montrez-lui, lança son interlocuteur, la tête légèrement en l’air.

    Soudain, l’immortel sursauta en tournant la tête sur le côté. Il avait entendu les cris des ses amis et sa position de Leader lui fit ressentir une partie des douloureuses décharges électriques qu’ils subissaient. L’homme en blouse était ravi d’observer cette réaction. Le courant, ainsi que l’appel à l’aide silencieux des vampires cessèrent au bout des quelques secondes. Cyrié accorda à nouveau son attention à leur tortionnaire. Il le fusillait du regarde dans un mélange de rage, de haine, mais également de crainte : tant qu’il n’aurait pas trouvé comment contourner cet effet, il ne pourrait pas s’en prendre à lui.

— On y va ? l’invita le supposé médecin d’un air supérieur.

    Il savait que, tant que les colliers seraient actifs, il n’avait aucune crainte à avoir venant du buveur de sang. Ce dernier se sentait piégé et avait horreur de cela.
    Le vampire avait cédé et suivait à présent les chasseurs de primes dans les couloirs. Cette promenade lui permit d’observer que les murs, en béton et d’une trentaine de centimètres d’épaisseur, seraient certainement difficiles à traverser. C’était à la portée des immortels, mais il ignorait leur réel état de santé et les objets sacrés très présents compliqueraient les choses. Assez rapidement, ses gardes s’arrêtèrent et lui ouvrirent une porte. Comme celle de sa cellule, les battants avaient été doublés. Probablement pour une question de sécurité ? Devoir traverser deux portes couvertes d’eau bénite ralentirait suffisamment les vampires pour que les gardes aient le temps d’arriver. La pièce dans laquelle Cyrié pénétra était tout aussi blanche que le reste de l’édifice, et elle aussi entièrement recouverte de carrelage. Sur le mur, à la gauche de l’entrée, il put constater la présence, à plusieurs mètres de haut, d’une grande baie vitrée qui couvrait toute la largeur de la paroi. Derrière celle-ci, le buveur de sang put voir et entendre d’autres hommes en blouse blanche ainsi que des consoles et des écrans. On obligea le vampire à avancer vers le seul objet présent dans la pièce, contre le mur : un fauteuil en métal, muni de larges accoudoirs. L’homme qui s’était adressé à Cyrié avait rejoint ses collègues derrière la vitre d’observation et lui parlait à présent grâce à un micro.

— Assieds-toi.

    L’immortel lui jeta un nouveau regard noir, puis s’exécuta. Les chasseurs de primes qui l’accompagnaient se saisirent de ses bras et les placèrent sur les accoudoirs. Immédiatement, des attaches métalliques surgirent de la chaise et lui retinrent les poignets ainsi que les chevilles. Deux de ses gardes obligèrent le vampire à s’appuyer contre le dossier. Des nouveaux liens apparurent et lui maintinrent la tête. Par réflexe, il tenta de se dégager, mais abandonna rapidement l’idée. S’il ne coopérait pas, ses amis en souffriraient. Un large masque métallique vint se placer devant ses yeux et obstrua tout son champ de vision.
    En un instant, Cyrié se retrouva à l’extérieur, dans un espace vide, bordé, d’un côté, d’immeubles, et de l’autre, de quelques arbres. Plus de chasseurs de primes, plus d’hommes en blouse blanche, plus de chaise ; rien de la nuit, et, dans sa main droite, son sabre. Il observa un peu son bras armé, puis les alentours. Mais qu’avaient prévu ses ravisseurs ? Soudain, une voix, qu’il détestait déjà, résonna :

— Montre-nous ce que tu sais faire.

    Le simple fait de l’entendre raviva la colère du vampire. Brusquement, des chasseurs de primes apparurent tout autour de lui. Il était encerclé. Les intentions de ses geôliers se firent beaucoup plus claires : ils voulaient qu’il se batte, certainement pour en apprendre plus sur ses techniques de combat et ses capacités. Les ennemis du buveur de sang se jetèrent sur lui sans attendre et l’affrontement commença. Les coups pleuvaient de toute part, à une vitesse incroyable. Cyrié esquivait, parait et ripostait sans aucun problème, mais en faisait le moins possible. Il ne voulait surtout pas faciliter le travail des chasseurs de primes. Subitement, un nouveau coup s’abattit sur lui, sans qu’il ne parvienne à l’esquiver totalement, et la lame de son agresseur lui entailla la pommette. Le vampire réussit à s’éloigner de ses assaillants, et toucher sa blessure du bout des doigts. Quelque chose lui paraissait étrange avec cette coupure, mais il n’arrivait pas à comprendre quoi.

— Ah, oui, j’ai oublié de te prévenir, retentit à nouveau la voix. Toutes les blessures que tu auras ici, tu les auras aussi en réalité.

    Cyrié s’énerva encore. Décidément, cet homme cherchait les ennuis. Mais dans sa colère, une idée lui vint pour tourner la situation à son avantage. Les chasseurs de primes l’attaquèrent à nouveau, mais cette fois, le vampire ne tenta pas de se défendre. Il lâcha son arme et écarta les bras, les yeux fermés. A l’instant où il aurait dû ressentir les coups, tout s’arrêta. Il se retrouva à nouveau attaché sur le fauteuil, dans la pièce couverte de carrelage blanc. Le masque qui se trouvait devant son visage quelques instants auparavant s’était quelque peu éloigné. On ne lui avait pas menti, l’entaille qui lui avait été provoquée était bel et bien présente sur le haut de sa joue. Le buveur de sang était ravi de constater que les choses s’étaient déroulées telles qu’il l’avait imaginé. Les chasseurs de primes avaient besoin de le garder en bonne santé pour l’observer, ils ne l’auraient jamais laissé se faire tuer ou blesser trop gravement.

— Ne recommence pas ça !

    Puis le masque revint se placer devant les yeux du vampire et les événements reprirent de plus belle.

    Durant les semaines qui suivirent, Cyrié fut obligé de se plier aux volontés et aux expériences des chasseurs de primes qui le faisaient combattre encore, encore et encore. Cela l’agaçait au plus haut point de servir de cobaye et qu’on retourne ses liens avec ses congénères contre lui. Un soir, il refusa de s’installer :

— Laissez-moi passer un peu de temps avec les autres.
— Non.
— Ca fait des semaines que je fais ce que tu veux, tu pourrais au moins m’accorder ça !
— Des semaines oui, où tu te contentes de faire le strict minimum. Tu te fiches de nous, je ne vais quand même pas te récompenser pour ça !
— Tu passes ton temps à me faire du chantage, tu n’espères pas sérieusement que je vais coopérer !
— … Ok, si c’est une motivation qu’il te faut, tu vas l’avoir : si ce coup-ci, tu te donnes à fond, on te laissera passer du temps avec eux.
— Et qu’est-ce qui me prouve que tu tiendras ta parole ?
— C’est ça ou rien.
— …

    Encore un nouveau chantage… Cyrié n’appréciait pas ça, mais comme son interlocuteur le lui avait fait remarquer, il n’avait pas le choix, s’il voulait revoir ses amis, il devait collaborer. A contrecœur, le vampire s’assit, et la nouvelle simulation commença. Contrairement aux autres fois, les chasseurs de primes qu’on le faisait affronter n’étaient pas seuls, deux dragons avaient été ajoutés pour leur prêter main forte. Ceux qui observaient les réactions de l’immortel comptaient bien profiter de son envie d’être avec les siens. Il se débarrassa des hommes en un clin d’œil, mais hésitait encore à montrer l’étendue de ses capacités. Avant de prendre une décision, il dût esquiver les assauts répétés des créatures. Finalement, son inquiétude pour ses semblables qui lui manquaient terriblement fut la plus forte. C’est à cet instant que l’un des dragons lui cracha une salve d’énergie. Le vampire ne tenta pas de l’éviter, bien au contraire : il demeura sur place, sans bouger, les yeux fermés. Le deuxième animal imita le premier. Cyrié, lui, ne réagit pas d’avantage face à ce nouveau rayon de magie pure. Depuis leur centre de contrôle, les chasseurs de primes en blouse observaient, ahuris, leurs écrans. Les fonctions vitales du vampire ne semblaient pas s’affaiblir, comme ce à quoi ils se seraient attendus. Ils constataient, abasourdis, qu’une grande quantité de magie se concentrait en lui, et en particulier au niveau de ses poignets. Soudain, il rouvrit les yeux, et renvoya toute l’énergie qu’il avait emmagasinée sur ses propriétaires. Les dragons ne supportèrent pas de subir une salve de magie aussi puissante, et ils s’écroulèrent tous les deux, inconscients et incapables d’agir pour un bon moment. Ils disparurent et le buveur de sang resta là, à secouer la tête. Il s’en voulait terriblement d’avoir fait cette démonstration, mais, si les chasseurs de primes tenaient leur parole, il pourrait enfin revoir ses amis. La simulation s’arrêta. Cette fois, il ne prit pas la peine de lever les yeux vers la salle de contrôle, au-dessus de lui, mais resta la tête basse, renfrogné. On le détacha et le fit quitter la pièce. Les couloirs que le vampire arpentait à présent ne lui étaient pas familiers. Les gardes qui l’accompagnaient lui ouvrirent l’accès à une nouvelle salle. Il entra, seul.
    A l’intérieur, Cyrié fut ravi de constater que les chasseurs de primes avaient tenu leur parole. Tous ses congénères étaient là, devant lui. Vick et Lucrécia se jetèrent dans ses bras, soulagées de le revoir. Le Leader leur rendit leur étreinte, lui aussi, heureux d’être en leur présence.

— Salut les filles.
— Ca fait du bien de te revoir, le salua chaleureusement Lucrécia.
— A moi aussi ça fait du bien.

    Lorsqu’elles s’écartèrent légèrement de lui, les autres vampires approchèrent. Tous voulaient lui manifester leur affection. Après ces retrouvailles affectueuses, les immortels s’installèrent sur les canapés qui avaient été mis à leur disposition. Deux d’entre eux, pouvant accueillir trois personnes chacun, se faisaient face au milieu de la pièce, ainsi qu’un fauteuil, placé entre eux, légèrement en retrait, juste à l’opposé de l’entrée. Ces trois meublent entouraient une petite table basse, composée d’un plateau en verre posé sur un cadre très simple, rectangulaire, en métal noir et fin, se terminant à la vertical, et formant ainsi les pieds de l’objet. A part cela, la pièce était vide et entièrement blanche, comme tout ce qui se trouvait dans ce lieu, avec, le long de l’un des murs, un grand miroir, certainement sans teint. Cyrié s’assit sur l’un des canapés, Vick à sa gauche, Lucrécia à sa droite, la main dans celle de Spargas, à côté d’elle. Lestat, Clayde et Lucian s’installèrent en face d’eux, et Kardè dans le fauteuil. Le Leader passa le bras autour des épaules de la plus jeune des deux femmes.

— Ils ne t’ont pas mis de collier ? fit remarquer Lucian.
— Non, ils veulent que j’utilise mes pouvoirs.
— Quoi ?!
— Ils me font faire des simulations, surtout de combats. Ils veulent en apprendre plus sur nous et nos façons de faire, mais il est hors de question que je leur donne de nouvelles armes contre nous !
— Pourquoi tu ne refuses pas ?
— Chantage. Si jamais je refuse, ils vous envoient des décharges jusqu’à ce que j'accepte.
— Ah ? C’est pour ça qu’on s’en est pris une, sans raison, le soir où tu es arrivé ?
— Oui… souffla Cyrié en culpabilisant.

    Un court silence s’installa, brisé par Clayde, presque implorant :

— Tu vas nous sortir de là, hein ?
— Oui. J’ai juste besoin d’encore un peu de temps pour en apprendre plus sur là où on est, et trouver un moyen de contourner les effets des colliers, mais je vous promets qu’on sortira d’ici.
— Si quelqu’un peut y arriver, c’est bien toi, songea Clayde, à voix haute.
— Tu ne me mets pas du tout la pression là, plaisanta son Leader.

    Cette petite remarque eut le mérite d’amuser toute l’assemblée. Cela leur fit beaucoup de bien après ces longues semaines si moroses. Tous se plongèrent dans leurs pensées. Plusieurs réfléchissaient à un moyen d’évoluer à leur guise dans les couloirs. En effet, ceux qu’ils étaient autorisés à emprunter avaient tout de même été bénis et légèrement couvert d’eau bénite, mais les autres, eux, en avait été totalement enduits, si bien qu’aucun vampire ne pouvait y circuler.

— Ils ont quand même bien préparé leur coup… constata Lucian.
— Oui… Ca doit faire des années qu’ils sont dessus…

    Le silence commença à nouveau à s’installer, quand la porte s’ouvrit sur un chasseur de primes :

— Cyrié, tu reviens avec nous.
— Ce n’est pas ce qu’on avait dit.
— Tu disais que tu voulais passer un peu de temps avec eux, maintenant que c’est fait, alors tu y retournes.
— Si tu veux que je vienne, viens me chercher, provoqua le vampire.

    Les deux hommes se jaugèrent du regard. L’intrus n’avait pas l’intention de se laisser intimider par l’immortel. Il finit par s’avancer au milieu des buveurs de sang, prêt à dégainer son arme, et se dressa devant Cyrié, toujours aussi énervé par l’attitude de ses ravisseurs.

— Tu te lèves !
— Non.

    Silencieusement, le Leader demanda à ses congénères de se tenir prêts à agir. Tous lui répondirent par l’affirmative. Ils ne supportaient pas d’être enfermés et étaient donc disposés à tout tenter pour s’échapper. Le chasseur de primes ne détourna pas les yeux de celui qu’il était venu chercher, mais il hésitait à passer à l’action. Il représentait tout de même l’un des plus grands dangers jamais connus. C’est à cet instant qu’il eut le geste que le vampire attendait : sa main se resserra autour de son arme, signe qu’il allait s’en servir, mais il n’en eut pas le temps. En un instant, Cyrié se leva, se faufila derrière lui, lui attrapant la gorge au passage, et lui brisa la colonne vertébrale d’un coup de coude. Les autres chasseurs de primes, qui étaient restés sur le pas de la porte, se jetèrent sur lui, mais se heurtèrent aux vampires. Immédiatement, les colliers qu’on leur avait imposés s’activèrent, mais ça ne fit que les ralentir dans leurs mouvements – ils n’avaient pas l’intention de laisser passer une si belle occasion. L’affrontement tourna vite à l’avantage des buveurs de sang. Les renforts arrivèrent très rapidement pour tenter de les maîtriser, ce qui n’allait pas être évident. Pour être sûrs d’y parvenir, ils firent apparaître de grandes croix le long du mur, à côté de la porte que Cyrié était sur le point de franchir. Soudain, tous les vampires ne purent pas continuer le combat : l’effet de ces objets sacrés, conjugué à celui de l’eau bénite omniprésente, fit qu’ils ne supportèrent plus les décharges que les colliers leur délivraient. Leur chef, quant à lui, se crispa douloureusement et tenta de s’écarter. Ce réflexe le fit baisser temporairement sa garde, ce qui n’échappa pas à l’un des chasseurs de primes qui le plaqua au sol. Malheureusement, il avait agit sans tenir compte de la table basse, sur la trajectoire de sa chute. Un son de verre brisé retentit, et tout s’arrêta. Les croix disparurent, et les vampires s’immobilisèrent, anéantis. Dans sa chute, la nuque de Cyrié avait violemment heurté le cadre en métal de la table basse, ce qui, favorisé par les éléments sacrés, lui avait fait perdre connaissance. Le combat était à présent fini, et ils avaient perdu cette bataille.

    Le lendemain, l’aîné des vampires se réveilla sur son lit. Il remarqua immédiatement la minerve rigide qu’on avait attachée autour de son cou, et les liens qui le retenaient contre le matelas. Il ne tenta pas de se dégager, son attention s’était portée sur une autre chose présente dans la pièce : un cœur battant non loin de lui. Le buveur de sang tourna les yeux sur le côté, et, à son plus grand déplaisir, vit l’homme en blouse blanche qui le harcelait depuis son arrivée. Ce dernier approcha, l’air mécontent et supérieur.

— Bonsoir, le salua-t-il.

    Cyrié fulminait intérieurement, mais garda le silence en fusillant son visiteur du regard.

— Tu croyais vraiment que ce serait aussi facile de sortir d’ici ? Je pensais que tu étais plus intelligent que ça… Je peux t’assurer que tu ne tiendras jamais la promesse que tu as faite à tes amis : vous êtes ici et vous y resterez !
— Ca, ça reste à prouver.

    Cette remarque sonnait à la fois comme une menace et un avertissement. Autant d’assurance de la part de quelqu’un si étroitement attaché fit doucement sourire le supposé médecin. Le vampire détesta cette attitude malsaine. Son interlocuteur approcha encore un peu, se retrouvant à quelques dizaines de centimètres de l’immortel. Discrètement – du moins, c’était ce qu’il croyait – l’homme passa la main sous la minerve de son otage.

— Quoiqu’il en soit, je n’apprécie pas du tout que vous ayez essayé de vous échapper…

    Soudain, Cyrié serra les dents et les yeux, le visage crispé. Le mortel faisait agir ses pouvoirs pour déplacer doucement les vertèbres du vampire qui avaient heurté le cadre métallique, ce qui, à ce moment-là, les avait déjà déboîtées.

— Ca, c’est juste un avertissement. Si vous essayez encore, je vous le ferai amèrement regretter, souffla l’homme en blouse, rageux.

    Puis il retira sa main, observa le buveur de sang qui reprenait son souffle, toujours douloureux, et parti. Après qu’il ait quitté la pièce, les liens qui retenaient Cyrié disparurent. Sans perdre de temps, ce dernier retira sa minerve, la jeta loin de lui, et s’assit en travers du lit, adossé au mur, un pied au bord du matelas, et se tint la nuque en la massant légèrement.
    Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit à nouveau, mais cette fois, ce fut Vick qui la franchit. Elle sembla d’abord un peu perdue, elle ne savait pas ni où on l’avait conduit, ni pourquoi, mais dès qu’elle vit Cyrié, elle fut soulagée et le rejoignit. Il vit tout de suite les traces de brûlures que les décharges électriques lui avaient causées.

— Vick ? Qu’est-ce que tu fais là ?
— Je n’en sais rien, ils ne m’ont rien dit.

    La vampire ne put s’empêcher de remarquer le geste de son congénère.

— Ca va ta nuque ?
— Pas vraiment.
— … Tu veux que je te masse un peu ?
— … Je veux bien oui.

    L’aîné avait hésité à répondre en pensant à la réaction qu’il risquait d’avoir lorsque son amie le toucherait. Il s’avança pour s’asseoir au bord du matelas. Vick, quant à elle, s’agenouilla derrière lui et approcha lentement les mains du cou de son Leader. Lorsqu’il sentit leur contact, l’homme se crispa.

— Doucement ! la conjura-t-il, les dents serrées.
— Oh, excuse-moi.
— Pas grave.
— C’est mieux là ? s’inquiéta la femme après avoir diminué la pression qu’elle exerçait sur ses vertèbres.
— Oui, merci.
— … Mais ça m’étonne, je pensais que tu serais plus remis que ça ?
— C’était le cas… Mais ils ont voulu me donner une petite leçon et me faire passer l’envie de recommencer.
— Sympa…

    Un tel comportement n’était pas étonnant venant de chasseurs de primes, mais exaspérait les vampires.

— … Désolé que ça ait raté… Pourtant, c'était courut d'avance qu’une sortie en force, ça ne marcherait jamais ! Il faut être beaucoup plus subtil avec eux…
— Tu n’as pas à t’excuser, tu as tenté le coup au moins, et on était tous partants. Ca faisait longtemps que nous, on avait laissé tomber…
— Vu le résultat, ce n’était peut-être pas une mauvaise idée…
— Ne dis pas ça. Ca nous à redonné un peu d’espoir, ça faisait un moment qu’on n’en avait plus… Par contre, reprit-elle plus gaiement, si tu as d’autres idées dans ce genre, si tu sens que ça va mal tourner, suis ton instinct, et ne tente pas le coup.

    Tous les deux rirent doucement.

— Suivre mon instinct… répéta le Leader, un peu pour lui-même, à moitié perdu dans ses pensées.

    Pendant que sa congénère lui massait la nuque, Cyrié eut énormément de mal à se détendre. En plus de la douleur, il devait lutter contre ses instincts qui lui dictaient de l’attaquer. Les immortels restèrent ainsi, silencieux, durant plus d’une demi-heure, après quoi l’aîné reprit :

— C’est bon, tu peux arrêter.

    Vick s’exécuta et se glissa légèrement sur sa gauche. Le convalescent plaça à nouveau une main sur son cou endolori et inclina doucement la tête d’un côté et de l’autre.

— Ca va mieux ?
— Beaucoup mieux, oui. Merci.

    Cyrié se recula à nouveau pour s’adosser au mur. Son amie l’imita et se blottit confortablement contre lui. Il écarta le bras, le passa autour d’elle et l’observa quelques instants.

— Tu as mauvaise mine, ça va toi ?
— Oui, oui, ça va… C’est juste que… Ca fait un moment que je ne me suis pas nourrie…
— C’était quand la dernière fois ?
— Une semaine avant qu’on m’emmène ici.
— C’est vrai que tu étais dans les premières à arriver ici… se remémora le Leader. Donc ça fait quoi ? A peu près six mois que tu n’as rien avalé ?
— A peu près oui, regretta la vampire. Ils nous ont donné des poches de sang, mais personne n’en a pris ; qui sait ce qu’ils auraient pu mettre dedans…
— Vous avez bien fait.

    Il réfléchit un peu, puis mit délicatement la main contre la joue de sa congénère et l’attira jusqu’à sa gorge, la tête légèrement sur le côté. Surprise, Vick se dégagea :

— Mais qu’est-ce que tu fais ?
— Tu en as plus besoin que moi.
— Arrête, il faut que tu restes en forme pour nous sortir d’ici !
— Ce ne sont pas les quelques gorgées que tu vas me prendre qui vont me mettre hors circuit, la rassura Cyrié, souriant.
— … Tu es sûr ? s’inquiéta la femme, tiraillée.
— Mais oui, vas-y.

    Elle hésita encore, puis se plaça de façon à être le plus à son aise possible pour se nourrir : elle se mit à genoux, une jambe entre celles de son ami, la main droite sur son épaule, l’autre, juste à côté de lui. La vampire s’approcha doucement, et s’arrêta lorsque son visage arriva à quelques centimètres de la gorge de son Leader.

— Vas-y franchement si tu veux arriver jusqu’à la veine, l’encouragea l’ainé.

    Vick expira fortement et acheva son geste. Cyrié, lui, pencha la tête sur le côté afin de dégager sa gorge. Lorsque les crocs pénétrèrent sa chair, il sursauta et se retint de la repousser violemment. Il respira profondément pour retrouver son calme, rouvrit doucement son poing serré, et baissa lentement le bras qu’il avait levé, par réflexe, pour se dégager. Durant les quelques instants qui suivirent, le temps sembla comme s’arrêter. Seul le bruit du sang que la vampire avalait se faisait entendre. Après deux grosses gorgées, Vick s’arrêta et laissa retomber sa tête contre l’épaule de son ami, les yeux fermés, la respiration forte. Tous ses muscles semblaient s’être relâchés.

— Ca va mieux ? interrogea Cyrié, doucement.
— J’ai la tête qui tourne…
— Mon sang est un peu trop puissant pour toi.
— Oui…

    La femme rouvrit les yeux, groggy, et remarqua que les traces laissées pas sa morsure avaient déjà totalement disparues. Le Leader la regarda, attendri, puis l’installa un peu plus confortablement. Il passa un bras autour de ses épaules et l’étreignit contre lui, pendant que, de l’autre main, il faisait passer ses jambes en travers des siennes. Vick appuya la tête contre son torse, Cyrié posa la joue sur ses cheveux. Ils restèrent silencieux quelques instants.

— On a vraiment de la chance de t’avoir, le remercia la vampire.
— Ca, je n’en suis pas si sûr…
— Tous n’auraient pas fait ça.

    Par ce sous-entendu, elle voulait faire référence aux autres Leader, qui n’auraient pas proposé leur sang à l’un de leurs sujets. Son congénère avait très bien saisit l’allusion.

— Il y en a avec qui vous ne seriez même pas là…
— Et il y en a d’autres qui n’en auraient rien à faire.
— Mmh… marmonna l’aîné en haussant les sourcils.

    Il se sentait terriblement coupable. Il se considérait comme étant responsable d’eux, leur présence dans ce lieu était donc entièrement de sa faute. Il s’en voulait d’avoir laissé les choses se passer ainsi sans agir d’avantage.

— Ne sois pas aussi sévère avec toi-même.
— Facile à dire, c’est quand même à cause de moi qu’on en est là.
— De toute façon, quoi que je dise, je ne te ferai pas changer d’avis. Tu as toujours été comme ça.
— Oui, admit Cyrié en souriant.

    Ils plongèrent à nouveau dans leurs pensées.

— Tu en as connu beaucoup toi.
— Un certain nombre. Des bons et des moins bons.
— Il y en a un qui t’a plus marqué que les autres ?
— Oui, l’un des premiers. Il est arrivé pas longtemps après que mon maître se soit fait tuer – sous-entendu, arrivé au pouvoir, donc à la position de Leader – c’était un ami à lui … Il était vraiment génial !... Il m’aimait bien. Par contre, à ce moment-là, j’avais déjà commencé les meurtres en série, et ça, il aimait beaucoup moins. Il me donnait des quotas mensuels à ne pas dépasser, mais je n’ai jamais réussi à m’y tenir, donc il me réprimandait.
— Comment ?
— Oh, les trucs classiques : casser les crocs, étreinte psychique, cardiaque… Il trouvait d’autres idées, mais c’était ça qui revenait le plus souvent.

    Visiblement, parler de ces souvenirs égayait Cyrié. Il souriait, les yeux tournés vers le passé.

— Et ben ! Heureusement qu’il t’aimait bien, qu’est-ce que ça aurait donné sinon ?! plaisanta Vick.
— Oui, rit son congénère. Il avait tendance à être très sévère quand il punissait, mais toujours juste, à l’écoute, généreux… Il n’aimait pas nous obliger à obéir… Il était super…
— Un peu comme toi.

    Cette simple petite phrase parut ramener son Leader à la réalité. Il tourna la tête vers elle, l’air surpris.

— Tu trouves ?
— Oui ! Toi non plus, tu n’aimes pas utiliser ton rang pour nous obliger à faire quelque chose, mais on sait qu’il vaut mieux faire ce que tu dis. S’il y a quoi que ce soit, on sait que tu es là, tu t’inquiètes toujours pour nous… Plus que pour toi d’ailleurs, ça, on aime déjà beaucoup moins, le taquina-t-elle.
— Je sais, mais qu’est-ce que tu veux ? Je suis comme ça.
— Oui… Déjà avant de le devenir, tu faisais ça.
— En tout cas, merci. C’était le plus beau compliment que tu pouvais me faire.
— Je le pense vraiment.

    Pour la remercier, il la serra un peu plus contre lui.

— Il y en a beaucoup qui t’ont fait des remarques sur le nombre de personnes que tu tuais ?
— Oh, certains… Il y en avait un qui m’avait dit d’arrêter, mais pas parce qu’il ne voulait pas que je tue, parce que, du coup, on entendait plus parler de moi que de lui.
— Quoi ? Mais c’est ridicule : plus on entend parler d’un vampire, plus il est en danger.
— Oui !… Il n’a pas fait long feu lui…
— Tu m’étonnes… Hey, mais au fait, reprit-elle quelques instants plus tard, tu l’as connu, toi,  Evanora !
— Ah… Oui, grommela Cyrié en détournant la tête, moins ravi de parler d’elle que du précédent Leader.
— Mauvais souvenir ? rit la vampire.
— Elle était complètement cinglée ! sourit son ami.
— Il parait qu’elle était toujours entourée des vampires les plus beaux ?
— De ceux qu’elle trouvait les plus séduisants, oui. C’était sa « collection » comme elle disait… Pfeuh, une bande de pantins qui ne vivaient que pour la servir et lui obéir au doigt et à l’œil. Tant qu’elle ne leur donnait pas d’ordre, ils restaient là, à ne rien faire, à attendre qu’elle le fasse. A force, ils ont même arrêté de penser par eux-mêmes, du coup, quand elle s’est faite tuer, ils étaient complètement perdus, ils ne savaient plus quoi faire, et ils se sont tous faits massacrer en même temps qu’elle… Quel gâchis !
— Oui, soupira Vick.
— Heureusement pour Lucian, elle ne s’intéressait pas aux jeunes vampires, parce que c’était complètement son style. A quelques dizaines d’années près, tu peux être sûre qu’elle aurait essayé de l’avoir.
— Et toi, elle a essayé ? Tu étais plutôt pas mal quand tu avais encore tes deux yeux bleus, et pas cette cicatrice et cette mèche blanche, fit remarquer la femme, un peu pour elle-même.
— Parce que maintenant, ce n'est plus le cas ?
— C’est… Ce n’est pas ce que je voulais dire ! se rattrapa Vick, affolée.

    Devant cette réaction, Cyrié éclata de rire. Il se sentait proche d’elle, l’aimait beaucoup et adorait la taquiner. En constatant qu’il se moquait une nouvelle fois d’elle, la vampire lui porta gentiment une petite frappe et se mit également à rire de bon cœur.

— Mais pour te répondre, oui, elle a essayé, mais j’ai toujours refusé, je tenais trop à ma liberté. Mais le problème, c’est qu’elle n’était pas habituée à ce qu’on lui dise non, donc, plus je refusais, plus je devenais attirant pour elle, donc plus elle insistait.
— C’est un cercle vicieux ça.
— Oui. Mais sur la fin, ça finissait par en devenir dangereux. Si elle ne s’était pas faite tuer, je crois que c’est moi qui aurais fini par y rester. Apparemment, au bout d’un moment, j’ai fini par devenir une sorte d'idée fixe pour elle. C’est moi qu’elle voulait, et personne d’autre. Alors, elle continuait à en ajouter à sa « collection », mais ce n’était plus pareil, l’envie n’y était plus…
— Elle aurait pu t’obliger à accepter.
— Non. Ce qui lui plaisait, c’était qu’on la désire. Si elle m’avait obligé, ça aurait perdu tout son intérêt.
— C’est vrai…

    Puis, les deux amis se turent à nouveau, plongés dans leurs souvenirs.

— Tu vas nous sortir d'ici, hein ? voulut se rassurer Vick.
— Oui. Je ne sais pas encore quand, mais je te le promets, on va tous sortir d'ici.
— Je te fais confiance.
— ... Qu'est-ce qui te manque le plus ?
— Tu ne te moques pas de moi.
— Mais non.
— ... Les étoiles.
— Ah oui ? Poétique.
— Et toi ?
— Le vent. C'est le symbole de la liberté pour moi. On ne peut pas l'arrêter.
— Ca te ressemble bien, sourit la vampire.

    Les amis rirent doucement. A cet instant, la porte s'ouvrit, et deux gardes entrèrent, lourdement armés. Vick se crispa contre Cyrié, dont la bonne humeur se transforma en colère. Ils savaient très bien ce qui avait amené les chasseurs de primes.

— Tu viens avec nous, ordonnèrent-ils à la femme.
— Elle n'ira nulle part, menaça l'aîné.

    Dans le couloir, plusieurs minutes s'écoulèrent avant que les autres gardes ne décident à agir. Leurs collègues n'étaient toujours pas sortis de la pièce, ce qui commençait à devenir étrange. Avec la plus grande précaution, ils ouvrirent la porte, l'arme à la main. A peine celle-ci fut entrouverte, qu'ils firent face à une vision d'horreur. Contre le mur reposaient les cadavres de leurs collègues. Leur visage était tordu par la terreur, les yeux exorbités, le teint livide. C'est alors qu'un bruit attira l'attention du garde : Cyrié, assis sur le lit, et Vick, toujours aussi confortablement installée dans ses bras, ricanaient. Le Leader affichait un air victorieux devant l'effroi du garde. Ce dernier, sentant la panique le gagner, recula et referma la porte. Les deux vampires échangèrent un regard, puis se mirent à rire, fiers de l'effet qu'ils avaient produit.
    Ils furent à nouveau tranquilles durant un moment, puis ils eurent à nouveau de la visite. L'homme en blouse blanche que Cyrié haïssait tant entra, fou de rage. Il vit les cadavres, eut un léger sursaut, puis fusilla le vampire du regard. Ce dernier haussa des sourcils tout en souriant, comme pour le narguer. Le mortel souffla pour montrer son mécontentement, puis lança:

— Vous venez !
— Où ça ? grinça le Leader.
— Tu poses encore la question ? s'agaça le médecin. Tu as du boulot.
— Et elle ?
— Elle vient avec toi.

    Cyrié sentait que ses geôliers préparaient un mauvais coup, mais en l'état actuel des choses, il ne pouvait rien y faire. A contrecœur et la mine renfrognée, il adressa un léger signe de tête à Vick pour lui signifier qu'ils allaient suivre les chasseurs de primes. Ils se levèrent et les rejoignirent. Les vampires et leurs gardes arpentèrent les couloirs, jusqu'à arriver devant une porte que Cyrié commençait à bien connaître : celle de la salle de simulation. Il n'aimait pas ce que cela présageait. On les fit entrer. L'immortel retint sa rage lorsqu'il vit un deuxième siège à côté de celui qu'il était forcé d'utiliser presque quotidiennement.

— Tu ne comptes pas lui faire ça ?! lança-t-il vers la baie vitrée.
— Et pourquoi pas ? Après tout, c'est toi qui ne voulait pas qu'on vous sépare, et il est hors de question qu'on perde toute une nuit de boulot à cause de tes petits caprices, alors maintenant, assume. Et puis... Une simulation en double, ça nous permettra d'en apprendre un peu plus sur vous. Elle va garder son collier, donc peut-être que ça te poussera à nous montrer ce que tu sais faire.

    Cyrié fulminait intérieurement, mais se garda bien de faire la moindre remarque. Les deux vampires s'avancèrent et s'assirent. L'aîné rassura son amie d'un regard, puis changea totalement d'expression pour lancer une dernière œillade noire à ses observateurs. Les casques se mirent en place, puis la simulation commença.
    Les deux immortels se retrouvèrent dans une zone ouverte, bordée d'un côté par des immeubles, et de l'autre, par quelques arbres. A son grand déplaisir, le plus âgé constata que sa congénère, contrairement à lui, n'était pas armée.

— Oh ! Et elle, elle n'a pas d'arme ?! hurla-t-il en l'air.
— On n'avait pas les données pour ça, répondit la voix de l'homme en blouse.

    Le vampire souffla profondément pour tenter de maîtriser sa colère, puis tendit son katana à Vick.

— Et toi ? s'inquiéta-t-elle.
— Ne t'en fait pas pour moi, je me débrouillerai. Mais surtout, fait attention, si tu es blessée ici, tu le seras en réalité.

    La femme hésita un instant, mais prit tout de même le sabre. A cet instant, des dizaines de chasseurs de primes apparurent et le combat s'engagea. La vampire n'avait pas l'habitude de se battre avec l'arme de son ami, mais elle la mania toute de même avec une grande dextérité. Cyrié, lui, affrontait ses assaillants à coups de poing et de griffes. Les immortels remportèrent le combat. Ils échangèrent alors un regard, soulagés. Les deux amis s'approchèrent l'un de l'autre, mais quelque chose dans l'expression tendue du Leader intrigua sa cadette :

— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Ce n'est pas encore fini...
— Quoi ? Mais on les a tous battu.
— Oui, mais ils ne nous ont pas encore renvoyés, c'est qu'ils nous préparent encore quelque chose...

    Cyrié se tourna vers les arbres pour observer les alentours. Si d'autres chasseurs de primes devaient arriver, il soupçonnait qu'ils arriveraient par ces environs dégagés plutôt que par les habitations. Soudain, Vick étouffa un cri, et le katana de Cyrié tomba au sol. Le Leader se retourna et découvrit ce qu'il venait de se passer : en une fraction de seconde, des liens s'étaient jetés sur sa congénère et la retenaient à présent sur une grande croix en bois, sur le toit de l'un des immeubles. Elle tenta de les faire céder, mais ils s'enlacèrent encore plus étroitement autour de ses poignets. L'aîné se saisit de son arme et vola au secours de son amie. D'un coup de lame, il coupa le premier lien, mais ce dernier se reconstitua immédiatement.

— Bon, souffla-t-il, déterminé.

    Il se glissa dans le dos de Vick, entre elle et la croix, les deux pieds appuyés contre le montant, glissa ses mains les longs des bras de la vampire, jusqu'à se retrouver entravé à son tour. Il échangea la place de ses mains avec celles de sa congénère, pour être lui-même au plus proche des liens.

— Prête ? lui chuchota-t-il.
— Oui.

    Vick lui tint les poignets afin de pouvoir suivre ses mouvements. Cyrié rassembla ses forces pour tirer sur les chaînes. Plus il exerçait de pression, plus elles semblaient se resserrer. Le vampire n'avait pas l'intention de s'avouer vaincu aussi facilement. Il insista encore sur les liens qui finirent enfin par céder. Le Leader entoura Vick de ses bras et s'appuya contre le montant de la croix pour les en éloigner. Ils chutèrent et se posèrent dans un atterrissage parfait. A l'instant même où leurs pieds touchèrent le sol, de nouveaux chasseurs de primes surgirent. Les immortels eurent tout juste le temps de les esquiver. Malgré leur vitesse surhumaine, ils étaient dépassés par le nombre et n'avaient pas l'occasion de riposter, se contentant d'éviter les coups qui pleuvaient. A force de reculer, Cyrié se retrouva éloigné du groupe de chasseurs de primes. Pendant une fraction de seconde, l'opportunité se présenta de se défendre. Il n'hésita pas et  plongea immédiatement sur ses assaillants. En quelques coups de griffes, la moitié de ces adversaires étaient vaincus, ce qui déconcentra légèrement les rescapés. Ce fut au tour de Vick de profiter de ce manque d'attention. Elle se faufila à travers les survivants et imita son aîné. Les deux vampires échangèrent un regard, comme pour s'assurer qu'aucun n'avait été blessé, puis leur vision se brouilla. Quelques instants plus tard, ce qui les entourait redevint net : ils étaient à nouveau dans la salle de simulation. Le Leader se dégagea rapidement, à nouveau énervé qu'on ait fait subir ce sort à son amie. Il jeta un regard noir à ses observateurs, puis aida Vick à se relever. Elle n'était pas habituée à ces simulations, et son retour au monde réel lui faisait tourner la tête.

— Ca va passer, ne t'inquiète pas, lui chuchota Cyrié.
— Ca te fait ça à chaque fois ?
— Au début, oui, maintenant... Je m'y suis habitué.

    Les vampires n'avaient dévoilé aucune capacité que les chasseurs de primes ignoraient, mais leur instinct de survie leur avait dicté de stopper là leurs observations. Si la cadette avait été blessée, même très légèrement, son congénère ne l'aurait pas pardonné aux scientifiques et le leur aurait fait payer très sévèrement. Les deux immortels furent ramenés dans la cellule de Cyrié. Les geôliers avaient profité de leur absence pour retirer les cadavres de la pièce ‒ ils n'auraient pas eu le courage de procéder à ce nettoyage si le vampire avait été présent. Le reste de la nuit se déroula dans le calme. Personne ne vint perturber la tranquillité des deux immortels, ravis de pouvoir passer la soirée en compagnie de l'un des leurs, d'autant plus que ces deux-là s'adoraient.

    Le lendemain, Vick fut renvoyée avec les autres immortels, mais on ne laissa pas son aîné tranquille pour autant. Durant les nuits qui suivirent, on le mit sans répit à l'épreuve pendant qu'on l'observait sous  toutes les coutures. Plusieurs nuits s'écoulèrent ainsi, à un rythme de plus en plus acharné. Un soir, à la grande surprise de Cyrié, lorsqu'il arriva devant la salle de simulation, le soi-disant médecin qui le harcelait depuis son arrivée au laboratoire était là, l'air très contrarié. Dès qu'il aperçut le vampire, son regard devint noir. Il se rua sur lui, l'attrapa au col et le plaqua contre le mur :

— Comment tu as fait pour tuer les gardes sans déclencher leur collier ? On a eu les résultats des autopsies, et, apparemment, leur taux d'adrénaline était si haut que ça leur a provoqué une crise cardiaque !
— Tu sais comment ils sont morts dans ce cas, alors pourquoi tu poses la question ?
— Ne joue pas à ça ! Et comment tu as fais pour bousiller les caméras et les micros ?! s'emporta le mortel en écartant le buveur de sang du mur, pour mieux l'y plaquer à nouveau.

    Cyrié baissa la tête et eut un petit rire malsain. Lorsqu'il releva ses yeux prédateurs vers son geôlier, son sourire ne s'était pas effacé :

— Si tu veux que tes mains restent attachées au reste de ton corps, tu ferais mieux de me lâcher.

    Un brin effrayé, mais toujours aussi énervé, le scientifique réagit immédiatement, libéra le vampire de son emprise et recula d'un pas.

— Comment tu as fait ? gronda-t-il.
— Je vais te répondre la même chose que la première fois où tu m'as adressé la parole : tu crois sérieusement que je vais répondre bien sagement à tes questions ? le nargua l'immortel en le prenant de haut.

    L'homme en blouse retint un juron, puis voulut lancer un ordre, mais Cyrié l'interrompit :

— Hey, hey, hey ! Si tu fais quoique ce soit à mes amis, tu subiras le même sort que tes gardes. Alors, je sais que ça n'empêchera pas tes hommes de s'en prendre à eux, mais je pense que tu accordes quand même un petit peu plus d'importance que ça à ta vie.

    Son interlocuteur déglutit. Il tenta de ne pas montrer sa peur au vampire, mais c'était peine perdue. Il savait que l'immortel mettrait sa menace à exécution s'il l'y poussait, il avait déjà eu la preuve qu'il en était capable, mais l'homme ne voulait pas lui donner cette satisfaction. Le regard mauvais et le sourire sadique sombrement dessinés sur le visage du buveur de sang n'étaient pas pour atténuer le danger que pouvait représenter sa mise en garde. Après plusieurs secondes, le chercheur parvint enfin à surmonter suffisamment sa peur pour donner l'ordre de conduire Cyrié dans la salle pour une nouvelle simulation. Le vampire, lui, continua à afficher son sourire mauvais. Il avait gagné cette manche.
    Pendant la simulation de cette nuit, les choses parurent étrangement familières à l'immortel. Il était à nouveau à l'extérieur, attaqué par trois dragon. Tout comme le soir où il avait été forcé de démontrer une partie de ses capacités pour rejoindre les siens, les créatures lui crachèrent simultanément des salves de pouvoir dessus. Sous ce flot de magie continu, Cyrié resta immobile, et emmagasinait toute cette puissance.
    Dans la salle d'observation, plusieurs dispositifs permettaient de surveiller ses constantes vitales, mais également la quantité de pouvoir qu'il utilisait, d'où il les puisait, comment il les activait, ainsi que des ordinateurs destinés à interagir avec lui au cours des simulations. Le scientifique, qui ruminait encore le goût de sa récente défaite face au vampire, n'avait pas l'intention de le laisser s'en tirer sans lui donner une bonne leçon.

— Envoyez le quatrième, ordonna-t-il.
— Quoi ? Mais monsieur, là, il est déjà au maximum, si on ajoute un autre rayon, ses constantes vont s'effondrer, il ne le supportera pas, s'inquiéta l'informaticien en charge de gérer les simulations.
— Je ne vous demande pas votre avis ! Faîtes ce que je dis !

    A contrecœur, son subordonné s'exécuta et intégra un quatrième dragon. Plus grand, plus puissant et encore plus fort que ses congénères. A peine arrivé, il se joignit à eux et projeta un énorme jet de pouvoir. Dès que celui-ci le toucha, Cyrié se sentit vaciller. Il se ressaisit et tenta de se redresser, les mâchoires serrées. Mais une telle quantité de puissance était bien trop grande pour lui. Au bout de quelques secondes à peine, son corps ne put accumuler plus de pouvoir, mais cette fois, la force des flots sous lesquels il se trouvait ne lui permit pas de les renvoyer à leur propriétaire. Il sentit immédiatement ses forces les quitter et la douleur le pénétrer jusqu'au plus profond de son être. Une grosse gorgée de sang remonta le long de sa gorge, l'étrangla à moité, et il s'effondra, tout en perdant connaissance. Les dragons stoppèrent leurs flammes magiques juste à l'instant où le plus gros d'entre eux griffa profondément le flanc gauche du vampire, lui lacérant les chairs et les côtés, évitant de peu son cœur. Il se jeta alors sur sa gorge dégagée, perforant sa jugulaire.
    La simulation s'arrêta aussitôt. Une fois libéré de ses entraves, Cyrié commença à basculer. Des gardes le rattrapèrent et l'allongèrent au sol. De grandes quantités de sang s'échappaient de ses blessures et de sa bouche. Dans la salle d'observation, plusieurs alarmes s'étaient déclenchées. Tous les scientifiques s'affairaient pour noter tout ce qui avait pu lui arriver afin d'aider les collègues qui le soigneraient. Mais l'un d'entre eux semblait ne pas s'inquiéter de ce qu'il venait de se produire, demeurait calme, debout derrière la grand baie vitrée, les main croisées dans le dos, un léger sourire triomphal sur le visage. Leur meneur jubilait de voir son sujet d'étude aussi mal en point.
    Subitement, les autres vampires, rassemblés dans le grand salon, se levèrent tous d'un bon et sentirent leur cœur se serrer lorsqu'ils entendirent le message qui raisonna dans l'enceinte du laboratoire :

— Il faut une équipe médicale en salle de simulation de toute urgence ! Une équipe médicale en salle de simulation !

    Ils savaient ce que cela signifiait : Cyrié avait été blessé, suffisamment pour nécessiter des soins, et, à en juger par l'affolement dans la voix de l'annonceur, il avait dû être sévèrement touché. Les immortels se regardèrent, rongés par l'inquiétude pour leur Leader bien aimé.

    Le lendemain, ce dernier se réveilla dans une toute petit pièce sombre qu'il ne connaissait pas, ne comportant que le lit sur lequel il était allongé. A ces pieds se trouvait la porte, bien évidemment fermée. Il se sentait mal. Lorsqu'il voulut bouger, la douleur de ses blessures l'arrêta immédiatement. Il se recroquevilla sur lui-même et lutta pour ne pas manifester d'avantage sa souffrance. Après un long moment, le blessé parvint à se ressaisir et redressa légèrement la tête pour observer l'endroit d'où provenait la seule source de lumière de la pièce. L'un des murs comportait une vitre relativement large, derrière laquelle il pouvait voir ses congénères, dont certains tournaient en rond entre les fauteuils, visiblement inquiets. Il ne s'était pas trompé, le salon où on conduisait ses amis était bel et bien équipé d'un grand miroir sans teint, derrière lequel il se trouvait à présent.
    Dans le couloir, les gardes furent intrigués par un bruit provenant de la pièce qu'ils gardaient. A l'intérieur, ils virent Cyrié, un genou à terre, une main contre la vitre, l'autre, rabattue contre son corps, à nouveau paralysé par la douleur. Manifestement, avoir essayé de se lever pour observer les siens avait été l'une des pires idées qu'il aurait pu avoir, mais il voulait tant être auprès d'eux...
    Quelques instants plus tard, la porte du salon s'ouvrit et céda la place à deux chasseurs de primes soutenant le Leader. Immédiatement, Spargas, Lestat et Kardè se précipitèrent auprès de lui. Leur aîné s'appuya difficilement sur l'épaule du plus âgé et les gardes prirent congé.

— Non, évite ça s'il te plaît, stoppa Cyrié quand son second amorça un mouvement pour le soutenir au niveau des côtes.

    Cette simple phrase raviva les craintes des immortels. Lestat soutint le blessé par le bras d'une main, et dans le haut du dos de l'autre. Ensemble, ils l'accompagnèrent jusqu'à l'un des canapés.

— Ca va aller ton cou ? s'inquiéta Lucian en scrutant les bandages qui entouraient sa gorge.
— Ca risque d'être un peu haut avec l'accoudoir.

    Voir Cyrié peiner autant pour se tenir debout, se déplacer, et même pour parler bouleversait les buveurs de sang. Ils n'étaient pas habitués à le voir dans un tel état. Lucrécia s'assit sur le sofa. Son compagnon aida le Leader à s'allonger sur son côté indemne, puis à poser la tête sur les jambes de la vampire. Ce dernier ne pouvant pas poser le bras sur son flanc, il plaça la main dans le bas du dos de son amie. Une fois convenablement installé, il expira, les yeux fermés, comme pour chasser les douleurs qui le taraudaient. Par réflexe, Lucrécia commença à caresser les cheveux du convalescent :

— Ca va comme ça ? s'inquiéta-t-elle.
— Oh, tant que je ne respire pas, ça va, plaisanta le Leader avant de se crisper et grimacer légèrement.
— Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? voulut savoir Kardè.
— Des dragons...

    Puis le Leader raconta sa mésaventure aux siens. Ils furent tous atterrés d'apprendre que les chercheurs étaient allés aussi loin. S'attendaient-ils réellement à une réaction, une démonstration de force, ou n'était-ce qu'une façon peu dissimulée de lui faire payer les meurtres qu'il avait commis ? Le récit fut difficile et douloureux, après quoi, le blessé finit par s'endormir, apaisé.
    Plus tard dans la nuit, de nouveaux chasseurs de primes entrèrent dans la pièce. L'un d'entre eux, l'air menaçant, s'avança vers Cyrié, mais Spargas se mit en travers de son chemin.

— Qu'est-ce que vous voulez ? questionna-t-il.
— On vient le récupérer.
— Vous devriez le laisser tranquille.
— C'est une menace ?!
— Non, je vous dis juste ce qu'il en est.

    Le mortel refusa de croire à l'honnêteté du vampire. Il fit un petit signe pour le désigner. Immédiatement, le collier de Spargas s'activa, lui donkeyénant de violentes décharges électriques. Ce dernier se recroquevilla et porta instantanément la main à sa gorge, sans la toucher pour ne pas s'électrocuter d'avantage. Quelques secondes plus tard, le courant stoppa et le vampire put enfin se redressé, encore sous le choc des décharges.

— Autre chose à dire ? le toisa le chasseur de primes.

    Le buveur de sang ne répondit rien. Il savait que prononcer un mot lui vaudrait une nouvelle électrocution. Après cela, le mortel s'approcha de Cyrié. Cette fois, personne ne l'en empêcha. Arrivé juste à côté du blessé, qui dormait toujours, il reprit :

— La récré est finie, tu reviens avec nous !

    Le vampire ne réagit pas, ce qui énerva d'avantage son geôlier.

— Mauvaise idée... fit doucement remarquer Spargas.
— Ca ne t'a pas suffit toi ?!

    Pour seule réponse, le vampire secoua lentement la tête de gauche à droite en baissant les yeux, et en levant les mains. Si quelque chose survenait, on ne pourrait pas lui reprocher de ne pas avoir tenter de prévenir ses ennemis. Le chasseur de primes porta à nouveau son attention sur le blessé.

— Debout ! ordonna-t-il en frappant le convalescent.

    Il avait agi sous le coup de la colère, et n'avait absolument pas réfléchi, si bien qu'il heurta le flanc de Cyrié, exactement à l'endroit où le dragon l'avait griffé. Sa réaction ne se fit pas attendre. Il poussa un rugissement, semblable à celui d'un gros félin. Le chasseur de prime l'ignorait, mais les vampires, eux, connaissaient parfaitement la signification de ce grondement : les deux seules situations dans lesquelles l'un des leurs utilisait ce genre de son étaient la chasse, pour effrayer les proies, ou pour manifester un grand mécontentement, bien souvent suivit par de terribles sanctions. En entendant cela, le mortel, lui, ne savait pas s'il devait commencer à s'inquiéter ou s'énerver d'avantage. La réponse vint d'elle-même. Cyrié, tout en continuant à grogner comme un félin, tourna lentement la tête, les yeux incendiaires. Le fautif prit enfin la mesure de la gravité de son acte. Il paniqua, et voulut faire demi tour, mais à peine avait-il écarquillé les yeux, et amorcé un pas vers l'arrière que son souffle s'interrompit. Le blessé réajusta sa position, puis referma les yeux pour tenter de se rendormir. Le chasseur de primes, quant à lui, bascula en avant. Spargas le rattrapa pour éviter qu'il ne chute sur Cyrié, puis le jeta aux pieds de ses collègues :

— Vous devriez le laisser tranquille maintenant.

    Encore hébétés par la scène qui s'était produite, les autres mortels ne réagirent pas immédiatement. Ils tentaient encore de comprendre ce à quoi ils venaient d'assister, jusqu'à ce que l'un d'entre eux se baisse pour tirer son collègue, inerte, en dehors de la pièce, laissant, ainsi, à nouveau les vampires seuls. Le cœur du chasseur de primes avait cessé de battre, pour une raison encore inconnue. Plus tard, l'autopsie dévoilerait que ce dernier avait littéralement implosé.


*suite au prochain post*

Dernière modification par ultimecia (2014-01-12 15:43:32)


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#358 2013-12-15 14:48:51

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

*suite*



    Le lendemain, Cyrié se réveilla de lui-même, la tête toujours posée sur les jambes de Lucrécia, puis tenta de se relever. La femme ainsi que son compagnon l'aidèrent à s'asseoir sur le côté, l'épaule droite et la tête appuyées contre le dossier du canapé.

— Merci, souffla le blessé.
— Comment ça va ? s'inquiéta Vick.
— Oh... Les surdoses de pouvoir, ce n'est vraiment pas mon truc.
— Parce que les griffures et morsures de dragon, ça l'est ? ironisa Spargas.
— Pas vraiment plus, plaisanta le Leader.

    Il commença à rire doucement, mais la douleur de ses côtés l'arrêta instantanément. Il se crispa et tenta de calmer sa respiration pour mettre fin à la brûlure lancinante qui lui coupait le souffle. L'aîné leva difficilement les yeux vers son second :

— Utilise les infrasons pour faire sauter les caméras et les micros. Si tu gères bien ton coup, ils ne s'en rendront même pas compte dans le couloir.

    Il avait utilisé une télépathie propre aux vampires pour lui donner ces consignes. Un don, et non un pouvoir, que les mortels ne pouvaient pas sentir, à l'inverse des buveurs de sang. Ils comprirent alors que les deux plus âgés manigançaient quelque chose. Spargas se concentra légèrement, puis, quelques instants plus tard, déclara :

— C'est bon, on peut discuter tranquilles maintenant.
— Bien joué, le congratula le Leader, entre ses dents serrées.

    Lorsque les battements de la blessure cessèrent enfin, Cyrié put reprendre la parole librement :

— J'ai une bonne nouvelle pour vous : je crois que j'ai une piste assez sérieuse pour nous sortir d'ici.

    Tous les immortels furent abasourdis par cette nouvelle. Ils l'attendaient depuis si longtemps qu'ils ne parvenaient pas à y croire.

— Développe, l'invita Lestat.
— En fait, l'une des principales choses qui nous empêche de sortir d'ici, c'est vos colliers. Mais pour pouvoir les activer, ils sont forcément dépendants, à un moment ou à un autre, de leur circuit électrique. Pendant les simulations, je suis directement relié à leur réseau. J'ai fait quelques tests, et à ce moment-là, j'arrive à m'infiltrer dedans sans qu'ils ne s'en rendent compte. Donc je devrais pouvoir réussir à tout couper.
— Oui, mais... se désenchanta Clayde, comme tu l'as dit la dernière fois, ils ont dû préparer leur coup depuis un moment ; tu ne crois pas qu'ils auraient pu mettre les simulations sur un circuit à part ?
— Si. Ils ont tout séparé : les colliers, les simulations, tout le labo est divisé en plusieurs parties, mais il y a des endroits où tous les réseaux finissent par être physiquement proches les uns des autres. Et dans ce cas-là, je devrais pouvoir réussir à infecter le réseau d'à côté, et donc, à tous les avoir. Et là... Plus de colliers, et plus de lumières nulle part. Pour nous, c'est tout bénef', mais pour eux... Ils auront beaucoup plus de mal à nous voir.
— Mais ils doivent avoir des générateurs de secours.
— Sauf que je peux leur bloquer l'accès au réseau principal, donc ils ne leur serviront à rien.
— Ok, mettons que tu arrives à couper le courant : les colliers ne marchent plus, la lumière non plus, mais on n'est pas sorti pour autant. Comment tu fais pour les gardes ?
— Ca, ce n'est pas un vrai problème, on en a déjà affronté plus que ça. Et puis, ici, on est dans un espace restreint, donc ils ne pourront pas nous attaquer tous en même temps.
— Et pour l'eau bénite sur les murs ?
— Là par contre, il va falloir serrer les dents.
— Et tu as trouvé la sortie ?
— Non, c'est justement pour ça que je n'ai pas encore mis mon plan à exécution. Sur tous les plans que j'ai pu trouver sur leur réseau, il n'y en avait aucun avec les portes et les fenêtres d'indiquées, et encore moins un avec un « la sortie est par là » d'écrit. Mais si on y va à l'aveuglette, on aura beau avoir l'avantage de l'obscurité, avec toute cette eau bénite sur les murs, on ne tiendra pas le coup très longtemps. On finira par se faire avoir, et là, je pense qu'on n'aura plus aucune occasion de retenter le coup.
— Il faudrait pouvoir lire dans leurs pensées...
— Déjà essayé, mais avec toute cette eau bénite autour de nous, je n'y arrive pas. Il me faudrait plus de puissance...
— Et si tu libérais tous tes pouvoirs ? s'aventura Vick.

    Cyrié baissa les yeux, posa la main sur son protège-bras et le caressa doucement du pouce. Il semblait réfléchir, tiraillé, avant de soupirer.

— Si je peux éviter, je préférerais... Parce que ça me permets de brider mes pouvoirs, mais aussi mes instincts, et si je les libère... Vu à quel point je leur en veux, je risquerais de nouveau de perdre la tête, et cette fois, je ne vois pas comment je pourrais reprendre le contrôle...
— Si on sort d'ici mais qu'on se retrouve avec un Cyrié hors de contrôle, je ne sais pas si ce sera vraiment mieux... Ce serait cher payé quand même...

    Tous ne pouvaient qu’acquiescer. Durant des siècles, leur Leader avait tué et massacré des milliers d'innocents juste pour son bon plaisir. A l'échelle d'un vampire, son repenti n'était que très récent, et les instincts de tueur extrêmement forts. Il avait fallu que Cyrié perde un œil, manque de perdre la vie, et rencontre Santanas et Ultimécia pour réussir à se dominer, s'il perdait à nouveau la tête, rien ne prouvait qu'il parviendrait à nouveau à se maîtriser.

— Et tu ne peux pas libérer ta puissance, mais continuer à brider tes instincts ?
— Pour ça, il faudrait que je change les pierres pour en mettre d'autres, avec un autre enchantement.
— Oui, donc là, pas possible.

    La situation resterait donc bloquée.

— Mais pendant les simulations, tu es directement lié au système. Si tu coupes le courant à ce moment-là, tu ne risques pas d'être coincé dedans ?
— Si. C'est pour ça que je lancerai la coupure à retardement, juste assez pour me laisser le temps de revenir à moi.
— Et si ça se passe mal...? Ca risque d'être vraiment dangereux pour toi...
— Oui, mais il n'y pas le choix.

    Le temps s'écoula encore. Cela faisait maintenant près de deux mois que l'aîné des vampires avait été capturé. Ses blessures s'étaient refermées et il était à nouveau en excellente condition physique, ce qui impliquait également la reprise des simulations. Cette fois encore, l'homme en blouse blanche l'attendait dans le couloir, devant la salle. L'état dans lequel il avait réussi à mettre le vampire durant sa dernière simulation lui avait redonné confiance en lui. Il toisait donc à nouveau l'immortel du regard.

— Tu vas me donner tes protège-bras.

    Lors des deux attaques de dragons, les systèmes de surveillance avait révélé qu'une grande quantité de magie se concentrait au niveau des poignets du vampires, quand il emmagasinait leurs flots de pouvoir. Le chercheur voulaient vérifier si quelque chose dans les accessoires de l'immortel pouvait expliquer ce phénomène ou si cela venait directement de lui. Cyrié savait pertinemment qu'ils ne découvriraient jamais les fragments de pierres d'âme qui constellaient ses protège-bras, mais les retirer impliquerait obligatoirement la libération de ses instincts déchaînés, c'est pourquoi le vampire refusa de les lui donner.

— Il faut vraiment que je te rappelle ce qu'il t'est arrivé la dernière fois que tu m'as contrarié ? le défia le mortel avec un large sourire mauvais.
— Et à toi, ce qui est arrivé aux derniers qui m'ont énervé ? répondit le vampire sur le même ton.

    Ces deux-là se méprisaient au plus haut point. Depuis l'arrivée du vampire, ils ne cessaient de se livrer à ce petit jeu de provocation, chacun possédant ses points forts et ses point faibles : Cyrié était extrêmement puissant et était en mesure de tuer tous les chasseurs de primes de sa simple volonté, mais son attachement envers les siens l'empêchait d'agir librement. Le chercheur l'avait très bien compris, c'est pourquoi la plupart de ses menaces étaient dirigée contre eux et non pas directement sur le plus âgé.
    Soudain, les gardes présents dans le dos du vampire firent apparaître de grandes croix, ce qui fit souffrir l'immortel. Il regarda par dessus son épaule et lutta contre l'effet des objets sacrés.

— Je ne me répéterai pas, averti le scientifique.

    Cette fois, Cyrié fut obligé de s'avouer vaincu. Il retira ses protège-bras et les donna au mortel qui attendait, la main tendue, l'air triomphal. Dès que le buveur de sang eut lâché les pièces de cuir, son visage s'assombrit, se faisant plus menaçant. A cela s'ajouta une sensation de pouvoir plus grande que les chasseurs de primes ne comprirent pas. Ils firent disparaître les  croix, puis conduire l'immortel dans la salle de simulation.
    Lorsque celle-ci débuta, le vampire ne mit qu'une fraction de seconde à reconnaître la séquence qui se déroulait autour de lui : l'environnement, l'atmosphère... Tout ceci n'était autre que la première attaque de dragons qu'il avait subit, avec, pour commencer, une série de chasseurs de primes à affronter.
    Pendant ce temps, depuis le centre d'observation situé plus haut, les chercheurs observaient les protège-bras du vampire sous toutes leurs coutures, sans trouver le moindre indice qui justifierait l'accumulation de pouvoir à laquelle ils avaient assisté. Mais une autre chose les intrigua également, les appareils de mesure auxquels était relié Cyrié n'affichaient pas les mêmes valeurs que lors des précédentes simulations. Mais comment de simples bouts de cuir pouvaient-ils agir ainsi sur les capacités d'un vampire ? Soudain, une chose étrange se produit dans le monde virtuel qu'il avaient créé. Les adversaires du buveur de sang se mettaient à grésiller. Les images et même le son ne semblaient plus stables. Mais l'immortel, lui, ne semblait pas s'inquiéter de cela. Il avait la tête baissée et souriait. Il se mit même à rire, d'un rire glacial, sombre, effrayant. Il se calma un instant et regarda en l'air. De leurs postes de contrôle, les chercheurs se levèrent tous d'un bond. Ils sentaient le regard du vampire les scruter jusqu'au plus profond d'eux-même... Mais c'était impossible, il se trouvait dans une simulation, un monde virtuel, il ne pouvait pas avoir d’interaction avec eux, et encore moins les observer... Enfin... Etait-ce réellement impossible ? Le sourire du prédateur s’élargit encore, puis tout se détraqua. Des alarmes hurlèrent de toutes parts. Au milieu de ce vacarme, personne ne s'était attendu à ce que  la simulation prenne fin, mais cela se produisit. Les attaches de Cyrié le libérèrent paisiblement, puis il se leva et commença à avancer. Soudain, tout s'arrêta. Les sirènes se turent, les lumières s'éteignirent. Seules de minuscules veilleuses apportaient un semblant de clarté. Toute une troupe de chasseurs de primes pénétra dans la salle pour tenter d'arrêter le buveur de sang. Ils n'avaient pas fait deux pas que le vampire n'eut qu'à lever la main pour les faire tous tomber, raides morts. C'était la panique derrière la baie vitrée. Tous les chercheurs observaient la scène, paniqués. Ils voulaient reculer et s'enfuir le plus vite possible, mais perdre le prédateur de vue ne ferait que les effrayer d'avantage. Les rares qui auraient eu le courage de le faire ne réussirent pas, leur jambes refusant de leur obéir. Cyrié leva la tête vers le centre d'observation. Dès que son regard se posa sur la large baie vitrée, celle-ci vola en éclats. Les mortels tentèrent de se protéger des bris de verre, puis, lorsque leur meneur porta à nouveau son attention sur son sujet d'étude, il croisa un regard qui lui glaça le sang. L'expression du vampire avait tout de celle d'un prédateur en chasse. La pupille de son œil gauche dilatée, un sourire gigantesque dévoilant ses crocs aiguisés, un petit ricanement pour accentuer encore un peu son aspect dangereux. Les ombres projetées sur son visage par les veilleuses accentuaient d'autant plus son aspect terrifiant. Lorsque le mortel avait décidé de mener ses expériences sur ce vampire, il ne s'était pas attendu à se retrouver face à l'horreur, mais c'était maintenant le cas. A présent, le scientifique se tenait devant la plus sanguinaire des créatures de la nuit. Elle était très énervée, et c'était à lui, et uniquement à lui qu'il le devait. Son sang ne fit qu'un tour. Il comprenait maintenant ce sentiment de détresse et de peur absolue qu'avaient pu ressentir les anciennes proies du vampire... Mais il était trop tard. Il avait défié Cyrié, et avait perdu. Par cet acte, il avait lui-même signé son arrêt de mort. Le mortel savait que le coup fatal allait tomber, il voulait l'éviter, s'enfuir, mais ne parvint pas à bouger un muscle. La seule solution qui s'offrait à lui était d'attendre que la mort survienne, en priant pour que celle-ci soit douce... Mais il savait que ce ne serait pas le cas, pas après avoir tant fait souffrir les vampires. Il payerait au centuple la moindre petite chose qu'il avait pu faire ou ordonner. Cette attente était insoutenable. Quand son dernier souffle adviendrait-il ? Dans quelles conditions ? L'expression du buveur de sang se modifia légèrement, comme pour accentuer encore un peu son apparence de tueur tout puissant, puis il leva une main et la secoua légèrement de gauche à droite. Il tenait quelque chose. A cet instant, l'homme en blouse réalisa que le vampire avait récupéré ses protège-bras. Mais comment avait-il fait ? Il ne l'avait pas quitté des yeux, et le buveur de sang n'avait pas utilisé ses pouvoirs. Par réflexe, le mortel jeta un rapide coup d’œil sur le côté, pour trouver une réponse auprès de ses subordonnés, mais la vision qui s'offrait à lui ne fit que l'effrayer encore d'avantage. Une vision d'horreur effroyable et sanglante. Tous ses hommes étaient morts, éventrés, déchiquetés, profondément griffés de part en part, les yeux exorbités, le visage figé à jamais dans une expression de terreur absolue. Le mortel était seul, entouré de cadavres sanguinolents, et le vampire qui était responsable de ce massacre avait à présent jeté son dévolu sur lui. Tremblant de tout son corps, l'homme en blouse regarda à nouveau en contrebas. Cyrié était toujours là. Représentation parfaite du vampire assoiffé de sang qui lui avait valu son surnom de Sanguinaire. Mais contre toute attente, ce dernier avança vers la sortie et ne prêta plus aucune attention au mortel. Ce n'était plus nécessaire. Lors de son dernier regard envers lui, il avait insinué de telles atrocités et un tel sentiment d'épouvante dans l'esprit de sa victime qu'elle serait à jamais torturée par ces images et ces sensations de terreur et d'insécurité, ce qui était bien pire pour elle que de se contenter de la tuer dans d'horribles souffrances. Le monstre jubilait en songeant aux journées et aux nuits que sa proie endurerait. Il pénétra dans le couloir, tandis qu'un effroyable cri d'épouvante retentit dans son dos, depuis la salle de contrôle.
    Dans le salon, les autres vampires se doutaient de ce qu'il se passait. Les lumières éteintes, une odeur de sang et une panique grandissantes, cela ne pouvait signifier qu'une chose : Cyrié avait mis son plan à l'action. Soudain, des bruits de coup d'épée et de respiration coupée retentirent dans le couloir, tous proches, et la porte s'ouvrit sur leur Leader. Il lança quelque chose à Spargas, puis, sur un ton qui n'appelait aucune réponse, décréta :

— On dégage !

    Suite à quoi, il reprit son chemin. Son second baissa les yeux pour examiner ce que son aîné lui avait jeté et reconnut immédiatement ses protège-bras. Tous les immortels étaient partagés entre la joie de pouvoir enfin se libérer de cette prison, et l'inquiétude due au danger que représentait à présent leur meneur. Mais une chose était sûre, ils n'avaient pas l'intention de rester une  minute de plus dans cet endroit. Ils emboîtèrent donc le pas du prédateur en chasse. Lorsque Cyrié avait insinué ses pensées de terreur dans l'esprit du chercheur, il avait saisit l'occasion de trouver enfin l'accès qui le mènerait à la sortie. Les vampires progressaient dans les couloirs à une vitesse incroyable. L'eau bénite qui tapissait les murs les ralentissait légèrement, mais le plus âgé ne comptait pas laisser quoique ce soit se mettre en travers de sa route. Dès que des chasseur de primes se dressaient devant le petit groupe d'évadés, tous se faisaient massacrer, découper, déchiqueter. On aurait pu retrouver le chemin qu'avait emprunté les vampires aux simples marres de sang qu'ils avaient laissé dans leur sillage. En quelques instants, ils arrivèrent devant une porte que Cyrié anéantit sans avoir à faire le moindre geste. L'air frais s'engouffra alors dans le laboratoire, apportant avec lui un délicieux parfum de liberté. Les immortels se précipitèrent à l'extérieur et se retrouvèrent au milieu d'une épaisse forêt. Cela faisait si longtemps qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de profiter d'un air si vivifiant qu'ils restèrent tous immobiles, les yeux fermés, à inspirer profondément. Un délicieux vent les caressa chaleureusement. C'était une nuit magnifique, agréable, douce. La rosée sur les feuilles alentour dégageaient une odeur sublime. Mais toute chose agréable a une fin. Ils sentirent soudainement une sensation étrange derrière eux. Ils se retournèrent et ne purent que constater que Cyrié, lui, ne profitait pas de cette liberté retrouvée. Il faisait face au laboratoire qui s'effondrait. Il avait eu recours aux infrasons, une nouvelle fois, mais cette fois, à un degré si élevé qu'il avait ébranlé toute la structure, pourtant fortement renforcée. A présent, il ne restait que des ruines, un amas de débris de béton et de poussière. Mais le vampire ne s'arrêta pas là. Pour anéantir à jamais ceux qui s'en étaient pris à lui, il déclencha un gigantesque brasier. Les immortels contemplèrent les immenses flammes rougeoyantes. Elles effaceraient définitivement toute trace de leur passage en ce lieu, mais étaient-elles aussi le symbole du retour du dangereux Cyrié le Sanguinaire? Mais ils n'eurent pas le temps de se poser d'avantage de question. Leur Leader fit doucement volte-face. Les ombres que le feu projetait sur lui le rendait effrayant, même pour les siens. Soudain, il disparut. Les autres immortels savaient qu'il était parti assouvir sa soif de sang et ne purent qu'espérer qu'il se contenterait de chasseurs de primes et de malfrats.


Comme ce chapitre a de nouveau été très long, il faudra de nouveau attendre 3/4 semaines pour le prochain ^^' Promis, les autres sont moins longs xD

Dernière modification par ultimecia (2014-01-12 15:42:08)


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#359 2013-12-16 00:11:50

vanouloup
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Catitiz_PDT_51 Bon au risque de me répétait, J'ADOREEEEE Catitiz_PDT_47 Et franchement des long j'en veux bien tout les 15jours moi Catitiz_PDT_12 Mais en attendant je vais réfléchir sur ce qui pourrait arriver et méditer sur Vick..... Catitiz_PDT_41

Bizouilles et merci pour cette histoire Catitiz_PDT_12


L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde.
Tu n'aimes pas les animaux? J'm'en fous je t'aime pas non lus! Catitiz_PDT_12

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#360 2013-12-16 02:17:59

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Oh mais répète-toi, je t'en prie, ça fait toujours plaisir de lire ça Catitiz_PDT_12
Je suis contente que ce que j'écris plaise ;)

Réfléchir sur ce qui pourrait arriver? Heu... Bon courage Catitiz_PDT_26 Par contre, méditer sur Vick... Pourquoi donc Catitiz_PDT_19 ?

Merci à toi d'être passée et d'avoir laissé un petit mot ;)


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#361 2013-12-17 13:24:43

estridus
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Je viens de finir. Très chouette. C"est, je pense, le chapitre le plus prennant !

Hâte de voir la suite

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#362 2013-12-17 13:56:11

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Merci Estri Catitiz_PDT_22

Je suis contente que ça te plaise aussi ^^

Le plus prenant? C'est aussi l'un des plus longs, ça doit jouer Catitiz_PDT_29


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#363 2013-12-20 18:37:06

clicou
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Je suis désolé je l'ai lu la semaine dernière mais j'ai complêtement oublié de laisser un message  ><
Tout ça pour dire que j'adore ^^ J'avoue que je crains un peu ce que va faire Cyrié mais j'espère (je sais ^^) qu'il s'en sortira. Reverra-t-on Ultimécia dans cet épisode ?


Présente très sporadiquement ... comme beaucoup j'imagine
Des mâles pleins de couleurs

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#364 2013-12-20 18:45:45

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Pas grave Clicou, c'est déjà super gentil de me laisser un petit mot, donc ne t'en fais pas si ce n'est pas sur l'instant Catitiz_PDT_29

Merci beaucoup ^^

Mmh... Est-ce que je réponds à ta question sur le retour d'Ultimécia ou est-ce que je vous laisse le suspens *air angélique*?


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#365 2014-01-12 15:14:18

vega1
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Je ne passe que très rarement sur PV et cette fois j'ai eu la surprise de trouver deux épisodes, tu nous gâtes vraiment. Et en plus épisodes très longs.

Et Ultimécia dans tout ça ? J'espère qu'elle va bien, et que Cyrié ne va pas faire de grosses bêtises, attaquer tous les humains qui croisent sa route par exemple.

Je te souhaite une bonne année ainsi qu'une bonne santé à toi et à ta famille.

Et aussi bonne santé et bonne année à vous tous, lecteurs de cette belle histoire.

Bisous

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#366 2014-01-12 15:40:17

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Coucou Vega Catitiz_PDT_12

Merci pour tes gentils commentaires et bonne année à toi aussi ^^

C'est dommage, à 20 minutes près, tu avais un 3e épisode pour le prix de 2 et les réponses à tes questions Catitiz_PDT_27


Rester Maître de Soi (suite)


2 – Epreuves

3 – Pas de panique


    Après leur évasion, les vampires eurent besoin de l'aide de Santanas et Ultimécia pour convaincre Cyrié de remettre ses protège-bras. Presque instantanément, les fragments de pierres d'âme firent effet, contenant les instincts du prédateur, ce qui lui permit de reprendre le contrôle de lui-même. L'affaire fit grand bruit. Dans les trois mondes, tous entendirent parler de ce bâtiment effondré, du nombre impressionnant de morts que cela avait entraîné, et de ce pauvre rescapé, seul au milieu des décombres, étrangement épargné par la catastrophe. Les autorités compétentes avaient tenté de l'interroger, mais il tenait un discours totalement incohérent et avait de violentes crises de panique sans réelle raison. Il fut interné dans un hôpital psychiatrique, où il passerait le restant de ses jours à hurler de terreur sans que quiconque n'en comprenne l'origine. Le désastre auquel il avait assisté ne justifiait pas un tel état, alors qu'avait-il bien pu se passer ?

    Le temps s'écoula et les esprits s'apaisèrent. Plus personne ne songeait à cette affaire. Les vampires eurent l'espoir de pouvoir profiter de ce climat de quiétude pour apaiser, même légèrement, les peurs des mortels à leur égard.
    Ce soir-là, une réception un peu particulière se tenait au Fenryl d'Or. Les tables avaient été disposées de façon à laisser un maximum d'espace libre, au centre de la salle. Plusieurs personnes, triées sur le volet, avaient été conviées par les Triplés. Tous les vampires étaient également présents. D'après Cyrié, les mortels redoutaient tant les buveurs de sang à cause de l'image négative qu'en donnaient les chasseurs de primes, les informer d'avantage permettrait ainsi d'apaiser leurs craintes. Du moins, il l'espérait. La soirée ne faisait que commencer, les mortels étaient donc encore très intimidés à l'idée d'être dans la même pièce que tous ces vampires, mais la présence des Triplés les rassurait légèrement. Plusieurs bouteilles avaient été mises à disposition des immortels. Les voir avec un verre plein à la main aussi semblait également tranquilliser les convives.
    Cyrié se servit, et fut accosté par Lucrécia, qui s'appuya sur son dos pour lui déposer un baiser sur la joue, ce qui étonna le Leader.

— Que me vaut ce plaisir ? interrogea-t-il.
— C'est pour te remercier d'avoir organisé tout ça. Avec un peu de chance, les gens n'auront plus peur de nous, et on pourra enfin vivre en paix.
— Attends, pour l'instant, ce n'est pas dit que ça marche.
— Non, mais au moins, on aura essayé. Et si, à la fin de la soirée, il n'y a, ne serait-ce, qu'une seule personne qui part en ayant moins peur de nous, ce sera vraiment génial.
— Oui, j'espère aussi. Mais tu sais, il faut aussi remercie les Triplés, on n'aurait jamais eu de salle sans eux.
— Je les remercierai aussi.

    Lucrécia rayonnait et affichait un magnifique sourire. La perspective de vivre plus en paix la comblait de bonheur. Son aîné, lui aussi, affichait une expression ravie, sereine et rassurante. Il passa un bras autour de son amie et ils s'enlacèrent. C'est à cet instant que la porte de la taverne s'ouvrit. Le sourire de Cyrié s'élargit, puis il s'avança vers les nouveaux venus. Andora courut dans ses bras. Il s'agenouilla et l'étreignit chaleureusement. Depuis l'évasion du laboratoire, le vampire n'avait pas eu l'occasion de lui rendre visite.

— Salut petite puce.
— Je suis pas petite !
— Oui, désolé. Tu es une grande maintenant.
— Oui !

    L'immortel s'écarta légèrement de l'enfant, puis se releva. La fillette resta contre lui, les bras entourés autour de sa taille, la main de son ancien protecteur dans son dos.

— Bonsoir, salua-t-il.
— Bonsoir.

    Les parents et le frère adoptifs de l'enfant étaient également là.

— Merci d'être venus.
— Il n'y a pas de quoi, c'est normal.
— Merci de nous avoir invité, appuya Althéa.
— De toute façon, quand Andora a su qu'il y avait la soirée, on n'avait pas intérêt à lui dire qu'on ne venait pas ! fit gentiment remarqué Ethan.
— Hey ! le réprimanda la fillette.
— C'est vrai ça ? s'amusa Cyrié, en jetant un petit regard en biais vers sa petite protégée.
— Oui. Elle était excitée comme une puce toute la journée, elle n'a pas arrêté de nous demander quand on allait venir.
— Mais Ethan ! tenta de le couper l'enfant, contrariée.

    Le vampire, attendrit et ravi par la petite, s'agenouilla à nouveau.

— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Mais je voulais pas qu'il te le dise.
— Pourquoi ?
— Parce que... bouda Andora.
— Tu sais, si tu étais impatiente de venir, la réconforta Cyrié, c'est parce que tu avais envie de me voir, donc ça me fait plaisir.
— C'est vrai ?

    Le vampire acquiesça en souriant. Soudain, l'expression de la fillette changea et redevint aussi joyeuse qu'auparavant.

— Ah ben ça va alors, approuva-t-elle en se dandinant.

    Les adultes rirent doucement à ses enfantillages. Soudain, la petite parut soucieuse et fit un petit signe à l'immortel. Il approcha la tête et elle lui chuchota quelque chose à l'oreille. Lorsqu'elle eut fini, ils s'écartèrent à nouveau légèrement l'un de l'autre. Le buveur de sang souriait :

— Tu vois, je ne me cache pas, je ne suis pas déguisé, et on est tous là, donc ce soir, c'est Cyrié.
— D'accord.

    Son protecteur se releva en caressant les cheveux d'Andora, mais cette dernière l'interrompit à nouveau.

— Tu me portes ? demanda-t-elle, avec un petit air triste.

    Le vampire ne pouvait pas résister face à cette expression. Il la souleva et la tint contre son torse. L'enfant était ravie.

— Je croyais que tu étais une grande ? Les grandes filles, on ne les porte plus, la taquina Ethan.
— Ben... Je suis grande, mais pas encore assez.

    Le vampire rit à nouveau. Ces chamailleries lui avaient beaucoup manqué.

— On te drague ? releva Ultimécia en s'approchant de son bien-aimé.
— Jalouse ? la provoqua-t-il gentiment.
— Tu rigoles ? Face à elle, je n'ai aucune chance.

    Sur cette plaisanterie, la jeune femme salua ses amis et les remercia à son tour d'être venus.

— Je vous sers quelque chose ? proposa-t-elle.
— Non, c'est bon, ne t'en fait pas pour nous, refusa poliment Castel.
— Mais si, allez, qu'est-ce que vous voulez ?
— Oh, et bien... Une pression pour moi, commanda l'ange.
— D'accord, acquiesça la Triplé avant de tourner les yeux vers Althéa.
— Heu... Tu te souviens du cocktail que tu m'as fait la dernière fois ? Il était vraiment bon, mais je ne sais plus du tout ce qu'il y avait dedans.
— Avec ou sans alcool ?
— Avec.
— Je crois que je vois lequel c'était. Je te fais ça ! Ethan ?
— Oh, la première chose qui te tombera sous la main, du moment que c'est sans alcool.
— Oh, tu es sûr ?
— Oui, oui, ne t'embête pas pour moi.
— Je vais voir ce que je peux te trouver. Et toi Andora, qu'est-ce que tu veux ?
— Tu as du lait avec de la cerise ?
— Oui !
— Alors j'en voudrais bien.
— D'accord, je vais vous chercher tout ça, et je reviens.

    Puis Ultimécia s'éloigna du petit groupe pour se diriger vers le bar.

— Alors ? Et ce cœur, comment il va ? se soucia Cyrié.
— Il va, il va.
— Il était de nouveau malade, regretta Andora.
— Ah oui ?
— En fait, commença l'intéressé, gêné d'aborder le sujet, comme mon état a arrêté d'empirer, certains ont décidé que le traitement que j'avais était trop fort, donc ils me l'ont changé, sauf que je n'ai pas supporté le nouveau. Ca m'a déclenché une grosse crise, et... ils ne voulaient pas me croire quand je leur disais que ça venait des médocs, d'après eux, c'était juste parce que j'avais changé, et que ça allait passer tout seul... Ils ont mis plus d'un mois à se rendre compte que ça venait bien du traitement.
— Quelle compétence ! ironisa le vampire, contrarié par tant d'inefficacité.
— N'est-ce pas...
— Du coup, ils t'ont redonné le premier ?
— Non, encore un autre. Je sens qu'il est quand même moins efficace, mais au moins, celui-là, il ne me rend pas malade.
— Mouais... Je suis vraiment désolé pour tout ça.
— Oh, ben... J'ai cherché les ennuis, et je les ai trouvés, hein. Je connaissais les risques quand j'ai signé.
— Pas tous, fit remarquer l'immortel.
— Mmh...

    A cet instant, Ultimécia revint, un plateau sur une main, sur lequel étaient disposés quatre verres : l'un contenait un liquide d'une magnifique couleur ambrée, surmontée d'une petite épaisseur de mousse blanche et veloutée, le second formait un superbe dégradé du bordeaux au jaune, en passant par le rouge et l'orangé, décoré d'un quartier de mandarine et d'une framboise sublimement parfumée, le troisième était d'un vert légèrement bleuté à la base, surmonté d'une feuille de menthe et d'une rondelle de citron taillée, et le dernier, blanc avec de très beaux motifs dessinés grâce à un liquide légèrement plus épais, de couleur rouge cerise.

— Alors, la pression, désigna la jeune femme en offrant le premier verre à Castel, le cocktail avec alcool, continua-t-elle en offrant le second à Althéa, ça, c'est pour toi...
— C'est ça le premier truc qui t'est passé sous la main ? s'amusa Ethan en contemplant les reflets bleus de sa boisson.
— Goûte, je suis sûre que ça va te plaire.
— Merci.
— Et le lait à la cerise pour Andora.

    Cyrié reposa l'enfant au sol pour qu'elle puisse saisir correctement le verre que sa dulcinée lui tendait.

— C'est bon, tu le tiens bien ? s'assura Ultimécia avant de le lâcher.
— Oui.

    La fillette était très concentrée sur le récipient. Elle ne le quittait plus des yeux et ne voulait surtout pas le faire tomber. La Triplé écarta doucement les doigts du contenant, puis se redressa et rangea le plateau contre elle, sous son bras, avant de s'appuyer discrètement contre l'épaule de l'élu de son cœur.

— Et je vois que toi, tu ne t'es toujours pas servie, fit-il remarquer, sur un ton d'aimable reproche.
— Je n'ai pas soif, répondit-elle d'un air innocent.

    Les deux amoureux échangèrent un regard complice et plein d'amour. Cyrié aurait voulu que sa bien-aimée profite également de la soirée, mais elle, préférait se consacrer aux invités.

— C'est super bon !

    Ethan n'avait pas l'intention de les interrompre, mais la remarque lui avait échappée lorsque qu'il eut goûté à la boisson qu'Ultimécia lui avait concoctée.

— Merci, j'étais sûre que tu aimerais, se ravit-elle.

    A cet instant, Lucian se glissa dans le dos de son aîné et posa une main sur son épaule.

— Bonsoir, salua-t-il à l'attention des nouveaux venus, désolé de vous déranger. Cyrié, les gens avec qui je discute voudraient bien faire ta connaissance, mais ils n'osent pas t'aborder. Tu pourras venir dès que tu auras un peu de temps ?

    Tout en expliquant la situation, le jeune vampire désigna d'un signe de tête un couple de mortels, un peu à l'écart. Ils semblaient très intimidés et surveillaient avec appréhension leur ancien interlocuteur. Dès que le Leader posa les yeux sur eux, ils eurent un léger mouvement de recul. Leur instinct de survie leur dictait de partir à toute jambe, mais ils étaient venus à cette soirée pour en apprendre d'avantage sur les immortels et entendre ce qu'ils avaient à dire, il fallait leur laisser une chance.

— J'arrive, approuva le plus âgé. On se revoit plus tard.

    Sur ces mots, Cyrié s'éloigna des amis de sa bien-aimée.

    Un peu plus tard, Castel, Althéa et leurs enfants s'installèrent sur l'un des canapés, à côté de la vitrine. Pendant ce temps, le Leader bavardait avec de nouveaux convives, à l'autre bout de la pièce. Soudain, il sentit une petite pression sur sa veste. Andora était à côté de lui et tirait doucement dessus. Il jeta un rapide coup d’œil à ses parents adoptifs, qui la surveillaient, puis s'agenouilla en souriant, une main dans le dos de l'enfant.

— Qu'est-ce qu'il y a ma puce ?
— Je peux rester avec toi ? demanda-t-elle, l'air un peu triste.
— Oh, Andora... On discute là, tu vas t'ennuyer, regretta son ancien protecteur.
— Mais c'est pas grave ça ! Je veux juste être avec toi, moi.

    Cyrié soupira, embarrassé. Il voulait aussi passer du temps avec la fillette, mais les discussions auxquelles il se livrait étaient très sérieuses, elle ne pourrait certainement pas y participer, et il n'était pas le seul à décider.

— Ca vous embête si elle reste ? lança-t-il à ses interlocuteurs.
— Heu... Non, pas de problème.
— Merci.

    Andora était ravie. Elle se jeta dans les bras de l'immortel, puis il se redressa. La petite l'étreignit. Ils semblaient tous les deux très heureux d'être ensemble.

— Mais, tu n'as pas peur ? interrogea l'un des invités.
— Ben non, il est gentil Cyrié.

    Autant de spontanéité et de sincérité décontenança les convives. Cette enfant ne semblait pas du tout effrayée par les buveurs de sang et paraissait bien les connaître. S'ils l'avaient attaquée, elle ne se comporterait assurément pas de la sorte. Les propos des vampires  revêtaient peut-être une part de vérité...

    La soirée se poursuivit dans une atmosphère de plus en plus détendue. Au grand plaisir des immortels, quasiment tous les invités étaient arrivés et discutaient paisiblement entre eux, mais aussi avec les Triplés et les buveurs de sang. Soudain, Cyrié se retourna brusquement. Il ne s'était pas trompé. Ce qu'il vit le rendit fou de rage : son second était penché sur Andora, les crocs profondément plantés dans sa gorge.

— Spargas, arrête ça ! ordonna-t-il entre ses dents serrées tout en avançant vers lui d'un pas décidé.

    L'ordre avait été donné grâce à sa voix de Leader, qui forçait tout vampire à qui il s'adressait à se plier à sa volonté. Contre son gré, Spargas s'éloigna donc de l'enfant. Il tenta de lutter contre la consigne, mais en vain, la puissance de son chef était la plus forte. Une fois à bonne distance, il jeta un regard noir à Cyrié qui fit de même, puis sortit de la taverne sans prononcer un mot. Son aîné voulut le suivre, mais Lucrécia se dressa sur son chemin :

— Attends, laisse-moi y aller.
— ... Ok, mais fais attention, céda-t-il à contrecœur après un instant de réflexion, il a l'air bizarre.
— Ne t'inquiète pas, de nous tous, c'est bien à moi qu'il risque le moins de s'en prendre.
— Fais quand même attention.
— Promis.

    Avec l'accord de son Leader, la vampire sortit à son tour, suivant les pas de son compagnon. Cyrié se tourna alors vers Andora. Son expression changea immédiatement, passant de la rage à la compassion et l'inquiétude. Elle était dans les bras de Castel et pleurait à chaudes larmes. L'immortel se mit à sa hauteur, puis lui caressa la jambe :

— Andora... souffla-t-il doucement.

    Lorsqu'elle entendit sa voix, la fillette se blottit dans ses bras et ses pleurs redoublèrent. Il l'enlaça et la serra tendrement contre lui :

— Chut, je suis là, tout va bien, la rassura-t-il paisiblement.
— Pourquoi il a fait ça Spargas, sanglota la petite malheureuse, il est gentil !
— Je ne sais pas ma puce, je ne sais pas...

    Il ne voulait pas la lâcher, mais sa morsure saignait encore énormément.

— Je peux regarder ?

    L'enfant hésita. Elle avait encore peur, mais accepta d'un signe de tête. Cyrié lui écarta légèrement le menton pour dévoiler sa gorge. Il soupira, puis se lécha le pouce avant de le passer doucement sur la morsure.

— Ca devrait te faire moins mal maintenant ?

    Encore une fois, la fillette hocha la tête. La blessure avait cessé de saigné, et le douleur s'était totalement dissipée. Les larmes d'Andora se firent moins nombreuses. L'immortel resta un instant à la contempler.

— Mais pourquoi il a fait ça...? interrogea Lestat.

    Tous les vampires s'étaient approchés de l'enfant. Ils tenaient beaucoup à elle.

— Je n'en sais rien... Ca ne lui ressemble pas de faire ce genre de truc...
— Il a vraiment pété les plombs, résuma Clayde.

    Les immortels ne pouvaient d'être d'accord avec cette remarque. Ils tentèrent de comprendre les motivations de leur congénère, mais aucun n'y parvint.

    Un peu plus tard, les vampires s'efforçaient de calmer les peurs que les actes de Spargas avait réveillées. Pendant ce temps, Cyrié s'était assis aux côté de Castel, Andora sur les genoux. Elle s'était blottie contre lui, et serrait sa peluche favorite dans les bras ‒ un carré de tissu écru, surmonté d'une tête de mouton. Elle avait cessé de pleurer, la présence de son protecteur suffisait à l'apaiser, mais elle se sentait nauséeuse. Ses parents et son frère adoptifs, eux, étaient encore sous le choc. Lors de l'attaque, ils avaient été tellement surpris qu'ils n'étaient pas parvenus à réagir. Soudain, le vampire leva la tête et regarda par-dessus son épaule. A cet instant, la porte de la taverne s'ouvrit doucement et Lucrécia entra discrètement. Elle avait la tête basse et semblait à la fois triste et effrayée. Lorsqu'elle remarque le regard de son Leader sur elle, elle détourna les yeux, ce qui étonna ce dernier. Il pensait déjà connaître la raison de cette réaction, mais il lui fallait le vérifier.

— Il va falloir que je me lève, avertit-il doucement.
— Non, reste avec moi, larmoya Andora qui recommençait à paniquer.
— Je reviens vite, c'est promis.

    A contrecœur, la fillette laissa son protecteur se lever et la confier à son père adoptif. Cyrié se dirigea vers Lucrécia qui se tenait face à Vick, catastrophée. Les autres vampires s'étaient également approchés d'elle.

— Lucrécia...? appela-t-il gravement.

    Plutôt que de répondre, l'immortelle se raidit et détourna encore d'avantage la tête.

— Lucrécia, regarde-moi, insista le Leader, mécontent en pensant à ce que Spargas lui avait fait.

    Elle commença par hésité, puis tourna timidement les yeux vers lui. Ils étaient remplis de larmes de sang.

— Mieux que ça.

    Lentement, elle orienta légèrement la tête vers lui, mais s'arrêta avant de lui faire face et baissa à nouveau les yeux. Cyrié lui saisit doucement le menton et lui tourna le visage. Il ne s'était pas trompé : sa joue gauche était balafrée de quatre profondes griffures. Lorsque ses blessures furent exposées à la vue de son Leader, Lucrécia faillit fondre en larmes.

— C'est lui qui t'a fait ça ?

    L'immortel sentait la rage remonter en lui. Incapable de prononcer un mot, son amie acquiesça d'un léger mouvement de tête. Furieux, Cyrié commença à s'éloigner, mais la vampire lui attrapa le bras pour l'en empêcher :

— Attends ! Je ne sais pas ce qu'il a, il... Il n'est vraiment pas dans son état normal... Il n'arrêtait pas de hurler des trucs qui n'avaient aucun sens, sanglota-t-elle. Il y a quelque chose qui ne va pas...
— Peut-être, mais il va beaucoup trop loin, il est hors de question que je le laisse s'en tirer comme ça !

    Lucrécia relâcha légèrement son ami qui se dégagea immédiatement et sortit de la taverne.

    Dans une autre ville, relativement éloignée, Spargas arpentait les rues, énervé. Soudain, il sentit un autre vampire le rejoindre. Cyrié, les ailes déployées, se posa à quelques mètres de lui. Aucun des deux ne fut ravi de voir l'autre, mais ce fut le plus jeune qui réagit le premier. Il déplia à son tour ses ailes, semblables à celles d'une chauve-souris, et s'envola. Mais son Leader ne l'entendit pas de cette oreille. Beaucoup plus rapide que son second, il lui sauta dessus et le fit tomber à terre. D'une pression à un endroit bien précis, entre ses omoplates, Cyrié replia les ailes de son ami. Spargas tenta de se délivrer de l'étreinte de son aîné qui le saisit par le col, le souleva, et le plaqua violemment contre le premier mur venu.

— Qu'est-ce qui t'a pris de t'en prendre à elles ?!
— Tu le sais très bien !
— Si je le savais, je ne te le demanderais pas !
— Alors ça ! C'est une nuit à noter dans les anal' ! Cyrié qui ne sait pas quelque chose !
— Ne joue pas à ça, grinça l'aîné. Tu ne crois pas que tu m'as déjà assez énervé ?!
— Ouh j'ai peur, railla son cadet.
— Tu devrais.
— Aha ! N'essaie pas de jouer au grand méchant Leader, ça ne te va pas du tout.

    Agacé par le comportement de son second, Cyrié l'écarta et lui fit à nouveau heurter le mur, plus violemment cette fois.

— Maintenant, tu vas arrêter ton petit jeu ! Tu me dois des explications !
— Je ne te dois rien du tout !
— Oh que si !
— Réfléchis un peu et tu le sauras !
— Savoir quoi ?!
— ... Tu crois sérieusement que tu n'as rien à te reprocher...
— Spargas, mais qu'est-ce que tu racontes ?!

    Spargas tenta de maîtriser sa rage, mais la chose lui était de plus en plus difficile.

— Explique-toi !
— Ne joue pas les innocents !
— Mais de quoi tu parles ?!
— Je suis au courant !
— Au courant de quoi ?
— Pour toi et Lucrécia !
— Qu... quoi ?! tenta d'éclaircir Cyrié.
— Tu croyais vraiment que je n'allais pas m'en rendre compte ?!
— Attends là, je suis heureux avec Ulti, et je sais que toi tu l'es avec Lucrécia, alors pourquoi je ferais ça ?!
— Je n'en sais rien, c'est à toi de me le dire !
— Mais puisque je te dis qu'il n'y a rien !
— Arrête de te foutre de moi ! Je vous ai vu tout à l'heure !
— Qu... commença Cyrié avant de comprendre enfin.

    Il soupira, les yeux fermés, excédé. Il regarda à nouveau son meilleur ami d'un visage sévère :

— Elle m'a juste embrassé sur la joue pour me remercier d'avoir organisé la soirée. Elle était contente parce que ça se passait bien, et que si ça marchait, on pourrait peut-être enfin commencer à vivre en paix.
— Quoi ?! Arrête de te foutre de moi !
— Réfléchis deux secondes ! A ton avis, ce ne serait pas son genre de faire ça ?!
— Mais c...

    Spargas prit enfin le temps de réfléchir aux dires de son Leader. Lucrécia aspirait plus que tout à une vie paisible, les propos de Cyrié n'étaient pas si incohérents.

— C'... c'était juste pour ça ? voulut comprendre Spargas, totalement embrouillé.
— Bien sûr ! Tu nous prends pour qui ?! Ils avaient l'air prêts à nous écouter, on avait enfin une chance de faire changer les choses, mais avec tes conneries, ils risquent de ne plus vouloir nous croire quand on leur dit que les vampires ne sont pas si dangereux que ça !
— ... J'ai tout fait foiré, hein ?
— Il y a des chances oui.

    A présent, le plus jeune des deux vampires n'était plus du tout énervé, mais confus et embarrassé. Cyrié, lui, ne s'était pas énormément apaisé pour autant.

— J'ai vraiment été un imbécile... se repentit son ami.
— C'est le moins qu'on puisse dire, oui.

    Spargas avait honte d'avoir réagit de la sorte, sans chercher à comprendre ce qu'il s'était passé. Cyrié le lâcha et s'écarta légèrement de lui.

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
— Tu n'as pas une idée ?
— ... Je suis vraiment désolé...
— Ce n'est pas à moi que tu dois le plus d'excuses !
— Andora...?
— Et Lucrécia.

    Le cadet opina du chef, le regard baissé, en rentrant légèrement la tête dans les épaules.

— Maintenant ?
— Oui. Mais avant qu'on y retourne, je voudrais te rappeler quelque chose : entant que Leader, je dispose d'un droit de cuissage. Alors évidemment, je n'ai pas l'intention de l'utiliser, mais souviens-toi que si je décidais d'aller plus loin qu'un simple baiser avec elle, je serais dans mon bon droit, et vous, vous n'auriez pas votre mot à dire. Toi pas plus que les autres ! Tâche de ne pas l'oublier.

    Spargas acquiesça à nouveau. Il ressemblait à un enfant, devant son père, venant d'être réprimandé après avoir fait une énorme bêtise. Sur ce rappel, les deux vampires s'envolèrent.

    Arrivés devant le Fenryl d'Or, Cyrié retint son second d'entrer.

— Attends une seconde.

    Le Leader appuya contre son épaule pour l'obliger à lui faire face, puis plaça sa main libre sur l'estomac de son cadet. Quelques instants plus tard, un liquide rouge traversa son ventre et forma une sphère qui flotta au-dessus de la main de son aîné. Le phénomène induit un mouvement de recul chez Spargas. De toute évidence, ce n'était pas agréable pour lui. Il reprit rapidement son souffle, puis Cyrié reprit :

— C'est bon, on y va.

    Les deux immortels pénétrèrent dans la taverne. Les yeux de tous les invités se rivèrent sur eux, les discussions cessèrent. Le Leader n'y prêta pas attention et s'avança vers Andora, toujours assise sur le canapé. Il s'accroupit à côté d'elle :

— Ne bouge pas, décréta-t-il. Le sang appelle le sang, que celui de la dénommée Andora, présente devant moi, lui revienne, murmura-t-il, à peine audible.

    La sphère se divisa en filaments qui se dirigèrent rapidement vers la morsure, dans le cou de l'enfant. En quelques secondes, la totalité avait disparut. La fillette sursauta légèrement, mais ce fut fini avant qu'elle n'ait le temps de réagir d'avantage.

— Voilà, tu devrais te sentir mieux maintenant...

    Elle opina. Cyrié lui caressa les cheveux en souriant.

— C'était quoi ?
— Ne cherche pas à savoir.

    En réalité, le vampire avait récupéré le sang que Spargas avait ingurgité et l'avait rendu, indemne, à la petite malheureuse. Expliquer cela aux mortels n'était absolument pas envisageable, et encore moins à une enfant de son âge. Soudain, Andora se jeta sur son ancien protecteur et se blottit contre lui, l'air apeurée. Son second s'était approché et n'était plus qu'à un mètre de l'enfant. Il avait les yeux baissé. Tout son corps exprimait une profonde culpabilité.

— Chut, ne t'inquiète pas, je suis là, la rassura Cyrié en lui caressant le dos. Il ne te fera pas de mal.

    Il sentait la fillette trembler entre ses bras. Le Leader fit un imperceptible signe de tête à son second pour le pousser à s'exprimer. Ce dernier comprit immédiatement.

— Excuse-moi Andora, je suis vraiment désolé...
— Pourquoi tu as fait ça ?! Tu es gentil d'habitude !
— ... Parce que j'ai été très bête. Je me suis imaginé des choses qui ne m'ont pas plu, et ça m'a énervé.
— Mais moi j'ai rien fait ! sanglota la petite
— Non, tu n'as rien fait, c'est uniquement de ma faute... Tu veux bien me pardonner ?

    L'enfant chercha le soutien de son protecteur des yeux. Elle espérait qu'il lui indique la décision à prendre.

— C'est toi qui vois, répondit-il.

    Elle jeta un rapide coup d’œil à Spargas, puis baissa à nouveau les yeux, en pleine réflexion.

— Tu recommenceras pas ? s'assura la fillette.
— Non, c'est promis.

    Le vampire paraissait totalement sincère et rongé par la culpabilité.

— Alors d'accord.

    Soulagé, Spargas souffla enfin et sourit timidement, avant de remercier Andora. Cyrié, lui, n'était pas encore satisfait. Le pardon de l'enfant ne représentait qu'une partie de la repentance de son second. Il hocha légèrement de la tête pour lui signifier qu'il avait bien pris acte de la décision de l'enfant, puis posa les yeux sur Lucrécia, et à nouveau sur Spargas. Ce dernier observa derrière lui et comprit ce qu'il lui restait à faire. Il acquiesça avant de faire volte-face, et avança doucement vers sa compagne. Vick se tenait près d'elle et jeta un regard glacé au son aîné. D'un signe de tête, Cyrié lui fit comprendre de laisser le couple en tête-à-tête, après quoi, elle s'éloigna. D'un petit geste, Spargas invita sa bien-aimée à s'écarter de l'assemblée. Elle hésita et chercha son Leader du regard. Il ne semblait pas y voir d'objection. La vampire accepta et fit quelques pas avec son compagnon, jusqu'à arriver entre le bar et la porte d'entrée. Cyrié se releva, sans quitter le couple des yeux, le visage toujours aussi sévère. Ultimécia s'approcha de lui, plaça une main dans son dos, et contempla elle aussi le couple d'immortels.

— Comm..., commença-t-elle.
— ... Attends, la coupa son bien-aimé.

    Même de là où il était ‒ à l'autre bout de la pièce ‒ il pouvait parfaitement les entendre. Spargas tourna le visage de Lucrécia, qui ne parvenait pas à le regarder. Voir les blessures qu'il lui avait infligées augmenta considérablement son sentiment de culpabilité. Il baissa la tête en soupirant. Les larmes lui montèrent aux yeux.

— Oh, excuse-moi ma chérie... Je t'ai vu l'embrasser, et j'ai cru que... Oh mais qu'est-ce qu'il m'a pris de penser ça ? J'ai vraiment été le pire des imbéciles... Je n'ai vraiment aucune excuse... Je t'aime, je t'aime tellement... Je n'aurais jamais dû te faire ça... Excuse-moi Lucrécia, excuse-moi...

    Il avait de plus en plus de mal à retenir ses larmes de sang, et sa voix commença à trembler. Il ferma les yeux et posa le front contre les cheveux de sa dulcinée. Tous les deux étaient sur le point de pleurer, mais il valait mieux qu'ils évitent cela. En effet, les larmes des vampires étaient composées exclusivement de sang. Voir deux immortels avec les joues zébrées de ce liquide épais et rouge provoquerait une panique générale après les actes de Spargas. Le couple s'enlaça avec émotion. Cette réaction de la part de Lucrécia suffit à son Leader. Il porta son attention sur sa compagne et plaça, lui aussi, la main dans son dos.

— Désolé. Tu disais ?
— Je voulais savoir comment ça s'était passé.
— Comme tu peux l'imaginer...
— Pourquoi il s'en est pris à elles ?
— Il a vu Lucrécia m'embrasser sur la joue pour me remercier pour la soirée, et il s'est imaginé qu'il y avait quelque chose entre elle et moi.
— Quoi ?! Mais c'est ridicule !
— Ouais...
— ... Et... Tu l'as déjà puni ?
— Non. Je lui ai dit qu'on réglerait ça après la soirée. Pour l'instant, le plus important, c'était de calmer les esprits ; si je l'avais fait avant de revenir, ça risquait d'effrayer tout le monde.
— Mmh... Ne sois pas trop sévère quand même, s'il a fait ça, c'est parce qu'il tient à elle. Il a eu peur de la perdre.
— On verra...

    Même s'il pouvait comprendre les motivations de son congénère, Cyrié estimait que cela ne justifiait pas la violence dont il avait fait preuve, il serait donc sanctionné, mais la sévérité de la punition dépendrait de l'état d'esprit des mortels quand ils partiraient.
    Soudain, quelque chose alerta tous les vampires, qui levèrent simultanément la tête, aux aguets.

— Eloignez-vous de la porte, vite ! ordonna le Leader.

    Les invités, déboussolés, ne réagirent pas immédiatement, mais obéirent. Les immortels, eux, se regroupèrent entre l'entrée et le convives, Cyrié en tête. A peine s'étaient-ils mis en place que la porte s'ouvrit dans un grand fracas. Tout un groupe de chasseurs de primes pénétra dans la taverne, les armes à la main. A l'instant même où ils entrèrent, l'aîné des immortels déploya ses larges ailes pour leur dissimuler le reste de la salle. Pris par surprise, les assaillants stoppèrent net leur intrusion.

— Tu as organisé un buffet à volonté ou ce sont vos alliés ?
— En quoi ça te concerne ?
— Dans ce cas, tu devrais te pousser, que je les note sur notre liste, provoqua l'un des intrus.
— C'est toi qui va finir sur la mienne.
— Ouh...
— Dégagez d'ici !
— Oh... On a entendu dire qu'il y avait une petite soirée ici, on voudrait bien en profiter un peu.
— Je ne me souviens pas que vous ayez été invités.
— Oh, un simple oubli, et c'est pour ça qu'on est là : pour le corriger.
— Vous n'avez rien à faire ici.
— Au contraire !

    Cette réponse donna le signal aux autres chasseurs de primes, qui firent tous apparaître des croix. Cyrié, affaiblit et endolorit, recula d'un pas en se recroquevillant légèrement, les yeux à demi clos tant il avait de mal à lutter contre la douleur. Les agresseurs de jetèrent sur lui. En un éclair, il replia ses ailes, trop fragiles et encombrantes pour un combat rapproché. Il se saisit de son katana, toujours dans son dos, et para plusieurs attaques. Ses congénères voulurent se joindre à lui, mais des chasseurs de primes se détachèrent du groupe et les attaquèrent à leur tour. Alors que les vampires livraient bataille contre leurs ennemis de toujours, tous les invités les observaient, désorientés par cette agression si soudaine, violente et injustifiée. Il ne fallait surtout pas que des innocents soient blessés, mais faire preuve de trop d'agressivité risquait de les effrayer. Plus le combat durerait, moins la chose serait aisée.

— Regroupez-les, ordonna mentalement Cyrié à ses congénères.

    En un rien de temps, les immortels parvinrent à réunir les assaillants au centre de la pièce. Le Leader sauta au milieu de la mêlé, puis, accroupi par terre, écarta brusquement les bras. Des ombres prirent forme sous ses pieds et s'élargirent pour envelopper tous les chasseurs de primes. Les vampires s'écartèrent légèrement. En un instant, les alliées des immortels avaient formé une grande sphère qui flottait au-dessus du sol. Une poignée de secondes plus tard, elle se rétracta jusqu'à disparaître totalement, emportant avec elle toute trace du combat qui venait de se mener. Cyrié retomba au sol, dans une chute parfaitement maîtrisée. A peine était-il de retour que quelque chose dans son dos l'affola. A côté de la vitrine, Ethan souffrait. Assit sur l'un des canapés, il était penché au-dessus de la table en se tenant la poitrine, le bras gauche replié contre lui, la respiration extrêmement difficile, le teint livide. Son rythme cardiaque était totalement chaotique. Les immortels avaient immédiatement entendu tous ces symptômes et les avaient parfaitement compris. Le Leader s'était déjà précipité à son chevet et tentait d'écarter légèrement la main droite du malade de son cœur, afin d'y glisser la sienne.

— Laisse-toi faire, conseilla le vampire d'une voix calme et apaisante.

    Il parvint à poser sa propre main contre la poitrine du jeune homme, puis plissa un peu les yeux, concentré. Durant un moment, qui parut interminable, l'immortel ne détourna pas le regard du thorax du malade. Plus le temps s'écoula, plus Ethan semblait s'apaiser. Sa respiration et son cœur retrouvèrent un rythme presque normal, tandis que la douleur qu'il éprouvait se dissipa. Les choses étant quasiment revenues à la normale, Cyrié retira doucement sa main.

— Ca va mieux ? s'inquiéta-t-il.

    Encore sous le choc et dans l'incapacité de prononcer un mot, le jeune homme opina faiblement.

— Merci... souffla-t-il difficilement.
— Pas de quoi... Mauvais souvenirs, murmura le vampire.

    Encore une fois, Ethan répondit par la positive. Beaucoup plus discrètement cette fois. L'immortel fit de même avant de baisser les yeux. Il venait de faire appel au même pouvoir que celui qui avait causé la mort de tous les collègues du jeune homme, et qui l'avait rendu aussi gravement cardiaque. Cyrié se sentait toujours aussi coupable de lui avoir causé de tels problèmes.

— Tu devrais t'allonger un peu, ça te fera du bien.

    Althéa, assise à côté de son fils, avait totalement paniqué durant sa crise, mais maintenant qu'elle le pouvait, elle souhaitait l'aider. Elle poussa Ethan à suivre les recommandations, pleines de bon sens, du vampire. Avec le soutien de l'immortel, elle l'aida à s'allonger sur le confortable canapé. La mère leva ensuite les yeux vers Cyrié et le remercia du regard. Il hocha la tête. S'il devait recommencer, il le ferait sans la moindre hésitation. Le buveur de sang se détourna alors de la petite famille et fit quelques pas vers l'assemblée qui n'avaient pas perdu une miette de ce qu'il s'était passé. Ultimécia s'était approchée et posa la main sur le torse de son bien-aimé, tout en regardant le pauvre Ethan, inquiète et désolée pour lui. Le vampire prit la main de sa dulcinée dans la sienne, puis lui chuchota, suffisamment fort pour que tous puisse l'entendre :

— Il vaudrait mieux le laisser tranquille.

    Après cela, la réunion se poursuivit, beaucoup plus calmement. Plusieurs demandèrent des explications sur les événements qui s'étaient déroulés devant eux, à quoi les immortels répondirent du mieux possible, sans toutefois dévoiler trop d'informations pouvant être retournée contre eux.
    Un quart d'heure après la crise cardiaque d'Ethan, sa famille et lui se leva et s'approcha dans le dos de Cyrié. Ultimécia était auprès de lui.

— On va y aller nous. Il se fait tard et Ethan à besoin de se reposer, prévint Althéa.

    A côté d'elle, son fils peinait à se tenir debout et Castel portait Andora, quasiment endormie dans ses bras.

— Bien sûr. Encore merci d'être venus, répondit l'immortel.
— Il n'y a pas de quoi.
— Désolé que ça ait tourné comme ça...
— Ce n'est pas de ta faute, il fallait bien les arrêter, l'absolut le jeune malade.
— Fais bien attention à toi.
— Oui...
— On va bien s'occuper de lui, assura Castel.

    Cyrié hocha la tête, puis salua la famille. Ultimécia fit de même et les raccompagna à la porte. Après leur départ, d'autres invités prirent congé, rapidement imités par de nouveaux convives. Après une heure, il restait plus que les vampires et les Triplés au Fenryl d'Or. La première réunion d'information était à présent achevée. Lors de leur départ, la quasi totalité des mortels semblaient avoir changé d'opinion, au moins, en partie, sur les buveurs de sang. Mais cela n'était-ce qu'une impression ou la réalité ? Seul le temps pourrait répondre à cette question.

Dernière modification par ultimecia (2014-01-12 15:43:15)


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#367 2014-01-19 18:40:40

clicou
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Re: Les Histoires des Ténèbres

ça y est je l'ai enfin lu ^^

Il va vite en besogne le Spargas ...
ça à du être assez traumatisant pour Andora

Sinon j'aime toujours autant et j'espère que Ethan va vite se rétablir ^^


Présente très sporadiquement ... comme beaucoup j'imagine
Des mâles pleins de couleurs

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#368 2014-01-19 19:29:05

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Coucou Clicou ^^

Oui, pour le coup, Spargas a vite tiré des conclusions, alors qu'il connait très bien Cyrié et Lucrécia, il aurait dû savoir dès le départ que ça ne pouvait pas être ça, mais bon... Il l'aime tellement sa Lucrécia :p

Je crois qu'il n'y a pas trop à s'en faire pour Andora, elle est bien entourée et tout le monde l'a bien réconfortée ;)


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#369 2014-02-01 14:02:07

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Désolée pour le retard, je croyais avoir posté le dernier chapitre une semaine plus tard Catitiz_PDT_28


Rester Maître de Soi (suite)


Epilogue


    Quelques semaines plus tard, le congé auquel Ethan avait eu droit arriva à son terme. Il lui fallait maintenant prendre une décision. Gravement cardiaque, le jeune homme ne pouvait décemment pas rester chasseur de primes ; s'il recevait à nouveau l'ordre de se rendre sur le terrain, il ne faisait aucun doute qu'une nouvelle crise l'assaillirait. De plus, il savait à présent que la plupart des choses que ses chefs et instructeurs lui avaient enseignées étaient soit fausses, soit honteusement détournées. Cela lui déplaisait au plus haut point. Dans ces conditions, comment persister dans cette voie ? Mais un problème de taille se présentait à lui : pour les chasseurs de primes, la démission n'était pas envisageable. Comment quitter son poste sans s'attirer les foudres de tous ses collègues ? Ils se retourneraient irrémédiablement contre lui, or il n'était pas en mesure de leur tenir tête, encore moins maintenant que son cœur était fragile. Ethan avait abordé le sujet avec Cyrié lors de la réunion d'information. Ce dernier s'était inquiété de l'avenir qu'envisageait le jeune homme. Le vampire ne pouvait qu'approuver son aspiration à changer de profession et connaissait lui aussi les embûches qui se dresseraient sur le chemin pour y parvenir. L'immortel avait donc proposé son aide pour lui éviter trop de désagréments. Ethan avait tout d'abord hésité, de peur que cela n'attire de nouveaux problèmes à Cyrié, mais après réflexion et de bons arguments du buveur de sang et de ses parents, il avait finalement accepté.
    Les deux complices s'étaient donnés rendez-vous non loin du quartier général du jeune homme. L'immortel se tenait à une distance suffisante pour ne pas être découvert trop rapidement, mais suffisamment proche pour pouvoir intervenir. Ethan pénétra dans le bâtiment. Le vampire, lui, surveillait d'une oreille attentive tous les agissements alentours. Le jeune homme se rendit dans le bureau de son supérieur. Ce soir-là, Ethan n'avait pas revêtu son uniforme, ce qui déplu fortement à son chef. Suivant les conseils de Cyrié, il évita les chemins détournés et les allusions pour s'exprimer de la façon la plus explicite possible. Le responsable du clan écouta toute l'argumentation de son subordonné sans prononcer un mot, mais plus le temps passait, plus sa colère grandissait. Lorsque le jeune homme eut terminé, le meneur acquiesça, prétendit comprendre les raisons qui poussaient Ethan à quitter ses rangs, et lui souhaita une bonne continuation. Après cet échange d'aimables banalités, le jeune homme quitta le bureau, mais à peine fut-il dans le couloir, que son ancien supérieur fit circuler la nouvelle. Avant qu'il ne parvienne à la sortie, tout le clan avait déjà été informé. Sa décision déplut à tous. Alors qu'il allait franchir la porte de sortie, des gardes bloquèrent le passage au jeune malade. Des chasseurs de primes se placèrent à l'extérieur, derrière eux, tandis que d'autres s'approchèrent subrepticement d'Ethan. Ils semblaient tous près à dégainer leur arme. Il ne s'était pas encore écoulé une minute depuis l'annonce de son départ que le jeune homme était déjà la cible de ses anciens collègues. Il savait qu'ils lui en voudraient et le lui feraient amèrement regretter, mais il ne s'était pas attendu à ce que leur réaction soit si rapide.

— Il parait que tu veux nous quitter ? l'apostropha l'un des gardes.
— Oui. Je suis cardiaque maintenant, je ne peux pas continuer à être chasseur de primes, mon cœur ne le supporterait pas.
— Et tu crois que c'est une raison ? gronda un autre.
— Ben, oui. A quoi je vous servirais si je fais une crise dès qu'on m'envoie quelque part ?
— Il n'y a pas que le terrain, fit remarquer un nouveau chasseur de primes.

    Le groupe s'approchait de plus en plus d'Ethan qui sentait que la situation ne tarderait pas à se dégrader considérablement. Les battements de son cœur commencèrent déjà à s'accélérer.

— Tu sais aussi bien que moi qu'il n'a aucun moyen d'y échapper. Quelque soit notre poste, on est toujours susceptible d'y être envoyé, riposta le démissionnaire. Il n'y a aucun poste sûr.
— En fait, c'est juste que tu as peur d'y retourner, avoue.
— Si j'y retourne, j'y reste, et ça, je n'y tiens pas vraiment. Je suis encore trop jeune pour mourir.
— Quand on est chasseur de primes, on le reste. On ne démissionne pas de ce genre de boulot, souffla le deuxième garde, menaçant.
— Mais je n'ai pas le choix !
— On a toujours le choix ! s'emporta l'un des hommes.
— Tu comprendras que là, nous non plus, on n'a pas le choix. On ne peut pas te laisser partir comme ça...

    Ethan sentait ses anciens collègues s'approcher de plus en plus. Beaucoup trop à son goût. La panique commençait déjà à le gagner. Soudain, l'un des gardes se jeta sur lui, l'épée brandie au-dessus de sa tête, mais tomba lourdement au sol, aux pieds du jeune homme. Cette chute surpris tout le monde. Ethan fit un petit pas en arrière, les yeux rivés sur le corps inerte. Il n'eut pas le temps de réaliser que Cyrié était intervenu qu'une nouvelle attaque survint. Le vampire repoussa chaque agresseur, les uns après les autres, tout en restant à distance. Personne ne comprit qu'il était responsable. Une fois la majorité des assaillants à terre, les chasseurs de primes restants prirent enfin le temps de réfléchir à la situation. Tous ceux qui avaient tenté de s'en prendre à Ethan étaient morts en une fraction de seconde, sans qu'il n'ait esquissé le moindre geste ou eut recours au plus petit pouvoir. Etait-il réellement la cause de cette tuerie ? Certainement pas. Ce n'était pas dans ses capacités. Quelqu'un agissait pour son compte et, visiblement, n'avait pas l'intention de laisser quiconque s'en prendre au jeune malade.

— Laissez-moi partir, les conjura-t-il dans un mélange de peur, de tristesse, de découragement, et de supplique.

    Il n'aspirait qu'à une vie paisible et ne souhaitait la mort d'aucun de ses anciens collègues, mais s'ils ne le laissaient pas les quitter, il savait que les choses ne s'arrêteraient jamais. Il serait constamment harcelé, et beaucoup y perdrait la vie, mais il ne pouvait rien y faire, cela ne dépendait que d'eux.
    Finalement, ceux qui tentaient encore de le retenir s'écartèrent pour lui libérer un chemin vers la sortie. Ethan hésita. Avaient-ils compris ? Le laisseraient-ils en paix ? Ou n'était-ce qu'une supercherie en vue de l'attaquer de plus belle ? D'un pas peu assuré, le jeune homme s'avança entre les chasseurs de primes. Il parvint enfin à l'extérieur. Il s'éloigna doucement et se retourna pour faire une dernière fois face à ses anciens collègues. Le dernier regard qu'il leur adressa sembla les remercier de ne pas avoir tenté de le retenir d'avantage. Après quoi, il se téléporta pour rentrer chez lui.
    Cyrié, lui, resta quelques instants sur place et observa, l'oreille tendue, les réactions des chasseurs de primes. Une fois assuré que personne ne suivrait le jeune homme, il insinua une dernière pensé dans l'esprit de ses ennemis « ne vous en prenez pas à lui ou vous mourrez » puis il quitta lui aussi les lieux.


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#370 2014-02-04 15:23:29

estridus
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Superbe passage. J'ai bien cru qu'un chasseur allait l'attaquer par derrière, rassurée... tout est rentré dans l'ordre.

Bravo :)

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#371 2014-02-04 17:47:13

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Coucou Estri ^^

"tout est rentré dans l'ordre"... Oui, mais le pauvre Ethan restera marqué à vie par sa rencontre avec Cyrié :,(

En tout cas, merci d'être passée et d'avoir laissé un petit mot, ça me fait toujours plaisir :D (surtout que c'est toujours super gentil ce que tu me dis ^^)

Dernière modification par ultimecia (2014-02-04 17:47:40)


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#372 2014-02-15 16:30:08

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Hehe! Nouveau chapitre pour une nouvelle histoire ^^


Noblesse


1 – Un fournisseur pas comme
les autres



    La routine s'était à nouveau installée au Fenryl d'Or. L'excellente réputation de la taverne s'étendait de plus en plus, si bien que le nombre de clients ne cessait de croître. Ultimécia fut forcée de faire appel plus régulièrement à ses frères pour lui prêter main forte ; bien souvent, elle ne parvenait pas à gérer la totalité de la taverne à elle seule. La jeune femme était ravie, mais épuisée par un tel succès.
    Une nuit, après avoir fermé son établissement, elle se rendit dans sa chambre. A peine entrée, elle se laissa tomber sur son lit. Malgré l'heure tardive, elle ne s'endormit pas immédiatement. De puissantes mains froides se glissèrent le long de son dos et commencèrent à la masser délicatement. Un pur délice. Ultimécia tourna la tête et sourit à son visiteur.

— Tu travailles trop en ce moment, tu es complètement tendue, fit doucement remarquer Cyrié.
— La rançon de la gloire, plaisanta la jeune femme somnolente.

    Les deux amoureux restèrent un moment silencieux, la mortelle savourant le contact des mains de son bien-aimé.

— Ca m'a manqué ces derniers temps... regretta-t-elle.
— A moi aussi... Il faut dire qu'on est pas mal occupé en ce moment... On ne se voit pas beaucoup...
— Oui... Mais la taverne est pleine tous les soirs, je ne pourrais pas me permettre de fermer toute une nuit en ce moment, et je me vois mal demander à mes frères de s'en occuper tous seuls...
— Ce n'était pas un reproche, la rassura gentiment le vampire.

    Mais il sentit que sa dulcinée avait l'esprit tourmenté. Elle semblait réfléchir à quelque chose d'important.

— Qu'est-ce qui te tracasse ?
— Oh, heu... Rien...
— Tu sais que tu peux tout me dire.
— ... En fait, avec tout ce monde, mes réserves ont littéralement fondue, il va falloir que je les refasse.
— Et où est le problème ? Tu n'as pas de fournisseurs réguliers ?
— Si, il y en a même de nouveaux qui se proposent régulièrement, et, j'ai déjà pris rendez-vous avec mon plus gros fournisseur.
— Dans ce cas, pourquoi ça te tourmente à ce point ?
— Et bien, parce que... En général, je m'arrange pour envoyer Santa ou Millénias à ma place, mais cette fois, ils ne peuvent pas, donc... J'ai un peu peur d'y aller... avoua-t-elle, gênée.
— Il ne faut pas, voyons. Tu le connais ton fournisseur, non ? Il n'y a pas à avoir peur. Et puis... Tu sors avec le plus dangereux vampire encore en vie, tu ne vas tout de même pas avoir peur d'un simple fournisseur d'alcool ? tenta de dédramatiser Cyrié.
— Je sais, c'est stupide, mais lui, il m'a toujours intimidé...
— ... Tu veux que je t'accompagne ?

    D'abord surprise par cette proposition, Ultimécia prit le temps de la réflexion.

— Ca me rassurerait, mais...

    Elle ne trouvait pas les mots pour signaler au vampire que sa simple présence avait toutes les chances d'effrayer son fournisseur. L'immortel le savait pertinemment et la soulagea de cette inquiétude :

— Je peux prendre une autre apparence si tu veux.
— M... merci.
— Allez, arrête de t'inquiéter pour ça, il faut que tu dormes maintenant.

    Il n'eut pas besoin de le répéter une seconde fois. En quelques instants, Ultimécia glissa dans les bras de Morphée.

    La semaine suivante, la jeune femme faisait les cents pas dans sa chambre. Elle avait laissé la taverne aux mains de ses frères le temps de rencontrer son fournisseur. Pour l'occasion, elle avait revêtu une magnifique robe en satin noir. Le haut cintré formait un décolleté en V qui aurait fait chavirer n'importe quel homme, les petites manches reposaient sur le côté de ses épaules délicates, et la jupe, évasée, tombait légèrement jusqu'à ses genoux. De fines coutures laissaient imaginer qu'une ceinture délicate entourait la taille de la jeune femme, lui donnant une silhouette encore plus féminine. Elle avait également assorti des belles chaussures à talon à sa tenue. Elle portait le collier que son bien-aimé lui avait confectionné pour l'un de ses anniversaires, ainsi qu'un petit bracelet en argent.

— Très jolie, retentit une voix dans son dos, près de la porte.

    Cyrié était arrivé et lui souriait chaleureusement. Quelques jours après qu'il lui ait proposé de l'accompagner, Ultimécia l'avait recontacté pour lui faire savoir qu'elle préférait qu'il ne change pas d'apparence. Leur relation faisait l'objet d'un certain nombre de rumeurs après tout. Malgré cela, la jeune femme lui avait demandé de rester dans l'ombre et de ne se dévoiler que s'il ne percevait aucune mauvaise pensée ou peur à l'encontre des vampires. De cette façon, elle se sentirait en sécurité en le sachant près d'elle, sans toutefois déclencher une panique irréversible ‒ qui lui vaudrait également la perte de son principal fournisseur. Suivant les recommandations de sa dulcinée, le vampire aussi avait fait un effort vestimentaire. Il portait un costume sobre noir, dont les revers en satin rouge s'accordaient à merveille avec sa chemise de la même teinte, dont les surpiqûres étaient, à l'inverse, noires.

— Merci.

    Angoissée, Ultimécia se blottit contre son bien-aimé. En cet instant, elle avait besoin de sentir son contact, ses bras, son parfum. Elle fut immédiatement soulagée.

— Ne t'inquiète pas, je suis là maintenant, la rassura-t-il.
— Oui... Je me sens bête d'avoir peur comme ça, soupira la jeune femme, on dirait une petite fille...
— Moi je trouve ça mignon.
— C'est bien ce que je dis : une enfant, c'est mignon, mais moi, je n'en suis plus une, donc ça ne l'est plus.
— Arrête de penser à ça, lui susurra-t-il en lui caressant le dos. On va y aller, tu vas refaire tes stocks, et tout va bien se passer.

    Elle opina, toujours la tête posée contre le torse du vampire.

— C'est juste que, comme ce sont des gens importants, ça me fait toujours stresser...
— C'est pour ça qu'en général, tu t'arranges pour envoyer tes frères.
— Oui, eux, ça ne les met pas dans cet état...

    La jeune femme s'écarta légèrement, et remarqua la tenue de son bien-aimé.

— Tu es très beau comme ça, le complimenta-t-elle en caressant son col.
— Merci. Tu m'avais dit qu'on n'allait pas chez n'importe qui, alors j'ai fait un petit effort.
— Merci de l'avoir fait.

    Elle resta encore un instant à le contempler, puis se saisit d'un petit sac, posé sur son lit, assorti à sa robe.

— Bon. Il faut qu'on y aille, on va finir par être en retard, affirma-t-elle pour accompagner son geste.

    Cyrié acquiesça puis sa dulcinée les téléporta tous les deux devant un superbe manoir. L'entrée principale était surmontée d'une tour plate. Une autre, quant à elle, arrondie, bordait l'une des extrémités de l'édifice, tandis qu'une annexe était accolée au côté opposé. De grandes fenêtres perçaient les murs sur deux étages. En hauteur, deux petites constructions triangulaires, dans la continuité de la façade, elles aussi garnies de fenêtre, débordaient sur le toit en ardoise noire.

— C'est bon, je peux rester avec toi, murmura Cyrié à l'oreille de sa dulcinée.

    Elle inspira profondément pour se donner du courage, puis poussa l'interrupteur de la sonnette. Un homme à la silhouette élancée ouvra. Il portait une chemise blanche à col italien, retenu par une cravate noire. Par-dessus se trouvait un gilet gris à la doublure en satin noir, fermé par des boutons, eux aussi, noirs, en partie dissimulé par une veste de costume au col large faisant partie du même ensemble que le pantalon, ébène, et terminé par des chaussures vernies tout aussi sombre. Il s'agissait du majordome de la résidence.

— Entrez, les invita-t-il.

    Il accompagna ses paroles d'un geste du bras, qu'il écarta amplement, libérant l'entrée et leur dévoilant le chemin de sa main gantée de satin blanc. Le couple s'exécuta. A la grande surprise d'Ultimécia, l'homme ne sembla pas avoir de réaction en apercevant Cyrié. N'avait-il aucune crainte ou était-il extraordinairement professionnel ? Une fois à l'intérieur, les deux amoureux se retrouvèrent dans un grand vestibule. Un immense escalier en marbre blanc leur faisait face. Alors que le majordome refermait la porte derrière eux, une domestique remarqua le vampire et se mit à hurler. Immédiatement, d'autres firent leur apparition. Leur supérieur se précipita vers elle et ordonna qu'on l'éloigne. Ses subordonnés obéirent instantanément. Cette réaction correspondait très exactement à celle qu'Ultimécia avait tant redoutée. Son compagnon, quant à lui, demeurait très calme et posa délicatement la main dans le bas du dos de sa dulcinée afin de l'apaiser.

— Quel est ce vacarme ? retentit une voix relativement grave, du haut de l'escalier.

    Un homme d'âge moyen les observait de là-haut, le dos très droit, une main posée sur le garde-fou, à côté des marches. Il avait lui aussi endossé un costume très élégant, sombre, visiblement ajusté sur mesure, accompagné d'une chemise blanche au petit col relevé.

— Ah... Je vois, affirma-t-il en découvrant la présence du vampire.

    Etrangement, lui non plus ne semblait pas effrayé par sa présence.

— Comte, salua le buveur de sang en s'inclinant légèrement.
— Toutes mes excuses Monsieur, se repentit son serviteur en faisant une révérence, alors que son maître descendait doucement les marches.

    Il avait une élégance, une prestance et une assurance à toute épreuve qui pouvaient à elles seules justifier l'intimidation qu'il inspirait à Ultimécia.

— J'aurais dû me douter que tu étais responsable. Cela t'amuse d'effrayer mes domestiques ?

    Cette remarque n'avait pas été formulée sur un ton de critique, mais d'amusement.

— Ce n'était pas volontaire, s'excusa Cyrie, détendu et souriant. Nouveau personnel ?
— Oui. Désolé de cet accueil, elle aurait dû être prévenue, reprocha leur hôte à son majordome.
— Nous l'avons fait, mais elle ne semblait pas vouloir nous croire, se justifia ce dernier.
— Maintenant, ce sera chose faite, le soutint l'immortel en plaisantant.
— Espérons-le... Ravi de vous revoir Ultimécia.
— C'est partagé.

    La jeune femme avait été brutalement ramenée à la réalité. Au moment où le comte s'était adressé à elle, elle était perdue dans ses pensées et tentait de comprendre la situation. Le noble et son majordome ne redoutait pas Cyrié, dont la réputation était pourtant connue de tous, au contraire, ils plaisantaient avec lui. Le vampire paraissait étrangement familier envers eux. Comment pouvait-il savoir que la domestique était une nouvelle venue ? Son employeur avait parlé de l'avertir, la visite du vampire n'était donc pas la première, cela avait certainement déjà dû se produire à plusieurs reprises ?

— Vous êtes toujours aussi ravissante, complimenta l'aristocrate.
— Merci, répondit la jeune femme, encore plus impressionné par son hôte.
— C'était donc toi son accompagnateur...
— Et oui.
— Les rumeurs à votre sujet sont donc avérées ?
— Possible, sourit le buveur de sang d'un air complice, tout en plaçant une main sur la taille de se bien-aimée.

    Il la contemplait avec des yeux amoureux. Il confirmait ainsi les dires de leur hôte, sans pour autant le formuler haut et fort. L'expression de l'immortel eut le mérite d'apaiser légèrement Ultimécia. Son regard avait très régulièrement cet effet sur elle. Après quelques instant de silence, le comte reprit :

— Si nous passions à la raison de votre visite ? les invita-t-il en accompagnant ses paroles d'un petit geste de la main.

    Le couple acquiesça, puis, accompagnés du noble et son serviteur, commencèrent à marcher. Quand l'aristocrate arriva au niveau de Cyrié, il lui glissa amicalement :

— Tu es très élégant dans cette tenue, n'hésite pas à revenir vêtu de la sorte.
— J'essayerai d'y penser, rit le vampire.

    Le petit groupe s'avança jusqu'à arriver au niveau d'un vieil escalier de pierre.

— Tu ne m'avais pas dit que tu le connaissais, chuchota discrètement remarquer la jeune femme à son compagnon, alors qu'ils descendaient les marches.
— Tu ne m'avais pas dit que c'était ici qu'on venait.
— Pas faux...

    Le sous-sol semblait encore plus grand que le manoir. Tout semblait avoir été taillé dans la pierre. Sur les murs étaient fixés des torches, ce qui permettait de distinguer les moindres détails des lieux. D'abord, un grand espace constellé de piliers qui soutenaient un plafond incurvé, sur les côtés, des ouvertures dans les parois, tantôt de simples portes, tantôt des voûtes dévoilant l'entrée de couloirs. Les trois mortels et le buveur de sang pénétrèrent dans l'un d'eux. Après une vingtaine de mètres, ils s'arrêtèrent et se tournèrent sur leur droite, puis le majordome passa devant son maître pour ouvrir la lourde porte qui leur faisait face.
    A peine eurent-ils pénétré dans la nouvelle salle que des lumières s'allumèrent et illuminèrent des dizaines d'immenses étagères en bois, sur lesquelles reposaient des bouteilles de toutes sortes. Leur taille, leur couleur, leur forme ainsi que leur contenu offraient une diversité stupéfiante. A cet instant, les rôles s'inversèrent : Ultimécia oublia totalement toutes ses craintes et ses angoisses pour gagner une assurance à toute épreuve, tandis que Cyrié observa autour de lui, impressionné par une telle profusion d'alcool. La jeune femme progressa le long des étagères, suivie de près par le majordome. Au fur et à mesure, elle lui indiquait quelles boissons elle désirait et en quelle quantité. Elle faisait preuve d'un très grand professionnalisme, parlait de façon claire, nette et précise et savait très exactement ce dont elle avait besoin. Le comte et le vampire restèrent légèrement en retrait. L'aristocrate écoutait d'une oreille attentive la commande de la tenancière, sans opposer la moindre objection.
    Au bout d'un quart d'heure environ, le domestique avait pris note de tout ce qu'elle souhaitait acheter.

— Bon... Je crois qu'on a fait le tour, fit-elle doucement en se remémorant le contenu de ses réserves.
— Avez-vous trouvé tout ce dont vous aviez besoin ? interrogea le noble.
— Je crois, oui... Ah non ! Millénias m'avait parlé d'alcools aromatisés que vous lui auriez proposés la dernière fois ?
— Exact ! Il n'avait pas osé en commander sans votre permission.

    Le petit groupe se rendit un peu plus loin. D'autres étagères avaient été disposées un peu à l'écart. Toutes les bouteilles qui y étaient rangées provenaient de nouvelles cuvées, produites par le comte lui-même. De nombreux parfums agrémentaient les différents alcools dans des combinaisons aussi originales que savoureuses. Ultimécia eut l'opportunité d'en déguster plusieurs, et fut très agréablement surprise de leur goût.

— Vraiment délicieux...
— Merci.
— Je vais vous prendre ceux à l'abricot, à la framboise, et... Au citron, citron vert... Les autres aussi sont excellents, mais je pense que ce sont ceux-là qui plairont le plus à mes clients. Si ça marche bien, j'en prendrai d'autres la prochaine fois.
— Parfait, approuva le comte, très satisfait de l'engouement dont la jeune femme faisait preuve.
— Combien en voulez-vous ?
— Oh, heu... Trois de chaque, je pense que ça suffira pour un premier essai.
— Très bien.
— Désirez-vous encore quelque chose ?
— Non, cette fois, ce sera bon. Avec tout ça, ça devrait suffire pour quelques temps.

    Le petit groupe commença a rebrousser chemin. Quelques mètres avant d'arriver à la sortie, le comte s'arrêta.

— Auriez-vous encore un peu de temps ?
— Bien sûr, nous avons toute la soirée.
— Dans ce cas, je souhaiterais encore vous montrer quelque chose, en particulier à toi Cyrié.
— Ah ? s'interrogea l'intéressé. Quoi donc ?
— Tu vas voir.

    Le noble chuchota quelque chose à son employé. Cyrié entendit très distinctement la consigne qu'il lui donnait, mais n'en divulgua pas un mot, se contentant de sourire discrètement. Le majordome continua sa route et sortit de la réserve, la commande d'Ultimécia à la main. Son employeur, quant à lui, s'approcha du mur, sur sa gauche. Le couple le suivit. Dans l'angle de la pièce se trouvait une porte en bois sombre. Elle semblait très ancienne.

— Peu de temps après ta dernière visite, nous avons subit un violent tremblement de terre, commença à expliquer l'aristocrate tout en avançant. Lorsque les domestiques ont vérifié l'état de cette cave, ils ont découvert qu'un fragment du mur avait cédé et avait dévoilé du bois. Or, nous savons avec certitude que ce matériau n'a pas été utilisé, ni dans la construction de cette demeure, ni de ses fondations, nous avons donc trouvé cela très étrange. Après un certain temps, nous avons réussi à dégager cette porte. Mais nous nous sommes retrouvés face à un obstacle de taille : elle était verrouillée et nous ignorions où trouver la clé qui permettrait de l'ouvrir. Dans l'ignorance de ce qu'elle renfermait, nous avons jugé préférable de ne pas utiliser de magie ou d'explosif pour la faire céder.
— Vous ne m'aviez pas parlé d'une clé que vous aviez depuis des générations, et dont tout le monde ignorait la provenance et l'utilité ? se rappela Cyrié.
— Effectivement ! Bravo pour ta vélocité d'esprit, nous avons eu besoin de beaucoup plus de temps pour y songer. Elle semblait aussi ancienne que la serrure de cette porte, nous avons donc tenté de l'utiliser...

    Le comte sortit alors une vieille et grande clé en métal, en partie rouillée, de la poche intérieure de son veston.

— Et ça a marché ? incita le vampire, face au suspens que le comte laissait planer.
— Oui.

    Le noble inséra l'objet dans la serrure qui lui faisait face et la fit doucement tourner. Le bruit de plusieurs loquets se déplaçant se fit entendre.

— Et quelle surprise nous avons eu en découvrant ce qu'elle dissimulait ! s'exclama-t-il en poussant la porte.

    Le battant s'ouvrit doucement, dans un silence et une fluidité surprenante. A cet instant, un léger courant d'air vint caresser les visiteurs. Immédiatement, et sans réellement s'apercevoir de son geste, Cyrié s'avança dans la pièce, nouvellement dévoilée. De étagères, remplit de bouteilles, couraient tout le long du mur, sur la droite du vampire, ainsi qu'au niveau de la paroi opposée. Une allée de quelques mètres de large séparait les rayonnages de leurs jumeaux. L'immortel progressa doucement, abasourdi par ce qui l'entourait, une main levée vers les récipients. Il en effleurait les culots du bout des doigts. Cette proximité lui permettait d'en sonder le contenu.

— Incroyable... lâcha-t-il inconsciemment.

    Face à cette réaction, le comte sourit en riant doucement, ravi.

— Je savais que cela te plairait.
— Qu'est-ce que c'est ? interrogea Ultimécia.
— Du sang, répondit le noble.
— Et pas n'importe lesquels ! Il n'y a que de la très grande qualité, voire plus... compléta le vampire.
— Parviendrais-tu à dater cette réserve ?
— A première vue, elle doit avoir dans les... huit, neuf cents ans ?... Mille peut-être... Il faudrait que je puisse examiner chaque bouteille un peu plus en détail pour être plus précis...
— Cela risquerait de te prendre un certain temps, s'amusa le comte. Il y en a d'autres derrière.

    En effet, l'immortel remarqua que le bout de l'allée bifurquait sur la gauche. D'autres étagères devaient certainement se trouver un peu plus loin.

— Il y en a combien ? s'interpella Cyrié.
— Environ dix milles.
— Wahou... Impressionnant... souffla le vampire, ébahi.

    Il leva à nouveau la tête et scruta lentement les alentours pour jauger la pièce. Il laissa retomber sa main levée, et s'éloigna doucement de l'étagère.

— Je ne sais pas à qui cette réserve a appartenu, mais une chose est sûre, c'était un vampire haut placé pour en avoir autant. Il avait vraiment de très bons goûts et, de toutes évidences, il connaissait la valeur de ce qu'il avait. Toutes les bouteilles sont très bien conditionnées, il n'y a quasiment rien à jeter...
— J'ignore l'identité de son précédent propriétaire, en revanche, je connais celle du nouveau : c'est toi.

    A ces mots, le buveur de sang sursauta légèrement et se tourna vers son interlocuteur, abasourdi par ce qu'il venait d'entendre. Son ouïe vampirique ne pouvait tout de même pas lui avoir joué des tours.

— ... Vous plaisantez ?!
— Absolument pas. Nous en avons discuté avec mon épouse, et nous partagions le même désir de t'en faire cadeau.
— Mais c... C'est beaucoup trop, je ne peux pas accepter !
— Ne t'a-t-on jamais appris qu'il était très mal venu de refuser un cadeau ? le sermonna gentiment le comte avec un sourire.

    Cette réaction amusa beaucoup Cyrié qui en rit doucement. Très peu de mortels se seraient hasardé à donner ainsi des leçons, de peur de s'attirer les foudres du vampire. Ce dernier retrouva sa sérénité, puis leva à nouveau la tête, comme pour observer la partie cachée de la réserve.

— Bien entendu, tu disposeras d'un accès illimité à cette pièce, et au besoin, je mettrai autant de domestiques que nécessaire à ta disposition.

    Le buveur de sang balaya ce qui l'entourait du regard et commença a réaliser que tout ceci allait lui appartenir. Posséder des provisions d'une telle qualité et en si grande quantité était inimaginable. Même dans ses rêves les plus fous, aucun vampire n'aurait pu espérer jouir d'une telle merveille. Et pourtant... Le Leader en serait à présent le seul et unique propriétaire. Il baissa les yeux, rêveur et émerveillé, puis s'approcha à nouveau des mortels. Le comte, souriant, lui tendit une main dans laquelle reposait la grande clé ancienne. Cyrié la contempla un instant, hésita, et s'en saisit doucement. Il la manipulait avec énormément de précaution. C'était un bien extrêmement précieux d'une valeur inestimable.

— Merci comte, merci infiniment, souffla l'immortel, profondément reconnaissant.
— C'est avec grand plaisir. Nous savons que tu en feras bon usage ; pour toi, ainsi que pour les autres vampires.
— Comment vous remercier ?
— Nous ne désirons qu'une seule chose de ta part : que tu nous honores plus régulièrement de ta présence, répondit simplement l'aristocrate, un peu complice et bienveillant.
— Je ferai ce qu'il faut pour ça, accorda le vampire, comblé.

    Le trio quitta alors la cave.

— Votre épouse est souffrante ? s'inquiéta Cyrié, en remontant les escaliers.
— Oui, une mauvaise pneumonie, confirma le comte, étonné que l'immortel ait pu le percevoir. Elle doit encore rester alitée une semaine...
— Pourrez-vous lui souhaiter un prompt rétablissement de ma part ?
— Bien sûr... Elle sera très déçue de t'avoir raté.
— Je reviendrai quand elle ira mieux. Pour l'instant, elle a besoin de repos, pas de visite.
— Oui, c'est préférable.

    Puis le comte et ses invités se rendirent dans le bureau du noble. Un grand secrétaire en bois massif foncé, finement sculpté, trônait devant une immense fenêtre, divisée en carrés de plus petite taille, grâce à des armatures en métal. Sur le côté se dressait une bibliothèque totalement remplie de livres plus ou moins anciens et précieux, en face de laquelle se trouvait une imposante cheminée en marbre blanc et noir, aux décorations dans le même matériau, vert bouteille et bordeaux, ornementées de touches d'or. De sublimes tableaux, de toute taille, encadraient cette dernière. Le sol était recouvert d'une moquette douce et confortable rouge foncé. Le comte prit place dans le large fauteuil en cuir noir qui l'attendait entre le bureau et la fenêtre. Ultimécia et Cyrié, quant à eux, s'assirent sur ceux qui lui faisaient face, tout aussi confortables. Le majordome les rejoignit immédiatement, la commande de la gérante du Fenryl d'Or à la main. Cette dernière avait été présentée au trésorier de la maison, puis le responsable des domestiques avait contrôlé son travail, avant de la remettre à son employeur. Suite à quoi, le maître d'hôtel se plaça aux côtés du noble, un peu en retrait, droit, la tête haute, les mains croisées dans le dos. Le comte vérifia rapidement les écrits :

— Bien... Les alcools aromatisés étant une première découverte, j'ai demandé à ce qu'on ne vous les facture pas, expliqua-t-il en tendant la facture à la jeune femme.
— Merci beaucoup, le remercia-t-elle, étonnée mais enchantée par cette surprise.

    Elle contrôla à son tour le total qui avait été calculé, plus par réflexe que par manque de confiance. A son grand plaisir, elle remarqua que le comte avait réduit le total de vingt pour cent, ce qui était loin d'être négligeable, puis elle opina du chef et sortit un chéquier de son petit sac pour régler la note.

— Merci. C'est toujours un plaisir de faire affaire avec vous, complimenta le comte.
— Pour moi aussi.
— Nous vous livrerons demain, en fin de matinée, comme à l'ordinaire ?
— Oui, ce sera parfait.

    Après les remerciements et salutations d'usage, Cyrié et Ultimécia prirent congé. De retour au Fenryl d'Or, ils se rendirent discrètement dans la chambre de la jeune femme, si bien que personne, dans la salle principale, ne s'aperçut de leur arrivée. La propriétaire jeta son petit sac sur son lit et soupira, les yeux fermés, soulagée d'être à nouveau chez elle. Son compagnon se plaça dans son dos et l'enlaça tendrement, la tête appuyée contre la sienne.

— Ca va mieux ? lui murmura-t-il à l'oreille.
— Oui...
— Tu vois, il n'y avait pas à t'inquiéter.
— Je sais, c'est ridicule... Merci d'être venu en tout cas.
— Il n'y a pas de quoi.

    Le vampire berça doucement sa dulcinée, tout en lui caressant délicatement la taille.

— Dis-moi, il est toujours aussi généreux avec toi ?
— Oh, ça dépend des fois. On a toujours droit à une petite remise, mais, c'est vrai que cette fois, il a vraiment été gentil.
— Ah oui ? Et ça dépend de quoi ? De qui y va, de ce que tu prends... ?
— Il n'y a pas de valeur sûre, c'est toujours une surprise. Mais c'est vrai qu'il a tendance à être plus généreux quand c'est moi qui viens... Il n'aurait pas besoin de faire tout ça, surtout depuis le temps... Tu sais, la première fois qu'il m'a contacté, je venais juste d'ouvrir la taverne, je cherchais encore de bons fournisseurs. Il m'a proposé quelques alcools. Il était un peu plus cher que les autres, mais il n'a que de la très bonne qualité et les siens ont beaucoup plu, donc après, j'ai continué à me fournir chez lui, et maintenant... Tu vois ce que ça donne...
— C'est ton principal fournisseur...
— Oui...
— Ca lui ressemble bien tout ça... C'est vraiment quelqu'un de gentil...
— On dirait, oui... Au fait, d'où est-ce que tu le connais ?!
— D'une réunion d'information. Il était venu écouter ce qu'on avait à dire, et quand on a fini, il est resté après que tout le monde soit parti, juste pour discuter encore un peu avec nous. C'est agréable de rencontrer des personnes aussi ouvertes d'esprit, et qui s'intéressent vraiment aux autres... Il m'a invité chez lui, j'ai rencontré sa femme, et on a bien sympathisé, donc après, j'y suis retourné.
— D'accord... Je comprends mieux.

    Le couple resta enlacé un moment, à profiter du contact de l'autre.

— Dis-moi, tu n'as pas l'intention de bosser ce soir, hein ?
— Mmh... Je ne sais pas... Pourquoi ? Tu as une idée en tête ?
— Possible...
— Il y a beaucoup de monde à côté ?
— Une quarantaine de personne, affirma le vampire en entendant le cœur des clients.
— Alors je vais aller leur donner un coup de main.
— Oh, tu es sûre ? tenta de la charmer Cyrié.
— Oui, répondit sa dulcinée en lui caressant la joue. Désolée de contrarier tes plans.
— Ce n'est pas sympa ça... Moi qui espérais pouvoir profiter un peu que tu sois dans ta jolie robe...
— Tu sais quoi ? Si tu es bien sage, je la remettrai quand j'aurai fini, rien que pour toi.
— Mmh, intéressant.

    Ultimécia rit doucement, embrassa son bien-aimé, puis se libéra de son étreinte. Le vampire laissa retomber ses bras et sa tête avant de lui adresser de grands yeux larmoyants pour tenter une dernière fois de l'amadouer, ce qui amusa beaucoup la jeune femme.

— Et non.

    A mi-chemin entre l'immortel et la porte de sa chambre, elle utilisa ses pouvoirs pour changer de vêtements, et ainsi, revêtir une tenue plus adaptée pour servir ses clients ‒ un pantalon noir, un chemisier bleu électrique et des chaussures plates. Cyrié ne la lâchait pas du regard.

— Désolée, mais pour te rincer l’œil, ce ne sera pas pour cette fois, plaisanta Ultimécia. A tout à l'heure.

    Puis elle sortit de la pièce, laissant son compagnon seul. Il se laissa tomber sur le lit, les bras écartés, les yeux fermement clos, un large sourire sur le visage, en gémissant dans un mélange d'amusement et de frustration.
    Plusieurs heures s'écoulèrent avant que la jeune femme revienne dans sa chambre. Tous les clients avaient quitté la taverne, et les Triplés avaient déjà remis la salle en ordre. Le vampire était toujours allongé sur le matelas de sa bien-aimée lorsqu'elle le rejoignit à nouveau. Il releva la tête. Elle avait encore la main sur la poignée de porte et lui souriait, le regard amoureux et complice. Son compagnon se redressa alors qu'elle approchait, tout en revêtant à nouveau, par magie, la tenue qu'elle avait portée en début de soirée, au grand bonheur de l'immortel. L'élue de son cœur se pencha sur lui, puis ils s'embrassèrent avant de profiter d'un moment intime, plein de tendresse et de caresses, mais toujours dans les limites de ce que la condition du vampire imposait.

2 – Une soirée inoubliable

Dernière modification par ultimecia (2014-03-15 16:56:06)


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#373 2014-02-18 14:26:47

estridus
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Waw phénoménal. J'aime beaucoup ta manière d'écrire.  Je me demande comment va évoluer leur histoire aux pauvres tourtereaux qui ne peuvent pas "trop" se toucher.

Mais ça leur donne un coté ultra romantique et touchant.

Je sais pas pourquoi la cave, je m'imaginais le piège du siècle... Je vois le mal partout Catitiz_PDT_21

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#374 2014-02-18 16:24:57

ultimecia
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Oh, merci beaucoup Estridus :D!!! Ca me fait toujours très plaisir de lire vos commentaires, encore plus quand ils sont aussi gentils :3

J'aime beaucoup ta manière d'écrire.

Si tu savais à quel point ça m'a fait plaisir... :,) Quand je lis ça, ça me pousse encore plus à vouloir continuer ^^


C'est vrai que le côté "on ne peut pas trop se toucher", ça pose une sorte d'interdit qui les pousse à être encore plus tendre l'un envers l'autre et en profiter encore plus... Mais différemment du coup ^^

Je sais pas pourquoi la cave, je m'imaginais le piège du siècle... Je vois le mal partout Catitiz_PDT_21

Alors ça, je crois que c'est un peu de ma faute xD Il faut dire que jusqu'à présent, il m'est déjà arrivée plusieurs fois de leur faire des mauvais coups (et ils ne les voyaient pas toujours venir xD Gniark, gniark >8D)


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#375 2014-02-25 21:09:37

vanouloup
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Re: Les Histoires des Ténèbres

Catitiz_PDT_12 Bon je change pas de registre J'ADOREEEEEE Catitiz_PDT_12

J'avoue que moi aussi je m'attendais à un piège avec cette cave Catitiz_PDT_23

Vivement la suite Catitiz_PDT_21 est continue c'est toujours un plaisir de te lire Catitiz_PDT_12


L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde.
Tu n'aimes pas les animaux? J'm'en fous je t'aime pas non lus! Catitiz_PDT_12

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