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#26 2014-08-07 16:05:43

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

xD
Ouaip c'est pas cool, surtout que je n'ai pas encore commencé le chapitre suivant, ce qui veut dire que le suspens va durer mouhaha


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#27 2014-08-13 18:25:16

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

Voici la suite de la mésaventure de Sam xD
Enjoy ^^

Chapitre 8 :

    Mon pouls s’accéléra instinctivement. Je me sentais aussi terrorisé qu’un chaton perdu au bord d’une autoroute. Tétanisé, je forçai sur mes muscles afin de bouger rapidement. Mes bras continuaient de brûler et la peau de se tordre n’importe comment dans le but de donner un nouvel être. Pitié. Je devais fuir ! Alors que mes jambes se remettaient à bouger, une main s’abattit sur mon épaule et saisit mon T-shirt fermement, refusant de relâcher l’étreinte. Léo me fixait tandis que derrière lui, Zain et Ed se chamaillaient.
-Eh mon gars, on t’a enfin retrouvé. Où avais-tu filé ?
Je crois bien que dans ce genre de situation un mensonge s’imposait.
-J’étais sorti prendre un peu l’air, au calme.
Ma voix n’était plus tout à fait comme d’ordinaire. Plus chantante. La créature en moi se manifestait un peu plus à chaque instant. Malheureusement j’étais toujours coincé ici, en vue de tous. Malgré le manque de clarté dans mon esprit, je me battais intérieurement afin de trouver une solution.
-Dis, tu sais où sont les toi…
Ma voix chevrota, m’échappa et je dus me taire avant de recommencer à nouveau.
-Où sont les toilettes ? Répétai-je plus rapidement pour dire toute la phrase sans que je sois coupé à nouveau.
Je devais m’efforcer de garder le contrôle encore un peu plus longtemps.
Léo réfléchit une seconde avant de relâcher mon épaule pour m’indiquer une porte blanche au bout du couloir. C’était mon unique chance ! Je me précipitai, loin de sa poigne, en direction du seul refuge qui pouvait m’offrir un semblant de protection contre le regard des autres. Une nouvelle peau me poussait déjà. De la fourrure, des plumes…quelque chose.
-Il ne va pas bien, Sam ? Demanda Ed en m’observant fuir.
Zain suivit son regard et haussa un sourcil.
-Il a bu à s’en rendre malade ?
-Aucune chance. On parle de Sam je te rappelle, répondit Léo.
Un cliquetis de talons s’entendit dans les escaliers. Laura se mettait elle aussi à ma poursuite.

    Je poussai violemment la porte des toilettes avant de la claquer derrière moi. Mes doigts glissèrent sur la serrure tandis que je fermai la porte à clé. Ce fut le seul geste que je pus effectuer avant que mes vêtements ne deviennent beaucoup trop grands pour moi, et que ma nouvelle apparence s’instaurait. Je me retrouvai écrasé sous le poids de mon jean. Après des efforts titanesque, je m’en extirpai et affolé regardai autour de moi. Mon pouls battait si fort dans mes tempes. Des plumes ! J’avais des plumes ! Dans un mouvement de folie, je décollai du sol voletant de façon délirante autour de la petite pièce. Difficile de manœuvrer dans de telles circonstances. Mon cœur s’accélérait. Je baissai les yeux vers le sol pour constater que je volai réellement. Ces petites secondes d’inadvertance me permirent de me prendre un mur de pleine face. Je tombai lourdement, inconscient au sol.

    Des secondes. Des minutes. Des heures. Je ne saurai dire combien de temps j’avais passé dans les bras de Morphée. Problème. J’étais toujours sous ma forme animale. De frêles petites ailes brunes pourtant assez puissantes pour soulever mon poids plume du sol. Sous mon fin bec, la somptueuse couleur royale : le rouge. Un rouge-gorge, voilà ce que j’étais devenu. Je sautillai délicatement sur mes courtes pattes avant d’opter pour me percher juste au-dessus de la chasse d’eau. La porcelaine blanche offrait un joli perchoir à ma petite personne. Il me fallait réfléchir à la façon on dont je gérerai la situation. Le noir me permettait de détacher mon attention de la créature que j’étais, je réfléchissais plus sereinement. Lorsque j’y pensais, j’avais agi très stupidement précédemment. En volant aveuglement dans tous les sens, je m’étais moi-même assommé et que serait-il arrivé à un oiseau comme moi si j’étais tombé dans la cuvette ? Je déglutis tout en regardant l’eau profonde située juste en dessous de moi. Le monde était dangereux. Cette réflexion ne m’avançait pas dans mes recherches afin de me sortir d’ici. Elle m’apprenait simplement à faire plus attention à l’avenir. Je soupirai et un gazouillis sortit de ma…mon bec. Flute ce n’était pas ce que je voulais ! Calme. Je reprenais le cours de ma pensée. Evidemment il était inutile de reparler de cette boisson qui m’embuait toujours le crâne.
-Sam ? … Sam tu vas bien ? Questionna une voix grave de l’autre côté de la porte.
-Sam arrête cette blague sinon on sera contraint de défoncer la porte.
Je redressai la tête soudainement alerte et fixai le bois peint devant moi. Comment expliquer que l’humain avait laissé ses vêtements et été remplacé par un rouge-gorge ?
-Au bout de trois …
-Un…
Redeviens humain, redeviens humain !
-Deux…
Allez s’il te plait pouvoir étrange, laisse moi te contrôler pour une fois.
-Tr…
Au même moment je quittais mes plumes pour redevenir le garçon ordinaire.
-Ca va, ça va, je suis vivant, décrétai-je. Une minute.
Rapidement je repassais sur mon corps nu, les vêtements qui m’avaient accompagné durant la soirée. Le cliquetis de la serrure indiqua que j’ouvrais la porte finalement. Je retrouvais mes camarades du basket, Zain et Léo, face à moi. Pour décontracter les autres je m’efforçais de leur adresser un sourire courtois.
-Qu’est-ce qu’il t’a pris ? S’empressa de demander Léo.
Je piétinais sur place un instant, balançant le poids de mon corps sur une jambe puis l’autre. La réponse la plus évidente qui me vint fut évidemment un mensonge comme par hasard.
-J’ai eu le tournis et la nausée. J’ai pensé qu’il était préférable de rester dans les w.c le temps d’aller mieux afin de ne pas faire profiter d’un spectacle désagréable à la foule.
-Il t’aurait suffit de nous le dire, on imaginait le pire, déclara Zain en m’observant plus soigneusement.
Je lisais dans les traits creusés de son visage à la peau basanée qu’il me disait la vérité. Apparemment j’avais inquiété mes amis.
-Pardon, j’avais du mal à me concentrer. Je croyais que ce serait pire pour vous si je répondais par un râle incompréhensible, m’expliquai-je en plongeant toujours plus profondément dans le mensonge.
Ils opinèrent d’un lent signe de tête avant que Zain ne s’exprime à nouveau.
-Tu es sûr que tu te sens mieux ? Tu es affreusement pâle, à croire qu’on vient de réveiller un cadavre.
Léo esquissa un sourire mais sa courte durée m’informa qu’il pensait exactement la même chose.
-Moyen. Je vais rentrer chez moi. D’ailleurs où est Ed, j’avais promis de lui annoncer mon départ.
Les deux garçons se consultèrent du regard avec cette expression typique : faut-il qu’on lui dise ?
-Ed est allé chercher Laura pour voir s’il y avait des outils capables de te délivrer de là sans casser la porte, m’apprit Léo.
Ah…
-Tu devrais savoir que Laura te cherchait. Je ne sais pas ce qu’il lui est arrivé, mais sa tête avait une curieuse expression. Personne n’arrivait à déterminer si elle était furieuse ou en pleure, ou même les deux à la fois. Enfin, tu nous raconteras, dit Zain.
-Bon, je me sens mal, j’ai besoin d’air frais. Vous lui direz de ma part que je suis parti, demandai-je à mes amis.
-Ok Sam, fais attention à toi en rentrant, et si jamais tu ne te sens pas capable de finir le trajet seul, tu nous appelles, c’est compris ? Lança Léo en m’accompagnant vers le hall.
Je hochai la tête d’avantage préoccupé par le risque de croiser Ed et Laura plutôt que de m’évanouir dans la rue. Je préférai pour l’instant ne pas tomber sur la jeune femme, je voyais mal ce que je pourrais lui dire après l’avoir plantée seule dans sa chambre. Un « désolé je me sentais mal » me paraissait inapproprié dans de telles circonstances. Les filles, je n’en avais aucun doute étaient puissantes, mais fragiles aussi. Et qu’un homme les laisse tomber de la sorte, alors qu’elles s’efforcent d’être aussi attirante que possible, je me doute que Laura le digérerait très mal. Je saluai Léo avant de me rendre au vestiaire.

    Dehors il faisait un froid de canard. Sans toute l’agitation de la fête, je ressentais plus que jamais les crocs de l’hiver se planter en moi malgré l’épais blouson que je portais. Je me promenais dans le quartier depuis maintenant dix bonnes minutes quand la raison me revint comme le choc d’un coup de foudre. J’étais seul au milieu de la nuit dans une ruelle isolée alors que seulement quelques heures plus tôt j’avais moi-même émis l’hypothèse qu’un dangereux traqueur était dans le coin. Paranoïa me revoilà ma chère amie ! Je ne supportais pas quand, à cause d’une simple pensée, le monde se métamorphosait en un univers effrayant. Le moindre bruit devient dans votre esprit les pas du meurtrier qui vous poursuit. L’ombre d’un arbre, sa silhouette squelettique qui vous menace. L’imagination débordante aussi merveilleuse soit elle pour vous faire rêver à des mondes nouveau, se révélait aussi traitresse dans des situations de frayeurs. Je me ressaisissait et avançait d’un pas plus rapide mais aussi assuré que précédemment. Je pouvais me convaincre que tout était dans ma tête, que j’imaginais toutes les peurs qui dansaient autour de moi. Cependant, il y avait au moins une chose que je n’avais pas rêvé : une silhouette élancée venait de filer au détour d’une rue. Cela suivi par un cliquetis métallique de couvercle de poubelle tombé au sol. Etait-ce encore le cabot miteux qui trainait dans le coin ? Je déglutis, me laissant de nouveau assaillir par mille et une idées de scénarios tous plus glauques les un que les autres. Je les chassais rapidement. Il était inutile de m’alarmer pour si peu, et surtout inutile de m’effrayer d’avantage à ce sujet car de tout façon c’était le chemin par lequel je devais passer pour rentrer chez moi. Je m’apprêtais à tourner à l’angle du trottoir quand un bruit sourd me boucha les oreilles. Sous mes yeux, une balle traversa le corps d’un individu à terre, le secouant une dernière fois. Cela éclaboussa de petites tâches vermillon la chemise de celui-ci sur le chemin mortel de la munition usée. Je n’eus pas l’occasion de fermer les yeux, et même si je l’avais pu, le choc fut tel que mes paupières se braquèrent au sommet de mes orbites. Sans prévenir, mon corps s’affala au sol, contraint par mes membres flagada. Un homme venait de mourir sous mes yeux. Non, un homme venait d’être tué devant moi ! Je ne parvins pas à m’en empêcher, machinalement je vomis la totalité du contenu de mon estomac. La flaque opaque s’élargissait à chaque nouveau spasme vomitif de mon être, jusqu’à venir lécher le tissu de mon jean, et l’imbiber d’une odeur de bile. L’immobilité s’emparait toujours de mon corps, secoué par des tremblements incessant. Je ne pouvais pas reste ici !
    Cette scène que j’avais pu voir, au plus trois petites secondes, s’étaient emprunt dans ma mémoire à tout jamais. L’homme allongé entre les poubelles renversées, frêle et impuissant, affrontant vaillamment la mort droit dans les yeux jusqu’au bout. L’obscurité de la rue, dérangée par quelques lumières, rendant l’action aussi incroyable qu’un spectacle d’ombres chinoises. Et ce qui s’était gravé de façon inaltérable sur ma rétine ; debout, impressionnante et sans merci, la silhouette de celui qui rendait sa propre justice. Le meurtrier. J’espérais qu’il n’avait pas eu l’occasion de me voir, ni de m’entendre. Je demeurai au sol, incapable de fuir. Ces derniers temps j’avais comme le don pour me fourrer dans les situations les plus angoissantes du monde. Réfléchissons : si j’étais invisible pour l’assassin, j’avais encore l’opportunité de quitter les lieux en douce et de contacter la police. La solution me paraissait assez alléchante, j’optais donc pour suivre ce plan. Mais avant toutes choses, je me devais de vérifier les mouvements de l’assassin. En fonction de ces déplacements, je coordonnerais les miens afin d’éviter d’y passer moi aussi. Je tenais encore à la vie. Difficilement je rampais jusqu’au coin du mur qui me servais de cachette, dans l’espoir de glisser discrètement ma tête hors du refuge. Je commençai par prendre une grande inspiration silencieuse, puis une autre. Il était temps de prendre un risque. Furtivement, j’avançais ma tête hors de la sureté et m’assurait que le meurtrier se trouvait encore bien loin. La sombre silhouette était accroupie au bord des poubelles, occupée à examiner le cadavre inerte. C’était bon pour moi. Je sursautai tout de même dès l’instant où ma sonnerie de téléphone portable retentie puissamment dans le silence de la nuit. Tout comme le coup de feu sec, la musique tranchait le calme sauvagement. La silhouette tourna la tête dans ma direction. Je me cachai brusquement, mes mains cherchant désespérément mon téléphone. Léo essayait de me joindre. Il devait sûrement s’inquiéter, et pour vérifier que je n’étais pas inconscient quelque part dans les méandres de la ville, m’appelait pour prendre de mes nouvelles. Loin était-il de se douter que sa bonne action allait se transformer en une condamnation cruelle. Je pressai hâtivement le sigle rouge pour lui raccrocher au nez et faire taire la cacophonie qui se dégageait de ma place. Puis, poussé par l’adrénaline hystérique qui montait en moi, je me relevai d’un bond rapide avant de m’élancer dans un sprint. C’était toujours surprenant comment mes capacités physiques se voyaient doublées, voire triplées lorsque je risquai la mort. Je n’avais qu’une idée en tête qui m’obsédait : déguerpir le plus loin possible d’ici en priant très fort pour que le tueur ne m’ait pas aperçu. Sans cela, je me doutais que les représailles seraient sévères.


http://image.noelshack.com/fichiers/2014/33/1407928868-rougegorge.png


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#28 2014-08-14 14:59:10

vanouloup
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Re: ~ Métamorphose ~

Catitiz_PDT_01  Oh oh je me disais aussi trop facile le retour
Un rouge-gorge en plein hiver trop fort Catitiz_PDT_47
Ca va t'écris rapide vite vite j'veux savoir Catitiz_PDT_12


L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde.
Tu n'aimes pas les animaux? J'm'en fous je t'aime pas non lus! Catitiz_PDT_12

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#29 2014-08-22 14:56:57

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

Ben oui je pouvais pas lui faciliter la tâche non plus xD
Oui c'est mignon, petit rouge gorge :3

Bon étant en semaine de révision j'ai pas eu beaucoup le temps d'écrire, mais voici le chapitre suivant, j'ai enfin fini ^^ Il est plutôt court, c'est une petite pause xD

Chapitre 9 :

La lumière filtrait au goutte à goutte à travers les rideaux, mes paupières closes se coloraient d’orangé m’indiquant ainsi qu’il faisait jour de nouveau. J’avais l’impression de me réveiller après un terrible cauchemar dont un puissant mal de crâne m’empêchait de me souvenir. Je me redressai lentement tout en prenant appuie sur mes mains. L’impression d’être balloté sur une barque au milieu de la colère de Poséidon me collait à la peau. J’avais du mal à m’en remettre. Je clignai plusieurs fois des paupières dans l’espoir de m’accoutumer à la lumière. La clarté du jour était atténuée par la nuit toujours présente partiellement, il devait être assez tôt le matin. Enfin habitué à la lumière, je regardai autour de moi un sourcil légèrement froncé. Où me trouvai-je ? La réponse n’était point compliquée. Je discernai le bureau couvert de livres dans un coin de la pièce, la table basse au sol. Ma chambre. Comment m’étais-je trainer jusqu’ici hier soir ? Ah. Je portai une main à ma tête qui me lançait comme si un bébé enjoué jouait du xylophone sur mon crâne à l’intérieur de moi. Je voudrais bien me recoucher, ce n’était pas dans cet état que j’allais pouvoir me lever et entamer la journée dans la joie et la bonne humeur. Je me frottai doucement le visage, essuyant la moiteur qui me masquait. Les draps chauds de mon lit avaient tellement de bons arguments pour me faire rester là. Je fermais lentement les yeux, près à rejoindre les bras de Morphée pour la seconde fois, quand j’entendis des voix dans la maison.

-C’est très gentil de ta part de t’être déplacé exprès Edward. Merci pour lui, déclara la voix grave de mon père ours.
J’imaginais très bien Ed hausser nonchalamment les épaules, comme si ce n’était pas grand chose.
-Ce n’est rien, je suis heureux de pouvoir contribuer un peu au rétablissement de Sam.
-Merci d’être passé en tout cas, remercia encore Sylvie.
-On s’est pratiquement battu pour savoir qui viendrai, commença l’adolescent. Laura, la copine de Sam, s’est elle aussi portée volontaire mais son quartier n’étant pas dans le coin, après mainte joutes verbales j’ai été désigné … , raconta-t-il comme si c’était un noble honneur.
Il laissa trainer sa phrase, cogitant silencieusement pour y ajouter les bons mots.
-La copine de Sam … je serai ravi de la rencontrer, renchérit bien vite ma mère avant que le jeune garçon n’ait eu le temps de compléter sa phrase.
Je devinais très bien son expression curieuse lorsqu’elle disait cela. Ma mère mourrait d’envie d’en savoir plus. Il y eut une brève pause, Ed pesait le pour et le contre de cette annonce.
-C’est une fille adorable, polie, bien comme il faut. Et en plus de cela très belle ! Blonde bouclée avec des yeux découpés dans la nuit, résuma-t-il à mes parents.
Edward tais-toi ! Si je n’avais pas été cloué au lit, ou que j’avais trouvé la foi de me sortir de la couette, rien ne m’aurait empêché de l’embarquer dans ma chambre pour le faire se taire et cesser d’intriguer mes parents d’avantage. Il dévoilait un tas de mes secrets à mes parents, qui pouvaient certainement se passer de tout ça.
-Il faudra que je l’interroge dans ce cas … , dit mon père avec un sourire malin.
J’en avais assez entendu ! Mon intervention allait être imminente dans le but de stopper cette discussion futile. D’ailleurs, il devait me manquer une étape car je ne comprenais fichtrement rien à ce qu’ils se racontaient gaiement. Je pivotais vers le bord du lit avant de m’arrêter sur un détail qui, au préalable, n’avait pas retenu mon attention. Un plateau accompagné d’un verre d’eau et d’un bol de soupe tiède se nichait sur ma table de chevet. Depuis combien de temps est-ce que je roupillais tranquillement ? Par réflexe, je me dépêchai de prendre connaissance de l’heure afin de me repérer dans le temps : dix-sept heure vingt cinq. Ce n’était donc pas le matin … Perturbé par la nouvelle qui atteignait mon cerveau je sortis les pieds du lit et les posai au sol avec une lourdeur pachydermique. Ma tête me lançait de nouveau.

-Tiens, on dirait que Sam est debout, déclara Edward qui venait de relever le bruit causé par mon activité soudaine. Je vais aller lui dire bonjour si cela ne pose pas de soucis.
Mes parents lui adressèrent quelques mots avant que ses pas sur l’escalier ne résonnent dans toute la maison. Moins d’une minute plus tard on poussait doucement la porte en face de moi. J’avais préparé un regard fâché afin qu’il regrette ce qu’il venait de révéler. Je me trouvais toujours assis sur le lit, les pieds dans mes pantoufles bleues marines, à demi recouvert par ma couette épaisse. La vraie mine de convalescent. Mon ami m‘adressa un grand sourire, mais je devinais d’après les légers tremblements du coin de ses lèvres qu’il se retenait désespérément de s’esclaffer devant le spectacle pitoyable que j’offrais.
-Coucou monsieur grincheux, me lança-t-il en s’approchant.
Très drôle ! Je plissai les sourcils, il était difficile de ne pas lui en vouloir d’avantage pour cette interruption qui me mettait dans une position plus que gênante. J’y ajoutai aussi un nouveau coup de baguette de xylophone puissant dans le crâne, et vous aviez mon état psychique du moment. Enfin, à cela il fallait compter ma perplexité face à l’événement présent.
-Tu peux t’exprimer légèrement moins fort s’il te plait, maugréai-je d’une voix où sonnait la fatigue.
L’adolescent qui se tenait dans l’entrebâillement de la porte avec son sac à dos jeté sur une épaule sembla se calmer, son attitude retomba pour laisser place à une expression plus compatissante.
-Toujours en convalescence mon pauvre … , soupira-t-il.
-Comment ça toujours ? On peut m’expliquer la cause de toute cette scène ?
Je commençais à perdre patience. Tout m’échappait. Le comment du pourquoi de cette situation. Les paroles de mes proches. Toutes mes pensées s’embrouillaient dans un mélange peu ragoutant. En face de moi Edward se mordillait légèrement le bout du pouce gauche dans un tic nerveux, il s’avança dans la pièce avec une légèreté démesurée, veillant cette fois-ci à faire le moins de bruit possible. Le garçon déposa un dossier sur mon bureau avant de retourner sur ses pas pour se diriger vers mon lit. Il hésita longuement à s’asseoir jusqu’à ce que je le lui autorise d’un geste de tête discret. Le silence qui s’installait ne m’informait de rien de bon.
-Tes parents ne t’on rien dit ? Demanda-t-il visiblement étonné que se soit à lui que je pose la question.
-A ton avis ? …
Je n’étais jamais agréable au réveil, encore moins quand dans ma tête un essaim butinait joyeusement. Je m’en voulais terriblement de me comporter aussi mal. Il fallait absolument que je fasse un effort.
-Excuse-moi, ce n’est pas sur ce ton que je souhaitais m’exprimer. Je suis un peu perdu en ce moment alors si tu pouvais m’éclairer je t’en serai reconnaissant, m’empressai-je d’ajouter beaucoup plus calmement que lors de mes derniers mots.
Ed m’adressa un petit sourire réconfortant dont nulle pointe de ressentiment ne perçait. Ce n’était pas un garçon rancunier contrairement à d’autre.
-Laisse moi donc t’illuminer de mon savoir, même s’il n’est que partiel car je ne suis pas au courant de tout.
Il marqua une pause comme pour prolonger le suspens et accrocher toute mon attention aux moindres de ses mots.
-Le soir de la fête tu es parti malade. Apparemment tu serais rentré chez toi à une heure pas possible, longtemps après que tu aies raccroché au nez de Léo. On s’est fait un sang d’encre pour toi.
L’appel de Léo. Cette histoire ne m’était pas étrangère.
-Tes parents racontent que ta mine plus pâle que jamais accentuait la folie des propos que tu tenais. Ils étaient à la limite de faire appel à un exorciste pour te venir en aide. Tu ne parvenais pas à aligner trois mots, tu tremblais affreusement, et tu soufflais tel un coureur de marathon qui venait de terminer ses quarante deux kilomètres de parcours. Sans mentionner les tâches sur tes vêtements. Finalement tu as perdu connaissance et depuis tu dors. Le médecin a émis deux hypothèses : soit il s’agit d’un choc émotionnel, ou alors d’une mauvaise réaction à « certaines substances », conclut-il tout en plaçant les guillemets de sa phrase à l’aide de ses doigts.
L’horreur de mon escapade nocturne remontait en moi à la vitesse grand V. Je dus prendre sur moi pour contenir les vibrations qui parcouraient mon être entier.
-On a rien dit à tes parents au sujet de la fête et ce qu’il s’y est passé … tu auras peut-être quelques ennuies.
Des ennuies j’en avais des tas !
-Donc je passais prendre de tes nouvelles et t’apporter les cours et devoirs de la journée qu’il faudra que tu rattrapes comme tu t’en doute. Je ne m’attarde pas malheureusement, car j’ai à faire.
J’opinai d’un mouvement de tête mécanique.
-Merci pour tout. J’espère que pour ta part tout va bien.
Le seul point positif que j’arrivai à trouver à cette histoire était que mon ami ne semblait pas vexé que je sois parti sans le lui annoncer. C’était une maigre consolation.
Malgré les airs pressés de l’adolescent, je constatais que ma question lui faisait plaisir. Son visage s’attendrit un instant.
-J’ai eu l’occasion de rencontrer une personne fort agréable à la soirée de Laura.
Je haussai un sourcil, curiosité vilain défaut. Pour cette caractéristique je pense que je tenais de ma mère. Ou bien était-ce simplement la nature humaine ?
-Je te la présenterai à ton retour. Elle te plaira j’en suis sûr, rajouta-t-il avec un sourire jusqu’aux oreilles. Sur ce, je te laisse. Repose toi bien grand malade.
Sa joie était communicative, à mon tour le coin de mes lèvres se retroussait.
-J’ai hâte de la rencontrer dans ce cas. Repos … vu le joli cadeau que tu viens de me livrer, je doute en avoir beaucoup.
Je l’entendis rire avant de sortir de la pièce. Peu de temps après, le bruit de la porte qui se fermait m’indiqua qu’Edward était bel et bien parti. Je soufflais longuement. Alors cela faisait depuis dimanche matin que je dormais et il était désormais lundi soir. La nausée revenait petit à petit quand je repassai la scène terrifiante dans ma tête. Quel avenir me réservait-on pour avoir été le témoin d’une tragédie pareille ? Le poids des regards qui pesaient sur moi me brûlait la peau, et tandis que ma vision floutée devenait de nouveau nette, je discernais la forme de mes deux parents qui me fixaient depuis le couloir. Dans un avenir proche j’envisageais le début d’un long interrogatoire su ma santé pour en finir par les évènements de cette nuit Là.


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#30 2014-08-26 13:24:38

vanouloup
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Re: ~ Métamorphose ~

Catitiz_PDT_01 Je me suis reconnue dans le pas agréable au réveil Catitiz_PDT_47
Courage pour tes révisions


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#31 2014-08-27 19:26:26

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

Moi aussi je me suis reconnue, voire je me suis très inspirée xD

Merki beaucoup ^^

Bon, j'ai commencé le chapitre suivant, mais je doute pouvoir le finir avant la rentrée. Je le posterai sans doute même incomplet. Par contre, je suis dans le regret de t'annoncer que durant la période scolaire je n'écrirais sûrement plus faute de temps et d'inspiration. Désolée d'avance.
Mais je ne laisse pas tomber ce projet, si ta patience te le permet, je posterai la suite dès que j'aurais le temps :3


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#32 2014-08-28 12:07:27

vanouloup
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Re: ~ Métamorphose ~

Tant que ton histoire tombe pas dans l'oubli ma patience sera au rendez-vous Catitiz_PDT_26
Bosse bien c'est le plus important Catitiz_PDT_18


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#33 2014-08-31 18:47:15

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

Voici donc le nouveau chapitre, il n'est pas complet, j'ai posté aussi loin que j'ai écrit.
Je ne compte pas laisser tomber cette histoire, mais avec les cours, impossible de dire quand je vais écrire.

Merci, et bon courage pour patienter. Vivement que cette année passe vite xD

Chapitre 10 :

    Nous n’avions pas reparlé mes parents et moi depuis leur questionnaire interminable. J’avais été coincé tel un passant au milieu d’une route à double sens de circulation. Impossible de leur avouer que j’avais consommé, même par mégarde, une substance illicite. Plus Impossible encore de leur raconter la tuerie de mes cauchemars. Certaines choses devaient rester secrètes. C’est difficile à expliquer pourquoi mais au fond de moi une voix me soufflait de ne rien divulguer de ce que j’avais vu, dans le risque que cela se retournerait contre moi. J’avais finalement opté pour la moins pire des deux solutions : la drogue. Même en leur expliquant que j’en avais consommé par inadvertance, mes parents avait très mal digéré la pilule, ce qui était tout à fait compréhensible. Dur de croire qu’un enfant de dix sept ans se drogue sans en être conscient … Mon père m’avait traité du dernier des idiots : « Quelle personne censée boit un verre au contenu non identifié ?! Je t’avais pourtant expliqué les risques d’un comportement aussi irresponsable. Tu as de la chance que rien de plus grave ne te soit arrivé ! » m’avait-il longuement sermonné. Pour ce qui était de ma mère, elle en avait dit très peu. Il n’y avait pas besoin de mot pourtant ; la lueur dans ses yeux gris en disait long sur ses véritables pensées. Déçue, elle était tout simplement déçue que son fils ait commis ce genre d’erreur dans la vie.
    La tension dégagée par ce conflit imprégnait encore l’air, même après une nuit entière de sommeil. J’hésitais à descendre au rez-de-chaussée de peur de crouler sous les regards et le poids des reproches. Moi qui m’était déjà puni et grondé un milliard de fois tout seul sans que mes parents aient l’utilité d’en rajouter une couche. Leurs inquiétudes à mon sujet n’avaient fait que me confirmer à quel point j’avais été bête ce soir là. Ce qui, sans doute, me faisait le plus mal c’est qu’il m’était impossible de leur expliquer la raison de mes puérils agissements. Je jetai un coup d’œil à ma montre. Si je ne mettais pas vite le train en marche j’allais prolonger encore mon temps d’absence scolaire. Soupir. Allons affronter avec courage le couple des Enfers !

    Tandis que j’approchai de la cuisine, les voix de mes parents qui discutaient joyeusement, m’apaisèrent. Peut-être qu’on pourrait aujourd’hui tirer un trait sur cette histoire et redevenir l’heureuse petite famille post-dispute. Il ne m’étonnerait pas que mes parents eux, en aient discuté toute la nuit pour finalement se concentrer sur autre chose.
-Bonjour, lançai-je sur le même ton qu’eux.
Je ne souhaitais pas altérer la bonne humeur du moment par ma présence alors je me contentai de les imiter. J’aurai pu m’excuser une fois de plus, cependant les mots semblaient inutiles. J’avais déjà essayé au moins une dizaine de fois la veille. Rien ne changeait. Ils interrompirent leur conversation jusqu’à ce que je prenne place à table. L’ambiance était-elle donc déjà plombée. Ma seule présence suffisait à tout faire basculer. Je restai silencieux moi aussi, ne devinant si je devais dire une phrase pour détendre l’atmosphère ou bien entamer mon petit-déjeuner avec nonchalance. Un bol était posé à ma place, devancé d’un verre opaque rempli de jus multivitaminé. C’était du Sylvie tout craché. La façon de ma mère de m’indiquer qu’elle ne m’en voulait plus, ou presque. Un sourire discret s’inscrivit sur mes lèvres. Je cherchais alors ma mère des yeux pour la remercier. Elle rangeait une boîte en plastique transparent de couleur jaune contenant des biscottes complètes dans le placard coulissant. Sylvie le referma d’une main distraite tandis qu’elle se retournait pour lancer un regard à Peter. Ses yeux rencontrèrent les miens, sans un mot échangé, le message fut transmis. Elle avait toujours eu cet instinct maternel, une sensibilité supérieure, capable de déceler mes tourments invisibles, mes sentiments silencieux. Tout le contraire de mon père.
-Bonjour mon lapin ! Lança-t-elle sous le mutisme continu de son mari qui lisait le journal du matin.
Pour aujourd’hui je laissais passer le surnom ridicule qu’elle m’attribuait depuis aussi longtemps que je me souvenais. Mon paternel agita son journal afin de le défroisser mais de mon point de vue cela donnait plutôt l’impression qu’il me disait ouvertement qu’il était encore fâché. J’évitais toutes interactions avec lui, me servant un bol de maïs soufflé. Je devais me dépêcher pour rattraper le retard accumulé durant mon indécision à entrer ici ou non.

    Je réalisais que le pardon de ma mère venait du fait qu’elle se sentait soulagée que rien de grave ne me soit arrivé pendant ma balade en mode « high » dans les rues. Par le chemin que je devais prendre pour rentrer à la maison, un jeune avait eu un tête à tête avec la mort en personne. Les journaux se délectaient de cet événement pour faire couler de l’encre comme toujours. Je rangeais ma vaisselle sale dans l’évier avant de la rincer rapidement sous l’eau tiède. Je finirai de laver proprement à mon retour du lycée. Mon père toussota dans l’intention d’attirer mon attention.
-Au fait, je tenais à t’informer que ta jolie copine t’attends depuis maintenant près de vingt minutes devant le portail de la maison, déclara-t-il d’une voix neutre.
Oh c’était donc ce qui le gênait depuis tout ce temps. Mon père avait passé l’éponge sur ma bêtise sans borne, comme sa femme, cependant il ne pouvait admettre que son fils lui cache que se copine soit venue le chercher. Il rêvait sans doute du jour où il aurait l’occasion de m’adresser cette conversation de père à fils où il m’apprenait tous les rudiments de ce qu’un homme adulte devait savoir dans sa vie active. Pour ma part, je devais admettre qu’une infirmière ornant un concombre d’un préservatif me suffisait amplement, sans qu’il ait besoin d’en rajouter une dose supplémentaire. Sans compter qu’à mes quinze ans il m’avait fait le speech : « -Tu sais Sam, les enfants ne naissent pas dans les choux … -Je sais papa, merci bien. » C’était aussi gênant pour lui que pour moi. Cela partait évidemment d’une bonne intention. Il ne voulait pas que je commette de bourde à mon âge, ni à n’importe quel autre âge d’ailleurs. De plus, le scientifique renommé qu’il se trouvait être, se sentait parfaitement apte à me tenir ce genre de topos. C’était son domaine la science et la biologie. Revenons finalement à nos oignons, la présence de Laura ici me surprenait. Qu’est-ce que j’allais bien être en mesure de lui raconter ? Elle devait m’en vouloir terriblement pour samedi soir. Ce qui rendait  encore plus ahurissant sa présence devant mon portail. La connaissant, elle n’aurait jamais poireauté aussi longtemps.
-Je n’avais aucune idée qu’une escorte m’attendait, glissai-je à Peter qui me regarda sans grandes convictions.
-Ah bon … , dit-il de façon à ce que l’histoire traine en longueur.
-Je me dépêche dans ce cas, mieux vaut ne pas agacer le chevalier servant plus longtemps, plaisantai-je tout en trouvant l’excuse parfaite pour me dépêtrer de cette affaire.
    Je filai dans ma chambre pour récupérer mon sac à dos, paré pour la journée au lycée qui m’attendait. Je redescendais à toute allure, direction la porte, la curiosité commençait à me dévorer à pleines dents.
-Bonne journée, s’exclama ma mère qui préparait sa sacoche dans l’entrée tandis que de mon côté j’attrapais mon blouson.
La panique du matin avant de partir au travail. Je déposais un baiser sur son front.
-Bonne journée maman.
Sans me retourner, je sortis à l’extérieur en direction du grand portail. Et là surprise ! La Laura de mes souvenirs s’était transformée en une grande fille au cheveux de la couleur du blé après des jours passés sous le soleil d’été, en plus de cela ils étaient aussi lisse que la surface d’un air hockey de salle d’arcade. Tant de changements ! Personne ne saurait dire pourquoi j’attendais Laura devant mon portail alors que mon père avait simplement dit « copine ». Moi, j’avais assumé tout bêtement, qu’après la conversation de la veille entre Edward et lui, il ne pouvait s’agir que d’elle. Mais en effet trop d’incohérences dans le personnage forçaient à supposer le contraire. Ce qui était effectivement le cas. La jeune femme tourna alors la tête vers moi, m’examinant d’un coup d’œil de ses profonds yeux océans. Elle m’adressa un sourire doux tandis que j’avançais à l’extérieur du jardin pour la rejoindre finalement sur le trottoir.
-Salut … , déclarai-je d’une voix plus qu’hésitante.
-Salut Sam, répondit-elle aussitôt sans plus me lâcher du regard perçant qu’elle me portait.
Target confirmed !
Cette personne n’éveillait quasiment aucun souvenir chez moi. Une élève du lycée peut-être ? On était nombreux dans l’établissement, et malgré ma bonne mémoire des visages, j’avais sûrement dû ne pas la remarquer.
-Et moi à qui ai-je l’honneur ? Demandai-je avec un léger sourire dans l’espoir que bientôt j’en apprendrai un peu plus à son sujet.
Je me situais à présent face à elle. L’adolescente avait croisé les bras devant elle. Ma mémoire se décida enfin à se mettre en route, seulement, la fille en question m’agrippait déjà par le col. Son attitude fébrile avait été modifiée du tout au tout. Une aura menaçante planait autour d’elle comme un nuage de mauvaise augure. Effrayant. Est-ce que je rencontrai finalement l’ange de la mort ?
-Ecoute moi très attentivement mon gars ! Je sais que tu as assisté à une petite scène déplaisante il y a peu.
Je déglutis, immobile, impossible de reculer ni même de lui faire face.
-Euh…c’était un accident…je le jure…
La demoiselle fronça les sourcils juste après avoir levé les yeux au ciel. Les petites rides qui naissaient au sommet de son nez m’informaient sur la fureur des sentiments qui bouillonnaient en elle.
-J’espère pour ta misérable existence que tu n’en as pipé mot à personne, grogna-t-elle à ma figure.
Je secouai nerveusement la tête.
-J’imagine que tu es assez intelligent pour deviner la conséquence de tes actes et mensonges, ajouta-t-elle en me lorgnant d’un regard explicite.
Silencieux, je confirmai ses propos d’un hochement de tête.
-Bien, bien … je m’en doutais. Tes parents sont chanceux d’avoir un fils comme toi. De même que Laura, Edward, Zain, Léo et compagnie qui ne peuvent pas commencer à rêver de quelle aubaine ils ont de t’avoir comme ami.
Cette fille menaçait clairement la totalité de mon entourage. Le cauchemar continuel de mon existence se prolongeait. Elle visait mes points faibles sans remords, et par dessus tout elle visait bien !
    La porte claqua derrière nous tandis que ma mère se dirigeait à son tour vers le portail. Sauvé ? ... Saut d’humeur de ma camarade qui laissa glisser ses mains jusqu’à mes poignets pour délicatement s’en saisir. Elle affichait une expression attendrissante qui aurait rendu jalouse n’importe quelle fille qui me courrait après. De mon côté, deux choix m’ouvraient leurs portes. Appeler à l’aide. L’imiter.
-Joue le jeu ou tu es un homme mort ! Murmura-t-elle entre ses dents.
Plus qu’un choix finalement. Le plus simple était de feindre de rire. Ma mère ni verrait que du feu. J’exécutais aussitôt. Sylvie passa près de nous, ne manquant pas de remplir son quota d’informations.
-Bonjour madame, lâcha l’adolescente avant de rire niaisement comme une cruche.
Ma mère la salua poliment tout en continuant son chemin vers l’arrêt de bus en bas de la rue. Je tachais de mon mieux de garder au visage cet accent de comédie dramatique. Cette fille se jouait de moi à la façon d’un chat qui torture une souris grise entre ses pattes avant de lui donkeyéner le coup de grâce. Celui-là je l’attendais. Quand est-ce que cet ange de la mort délivrerait son jugement ?
-Bien, bien, tu sembles plus que réceptif mon petit Sam. Je garde un œil sur toi mon petit monstre alors veille à respecter notre accord, susurra-t-elle à mon oreille lorsque ma mère eut disparu de notre champ de vision.
J’opinai d’un mouvement de tête impulsif. Elle m’avait frappé en plein cœur : « petit monstre ». Ces mots n’étaient pas choisis au hasard, elle savait ! Mon identité. Voilà ce qu’elle signifiait lorsqu’elle disait savoir qui j’étais. Une sueur glaciale dégoulina le long de mon dos brûlant. Je devais pâlir à vu d’œil car la psychopathe en face de moi illuminai son visage d’un sourire grandissant. Mon cœur s’accéléra, il tambourinait dans mes tempes avec force. De l’air ! Je n’arrivais plus à respirer ! J’entrais en hyper ventilation pour la deuxième fois de ma vie, il était rare que je perde mes moyens sans passer par le stade métamorphose alors j’expérimentais très rarement le mode « perte d’oxygène ». La jeune femme me tapota doucement l’épaule, son attitude de prédatrice était retombée, j’avais de nouveau devant moi une lycéenne ordinaire qui aurait pu discuter de sujets parfaitement futiles.
-Calme toi il n’y aura aucuns problèmes, enfin en théorie évidemment. Pas besoin de me clamser maintenant entre les doigts … , soupira-t-elle.
Sa main glissa le long de mon bras afin de témoigner d’une certaine compassion à mon égard. Mensonge. Elle n’éprouvait rien de tel !
-Tu n’es vraiment pas un type très bavard. C’est triste. Bon et bien sur ce, j’ai affaire alors salut ! Lança-t-elle tandis qu’elle me saluait d’un signe de main presque distrait.
Alors qu’elle s’éloignait, les doigts squelettiques qui s’enserraient autour de ma cage thoracique se relâchèrent soudainement. L’oxygène afflua dans mes poumons d’un seul coup. Je vacillais un instant me rattrapant de justesse au muret rugueux des voisins. Les ennuis m’avaient rattrapé à grand galop, et si je ne mettais pas le train en marche, il faudrait que je somme à cela un retard non justifié.

Dernière modification par hikaru552 (2015-02-21 17:50:57)


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#34 2015-02-21 17:51:36

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

Chapitre édité ^^

Voilà je l'ai terminé, il ne manquait pas grand chose x)


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#35 2015-06-03 21:34:06

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

Chapitre 11 :

    Plusieurs jours étaient passés depuis mon absence. La mort en personne n’avait pas refait apparition dans mon univers depuis. Il m’arrivait de penser que tout n’avait était qu’un songe malheureux dans lequel la folie m’avait gagné. La drogue que j’avais ingurgité avait sans aucun doute sa part de responsabilité dans cette histoire. Toutefois je ne pouvais me leurrer : les soucis pesaient sur mes épaules tel une épée de Damoclès au-dessus de ma tête.

    Appuyé contre les casiers d’un couleur je trouvais le temps long tandis qu’un flot d’adolescents quittaient la pièce où un professeur avait jubilé pendant qu’il observait ses élèves plancher sur des exercices choisi minutieusement dans le but de les embourber dans une tonne de calculs impossibles. J’observais le fin filet de lumière qui filtrait à travers le verre de la rangée de fenêtre du hall, une multitude de petits grains de poussière virevoltaient dans ce halo lumineux. Je déviais mon attention de ce paysage à la fois familier et irréaliste à cause de la lueur bleuté qui se reflétait contre les murs, le visage que j’attendais apparut finalement dans l’encadrement de la porte. C’était sûrement le seul élève à quitter un devoir surveillé, mélangeant mécanique, électrique et Kepler,  le sourire aux lèvres. Son collègue de discussion et lui se dirigèrent vers moi tandis qu’ils poursuivaient leur débat en lien avec l’épreuve qu’ils venaient de traverser. Je ne supportais pas entendre les résultats des autres en sortie de devoir, j’étais du genre à ressasser le passé de long en large alors que je savais pertinemment qu’il m’était impossible de changer ma réponse. Un geste brusque sembla clore le débat une fois qu’ils arrivèrent.
-Yo ! Lança Edward dans ma direction.
Je lui répondis par un sourire avant d’incliner poliment la tête vers mon camarade de classe.
-Professeur Planck aurait-il encore frappé ? Demandai-je presque malicieux.
Edward retroussa le recoin de ses lèvres et dévoila ses dents, il était presque effrayant dans cette pose, comme possédé avec une lueur distante au fond des yeux.
-Mouhaha le professeur a pris possession de mon esprit ! Si je n’ai pas réussi ce devoir le monde ne tourne pas rond ! Déclara-t-il en faisant preuve d’une arrogance volontairement exagérée.
Je lançais un coup d’œil à mon camarade resté silencieux, il semblait approuver mes pensées, d’un mouvement presque synchrone nous secouions la tête d’un air las. Ed rigola puérilement avant de redevenir lui-même, son exorcisme passé sous silence.
-Et toi Sam, tout s’est bien passé ?
-Moui, malheureusement l’esprit d’un génie physicien ne m’habite pas alors j’ai fait ave ce que j’ai pu ; ce que j’avais sous la main : un criterium, une feuille et une équerre, avec un peu de chance j’ai construit une machine à remonter le temps parfaitement fonctionnelle.
Un rire échappa des auditeurs.
-Tu travailles sérieusement donc cela finira forcément par payer, enchaina Ed.
-Je l’espère. Merci pour les révisions, j’ai été en mesure de mieux réussir certains exercices, lui dis-je plus sérieusement.
Il prolongea son sourire avant d’échanger de nouveau quelques mots avec notre camarade, celui-ci nous salua d’un mouvement de main avant de rejoindre un groupe de jeunes qui s’éloignait du hall. Je jetais un regard à mon ami qui restait silencieux, perdu dans le vague, il réfléchissait encore et toujours. Je passai ma main devant lui afin de le sortir de ses rêveries.
-Tu t’endors la Belle au bois dormant ? Demandai-je légèrement moqueur avant de réaliser qu’en l’état actuel des choses il y avait de très forte chance pour que que la plaisanterie se retourne contre moi.
Toutefois contrairement à ce que j’imaginais, Edward ne réagit pas à la blague. Une petite expression naïve et douce à la fois naissait sur son visage.
-Je m’endors et je ne rêve que de belles choses mon petit Sam, soupira-t-il avec un romantisme qui aurait dû me rendre malade.
Au lieu de quoi je suivis immédiatement la direction de son regard envouté qui ne quittait pas d’une semelle la jolie demoiselle rousse qui se baladait seule dans le couloir. Un air studieux. Des yeux noisette étincelant en contraste avec le foulard rouge qu’elle portait de façon décontracté autour du cou. Une fille très simple, mais une beauté indicible transparaissait à travers cette simplicité où mon jugement était-il entravé par le sourire joyeux et accueillant qu’elle nous offrait.
-Clara je suppose ? Dis-je à la demoiselle.
-Eh oui, enchantée … , articula-t-elle d’une voix curieuse.
-Sam, déclarai-je d’un ton détaché.
Elle finit par m’adresser un sourire cependant je savais pertinemment que le seul à qui il s’adressait se trouvait juste à ma gauche.
-Coucou ! Lança bien vite l’intéressé. Comment s’est passée ta journée ?
-Salut. Bien, bien et toi ?
-Oh pas mal, je viens de sortir d’un contrôle de physique qui s’est probablement bien passé.
-Tant mieux répondit-elle alors, replaçant une de ses courtes mèches derrière son oreille.
Cette fille timide semblait plutôt sereine aux côtés d’Edward, discrète mais dont l’aura dégageait une puissance rayonnante. Paradoxal. Je pouvais comprendre pourquoi mon ami semblait si intéressé par cette fille, moi aussi je ressentais l’envie de mieux la connaître. Elle paraissait forte, sans crainte de crier au monde sa différence, embrasser la solitude ne lui faisait pas peur s’il s’agissait d’être honnête envers elle même. « La solitude moi je l’embrasse car jamais mon esprit ne sera fait prisonnier. » Cette phrase me revint en tête, je trouvais qu’elle correspondait bien au personnage. Seul face au monde, je suis ce que je suis et les autres n’ont qu’à l’accepter car je refuse de barricader ma personnalité dans la case précise que la convention m’a offerte. Clara correspondait à ce genre de personne, ce que moi je ne serai jamais car le mensonge sonnait de façon tellement plus douce à mes oreilles que le vide, le froid et le dégoût que ma condition inspirait aux gens de mon entourage. Finalement, je n’étais qu’un trouillard qui avait besoin d’être apprécié en apparence au moins.
-Et toi Sam, ton contrôle ? Me demanda-t-elle.
Surpris dans mes réflexions, je levai les yeux tout en haussant les épaules.
-On verra bien, l’esprit de la physique ne me rend pas visite malheureusement, mais j’ai fait de mon mieux.
-C’est déjà pas mal, tout le monde ne peut pas être schizophrène comme Edward, personnellement je pense que c’est pour le mieux.
Elle opina d’un petit mouvement de tête, souriant comme une enfant provocante. Le patient mental afficha alors une moue mi figue mi raisin.
-Sans professeur Planck, qui réviserait avec Sam ?
Je penchai la tête sur la droite, les évènements prenaient une drôle de tournure, être au milieu de leur chamaillerie pourrait bien vite devenir gênant.
-Ne te vexes pas, renchérit-elle sa tandis que sa main s’aventurait sur ses cheveux dans le but de le décoiffer. C’était un compliment mon pauvre.
-He, marmonna-t-il sans pour autant la repousser.
Dans mon coin je me contentai d’observer leur petit jeu d’amour, arkward turtle … Léo débarquait dans le couloir, il allait me sauver, tenir la pseudo chandelle ce n’était pas toujours l’éclate. Les deux autres jouaient encore à se chercher des noises. Edward avait fini par s’imposer, il tenait la jeune femme à distance tout en lui ébouriffant les cheveux, de manière douce car il ne brutalisait pas les filles qu’elles soient fortes ou fragiles.
-Yo ! S’exclama le grand chatain qui accompagna ses mots d’un petit salut militaire décontracté.
-Salut, répondis-je en bondissant sur l’occasion pour accorder mon attention à quelqu’un d’autre que le duo comique.
Léo les observa d’un coup d’œil avant de me fixer d’un air … no coment.
-Ca suffit les enfants, on arrête de se disputer de la sorte, réprimanda-t-il d’un air paternel qui ne lui convenait pas du tout.
Personne n’avait envie d’écouter un père aussi peu responsable, son intervention ne changea donc pas grand chose pour les deux jeunes enfants enjoués.
-Je te déconseille d’avoir une famille plus tard, ton manque d’autorité flagrant n’arrange en rien ton cas, lui dis-je sérieusement.
Il sourit en secouant la tête d’un air de goujat.
-Je suis un bachelor moi monsieur, la famille ce n’est pas un concept qui m’est familier.
Mauvais jeu de mot.
-Je ne suis pas fais pour rester fidèle, donc je compte bien sur toi et Ed pour être tonton, plaisanta-t-il en me tapotant l’épaule.
Je crus m’étrangler sur ma salive en entendant ces mots.
-Parce que tu crois que j’oserai te confier mes enfants si jamais je devais en avoir ?
-Bien sûr, je serai le meilleur tonton du monde, mais dépêche toi d’avoir une fille avant que l’écart ne se creuse trop.
-Tu es horrible ! Jamais je ne laisserai des enfants avec toi dans les parages, rétorquai-je aussitôt alors qu’une vision horrible me traversait l’esprit.
Léo et sa libido incontrôlable, un jour peut-être que quelqu’un se déciderait à le dresser, réussirait à lui passer le joug, je l’espérai car à l’heure actuelle il était irrécupérable. Ce garçon était un vrai matou sans attache, toujours à sillonner son territoire en quête de compagne. Il ne traitait pas mal ses copines. Léo était sincère avec elle et toujours gentil, quoique faisant passer sa petite personne avant le reste, mais qui ne le faisait pas ? Il n’avait jamais trompé aucune d’entre elles, et les avait quitté respectueusement, le problème était qu’il se laissait très vite. De ce fait l’adolescent passait d’une amourette à l’autre sans chercher vraiment à découvrir ce que pouvait offrir une relation durable. Je n’approuvais pas particulièrement sa conduite envers les filles dont il se servait mais le choix leur appartenait alors ils étaient assez grands pour se gérer eux-mêmes. Je l’observais silencieusement tandis qu’il gardait un œil sceptique sur le duo qui chahutait puérilement.
-Vous voulez qu’on vous laisse une chambre ou vous aimez avoir un public ? demanda-t-il avec une dose importante de sarcasme.
Edward pivota sur lui-même pour lorgner son critique avec une vigueur agressive étonnante. Le sourire mesquin qu’ils s’offraient respirait l’ultime provocation.
-Ne sois pas jaloux, tu te doutes que ce n’est pas parce que tu te trouves être célibataire que nous autres devons nous abstenir de cette poussé d’adrénaline.
Clara qui avait fini par se calmer finalement vint poser son menton sur l’épaule d’Ed, on aurait dit une extension de son corps, très étrange comme union … Je plissai un sourcil, la voyant claquer ses mâchoires de façon répétée. Ed appuya sa tête contre la sienne pour arrêter ce mouvement désagréable, qui au vu du frisson qui avait brièvement parcouru son corps devait lui avoir traversé ses os.
-Vous flirtez ensemble comme deux inséparables amoureux, c’est gênant pour nous vous comprenez ? Pleurnicha-t-il en laissant pendre sa tête sur le côté d’un air de cocker dépité.
-Pauvre enfant ! Répondit-elle avec une compassion qui se voulait sincère mais qui transparaissait comme moqueuse au vue de la situation. Ne t’inquiètes pas, je comprend que tu sois jaloux que je captive autant l’attention de ton « petit copain », clin d’œil à la soirée de Laura, je te le laisse tu vas pouvoir de nouveau briller dans ses yeux.
Son expression malicieuse fit passer la pilule à Léo qui de toute façon ne souhaitait quand même pas les ennuyer trop longtemps. Le jeune homme finit donc par s’incliner devant le général victorieux, il admettait sa défaite sans honte. Ed scruta un instant la foule avant de se poser sur Clara qui après avoir joué à la jumelle siamoise avait opté pour une séparation complète des corps.
-Tu t’en vas déjà ? Léo peut me partager si c’est ça le problème  …
-Ne te fais pas de soucis, ton ami ne me fais absolument pas peur. Mais j’ai promis d’accompagner ma petite sœur à ses cours particuliers et elle va m’en vouloir si je tarde, elle est suffisamment stressée comme ça, dit-elle d’une voix plus basse comme s’il s’agissait d’un secret entre elle et nous.
-Bon très bien à une prochaine f …
Il n’eut pas le temps de finir que déjà une voix s’élevait par dessus la sienne.
-Tu as une petite sœur ?! Demanda Léo en haussant les sourcils.
L’adolescente secoua la tête, désespérée.
-Ne t’inquiètes pas, jamais je ne commettrai l’erreur de te la présenter monsieur le coureur de jupons.
Là c’était clair et net qu’elle se mettait sur la défensive ; pas touche à la petite sœur sinon grave danger. Je n’irai pas toucher à ses petits.
-Je peux changer !
Ce n’était pas ce que tu disais il y a cinq minutes, quel beau parleur, toujours à changer de disques selon le public.
-Ouais, j’y crois, répondit-elle en affichant ouvertement son manque total de convictions. Bon à plus les gars, ajouta-t-elle en s’éloignant, elle jeta un dernier coup d’œil à sa montre avant d’accélérer le rythme.
Nous répondions d’un geste de main avant de refermer notre cercle de trois personnes qui était plutôt un triangle à présent.
-Vous croyez que j’ai une chance avec sa petite sœur ?
-Tu ferrais mieux de laisser tomber, elle est prête à te mettre une sacré raclé, digne d’une maman ours qui protège ses oursons, lui  dis-je sincèrement.
Edward quant à lui plissait un sourcil désapprobateur.
-C’est bon j’ai compris. Il y a plein d’autres poissons  pour moi dans l’océan moussaillons.
Je ne pouvais que sourire devant la naïveté de mes amis qui se disputaient sans cesse mais se pardonnaient tout aussi tôt.
-Clara est sympa, ajoutai-je sans m’adresser à quelqu’un en particulier.
Si Léo les embêtaient, pour ma part malgré mon manque total de romantisme, je préférai ne pas trop m’en mêler.
-Je crois qu’elle m’a envouté plus que je ne voudrais le reconnaître, confessa-t-il discrètement.
Un court silence s’installa entre nous tandis qu’on laissait Edward profiter pleinement de l’étendue de sa réflexion. Sa sensibilité dépassait celle de Léo, puissance mille, en ce qui concernait l’amour.

-Et sinon Sam, nous n’avons pas encore discuté de la situation « Laura ». Tu as des informations confidentielles à ce qu’il paraît, commença Léo avec un clin d’œil espiègle. Alors qu’est-ce que tu lui as fait de mesquin pour qu’elle t’en veuille autant ?
Génial, les nouvelles circulaient vite. Tout le lycée devait être au courant de cette affaire.
-Hum …
J’étais peu enclin à répondre à cette curiosité mal placée.
-Tu es allé rendre visite aux tops modèles des posters ? Continua Léo sans aucune gêne.
-Pourquoi j’alimenterai es ragots du lycée, que je sache cette affaire ne concerne personne d’autres que nous.
Edward et Léo s’échangèrent un regard dubitatif. J’avais raté un épisode, un détail primordial.
-Ah, car Laura ne semble pas s’accorder à ta vision, son petit fan club de demoiselles l’écoute se plaindre depuis plus de trois jours … m’expliqua mon ami tandis que Léo me fuyait.
De nouveau une vague de silence s’échoua sur notre groupe.

    -Ici c’est le hall, la voix continua à expliquer diverses informations sur l’établissement.
Edward haussa un sourcil en identifiant la voix.

-La directrice ? S’interrogea-t-il. On dirait qu’il y a un nouveau.
En effet, il avait tapé dans le mille, Madame Andrea était accompagnée. Je suis mort ! Je suis mort et enterré ! Pendant que je me repliais sur moi-même dans l’espoir de disparaître en éliminant tout le vide en moi, comme la terre tiendrait sur une tête d’épingle si c’était le cas, mes deux amis suivaient la découverte du lycée en live. La nouvelle s’immobilisa, pivota sur elle même avant de foncer dans notre direction.
-Sam ! Je ne savais pas que tu étais dans ce lycée ! Quelle surprise ! s’exclama-t-elle enchantée.
Je devais être aussi pale qu’un fantôme face à cette psychopathe comédienne, elle me hantait comme convenu lors de notre première discussion. La directrice sourit.
-Vous connaissez Sam … C’est fantastique il est dans votre classe tout comme Edward. La visite étant finie je vous laisse. Sam je compte sur vous pour aider votre nouvelle camarade.
-Oui madame, répondis-je avec le peu d’entrain que j’avais à l’idée de veiller soigneusement sur mon futur assassin de façon à ce qu’il ne puisse que mieux me laminer.
Elle échangea quelques mots avec l’adolescente avant de nous quitter. Les garçons avaient été bien silencieux jusqu’à présent Ce fut monsieur le coureur de jupons qui rompit le froid qui s’installait.
-D’où tu la connais ?!
Je haussai les épaules, mal à l’aise.
-J’ai rencontré Sam pendant les vacances d’été. Nous étions dans le même camping au bord de la plage, déclara-t-elle avec une aisance certaine. Et je préférerais que tu utilises Sonya plutôt qu’un article défini, merci.
Je venais tout juste de découvrir son prénom tandis que de son côté elle avait clairement lu mon autobiographie non encore rédigé à ce jour, elle n’aurait jamais su pour mes vacances autrement. Ou bien le hasard avait fit les choses à merveilles, un petit mensonge qui tombait à pic, mais j’avais de gros doute à ce sujet.
-Enchanté Sonya, le râleur c’est Léo. Ne fais pas attention à lui, il vient de se prendre un râteau d’où son humeur de dogue colérique, expliqua Ed en calmant le jeu. Bienvenue au lycée, j’espère qu’on s’entendra bien.


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#36 2015-07-07 12:43:57

vanouloup
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Re: ~ Métamorphose ~

Catitiz_PDT_51 Ohoh ça sent pas top tout ça Hihihi Catitiz_PDT_18


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#37 2015-07-13 22:10:34

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

En effet xD Les ennuies commencent peut-être …
Le chapitre suivant est en cours, j'essaie de le poster dans pas trop longtemps ^^


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#38 2015-07-16 14:19:18

clem69
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Re: ~ Métamorphose ~

Je suis tombée sur ton histoire tout à fait par hasard et franchement je trouve ça kool ! Il y a selon moi quelques problèmes de vocabulaire dans le sens où les phrases sont trop soutenues ou trop alambiquées pour un tel contexte de temps en temps. Mais honnêtement, c'est très agréable à lire, je me suis prise au jeu et j'ai hâte d'avoir la suite maintenant haha Catitiz_PDT_29

Dernière modification par clem69 (2015-07-16 17:43:09)

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#39 2015-07-16 21:34:11

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

@Clem: Merci pour ton avis ^^ Je suis toujours contente d'avoir des nouveaux lecteurs :)
Concernant le vocabulaire, je ne te cache pas que je suis une bille xD D'habitude je travaille avec un dico, mais c'est parfois problématique lorsque je suis en cours et qu'il faut alors être plus discret lol
Lorsque je ferais la relecture j'y porterai donc une attention toute particulière.

En tout cas ça me fait plaisir d'entendre que tu apprécies mon histoire. Merci pour ton commentaire constructif :)


Et sur ce je vous annonce la suite x)

Chapitre 12 :

    Qu’est-ce qui pouvait bien le retenir aussi longtemps ?! J’attendais depuis un quart d’heure déjà qu’il daigne mettre un pied hors de sa maison. Ce matin il n’y avait pas grand monde dans les rues, personne de tenait à braver les crocs du froid. J’observais le nuage de buée se former devant ma bouche à chaque expiration, j’avais l’impression de souffler de la fumée tel un dragon céleste. Un grincement m’apprit que ma patience n’était plus sollicitée au bureau cérébral, mon expression changea, la malice avait besoin de se manifester. L’adolescent franchit son portail complètement absorbé dans l’observation d’une benne à ordure mise sans dessus dessous par l’action probable d’un petit vandale. Il ne m’avait pas repéré. Cachée derrière le muret des voisins, j’avais méticuleusement fait en sorte à être invisible. Une petite surprise matinale réchauffait toujours le cœur.
-Bouh ! Lançai-je, avec enthousiasme, j’attrapai l’épaule du garçon un instant après.
Il sursauta si brusquement que je crus momentanément que son âme cherchait à s’échapper de son enveloppe charnelle dans un acte désespéré. Sam se retourna, ses yeux bleus ronds de frayeur.
-Oh aller, ne panique pas de cette façon, je n’allais pas te tuer ! M’exclamai-je amusé de constater de l’effet radical de mon entreprise.
Son regard noir sembla m’indiquer à quel point il ne s’amusait pas. Je haussai les yeux au ciel, quel rabat joie.
-Tu pourrais au moins attendre les gens comme tout le monde, railla-t-il mécontent.
Je croisais les bras devant ma poitrine.
-Qu’est-ce que tu insinues ? Que je ne suis pas normale car je n’agis pas comme un mouton ?
Le garçon grimaça, gêné, il savait tout comme moi que si je ne correspondais pas à la norme, lui non plus n’en faisait pas parti. Après un long soupir il se résolut à marmonner une réponse.
-Si jamais je te disais ça, cela concernerait sûrement d’autres de tes occupations.
Il avait raison, on pouvait se poser de nombreuses questions au sujet de mes occupations nocturnes, mais ce n’était pas aujourd’hui qu’il en saurait plus.
-De toute façon, c’est ici l’hôpital qui se moque de la charité petit monstre, rétorquai-je assez condescendante.
Sam baissa la tête, c’était un brave jeune homme qui comprenait bien vite mes intentions. Je souris avant de lui tapoter le bras d’un geste encourageant.
-Et si on se mettait en route, je n’ai pas envie de remplir un des bulletins ridicules pour justifier un retard, ajoutai-je après cet épisode silencieux.
A l’évidence je le mettais plus que mal à l’aise, ce qui au vue des circonstances n’avait rien de surprenant. Un conseil, n’essayez pas de vous faire des amis en menaçant ceux de ces derniers, cette méthode est vouée à l’échec, j’en suis la preuve vivante. Par contre si vous souhaitez intimider un ennemie c’est un moyen relativement efficace.

     Le chemin jusqu’au lycée fut long, très long. Pas à cause de la durée réelle mais à cause du silence de mon camarade, qui rendait sa tension palpable. Edward ne devait pas le rejoindre ce matin, j’avais choisi précisément cette matinée pour être seule en sa compagnie. Nous avions tant de choses à nous dire et pourtant pas un mot ne sortait de nos bouches, personne n’osait s’aventurer sur le chemin sinueux des questions. Heureusement, ce calvaire prit fin pour Sam à l’approche du lycée, le brouhaha des adolescents s’élevait depuis la cour du bâtiment central. Sans prêter attention à moi, le jeune homme se dirigea vers le portail. Je le suivais de près dans les couloirs de l’établissement. Je connaissais les plans sur le bout des doigts, pas de soucis de se perdre, cependant montrer une vulnérabilité en paraissant quelque peu perdue lors des premiers jours avaient l’avantage d’attendrir le cœur de mon entourage. Ils ne s’attendraient jamais à ce qu’une impitoyable tigresse bondisse hors de moi pour ôter la lueur scintillante de vie de leurs yeux. Installé devant son casier, Edward s’attelait à trier les livres dont il avait besoin pour la journée. Il nous accorda un sourire à notre arrivé.
-Salut ! Vous venez ensemble au lycée ? Demanda-t-il curieux tout en continuant de ranger ses affaires.
J’avais conscience que depuis mon arrivée des rumeurs circulaient à propos de ma présence aux côtés de Sam. Peu importe ! Cela se calmerait d’ici une ou deux semaines. Ce dernier entreprit de sortir à son tour des bouquins, il me laissait donc répondre. Je soupirai devant la nonchalance de mon camarade. L’avantage de l’attitude de Sam et que je pouvais, pour ainsi dire, raconter la dernière des bêtises sans qu’il s’interpose.
-Oui, j’avais besoin qu’on me prenne par la main, alors Sam s’est gentiment, ou devrais-je dire « docilement » pensai-je pour moi-même, porté volontaire.
Distrait, mon interlocuteur sourit. Ma réponse lui plaisait.
-Ah d’accord, n’hésite pas à solliciter son aide d’avantage. Je suis persuadé qu’il sera ravi de t’aider ! Ajouta-t-il avec un clin d’œil espiègle.
Edward connaissait Sam aussi bien que je le pouvais, et sans doute un peu plus. Drôle de garçon. On allait bien s’entendre !
Les jeunes se hâtaient dans les couloirs, la cloche ne tarderait pas à retentir, direction la salle d’anglais.

    Le début de la journée n’avait été que le présage de la suite. Longue, lente. J’avais oublié à quel point les centres d’études ne m’avaient pas manqué ! C’est une fois replongé dans le système que l’on se rend compte que l’on appartient à ce monde ou au contraire pas du tout. Détrompez-vous, je ne déteste pas étudier, la culture est une valeur que je chéris, toutefois pas de la façon dont on nous l’enseigne. La différence blesse. Ma journée s’était résumée à prendre des notes, du moins feindre d’écrire, disposer un crayon sur ma lèvre supérieur afin de visualiser mon visage avec une moustache pour faire passer le temps, discuter avec de potentiels « amis » … en somme rien de fort passionnant. A présent, adossée contre un mur du couloir de passage, j’écoutais la discussion de Sam et Ed, heureusement que des pauses régulières découpaient les cours. Un bruit de pas s’arrêta devant nous. Relevant la tête je découvris Léo qui s’était immobilisé face à moi. Il ignorait totalement ses deux amis préférant me dévisager. Décollant mon dos du mur, je lui adressai un sourire toute aussi indifférente face à lui qu’il ne l’était devant les garçons.
-Je vous laisse, le vais visiter les toilettes, et cette fois-ci je n’ai pas besoin que tu me prennes par la main Sam, lui dis-je en trouvant un prétexte pour m’éclipser.
Je filai sans demander mon reste, un peu plus loin dans le couloir j’avais repéré le cigle W.C que je cherchais sois disant.
   
     Assise sur le couvercle des toilettes, je laissais passer le temps. Je ne tenais pas spécialement à vidanger ma vessie mais Sam méritait un peu de répit. Je n’étais pas un monstre sans cœur qui appréciait de le traumatiser 24h sur 24h, quoique … Une fois à l’intérieur, les filles m’avaient jeté un coup d’œil. Sans réfléchir d’avantage, j’avais trouvé refuge dans une cabine vide. Etirant mes bras, je me redressai avant de tirer la chasse d’eau. A ma sortie, deux adolescentes discutaient devant le lavabo, elles eurent la politesse de s’écarter d’à peine un pas pour me laisser accéder aux facilités.
-Mais qu’elle garce, je n’arrive pas à croire que Cindy t’ai fait un coup pareil ! S’exclama la première tandis que je me lavais les mains.
-Et ce n’est pas tout, elle est allée jusqu’à coucher avec lui. Je l’étranglerai bien ! Marmonna l’autre qui resserrait ses doigts ensemble, furieuse.
Elles n’étaient visiblement pas perturbées par ma présence, malgré les ragots abordés, sans doute cela les arrangeait-il que la réputation de Cindy en prenne un coup.
-Tu devrais te venger, en plus elle est loin d’être aussi belle que toi ! Tu as vu ses cuisses boudinées lorsqu’elle porte des jupes ! Geignit de nouveau la première avant de tirer la langue avec dégoût.
Mais quelles actrices fabuleuses ! Pensai-je dans ma tête en levant les yeux au ciel. Le ton mesquin de cette fille me fit plisser un sourcil. Je parierai bien que le refrain n’était pas le même lorsque Cindy était en face. Dieu ce que les filles peuvent être des pestes ! J’en étais une aussi, mes préoccupations n’étaient pas tout à fait identique cependant. Je me surpris à rêver d’une vie différente, où j’avais grandi comme elles. Si je n’étais pas sortie du système, serai-je devenue comme elles, des vipères hypocrites, amères et aigries par la jalousie ? Cette idée m’horripilait au point que la chaire de poule fasse irruption le long de mes bras.
Je refermai la porte derrière moi, imaginant déjà qu’elles racontaient des gentillesses à mon sujet : « non mais tu l’as vu celle là ? Pour qui elle se prend ?! » et encore je supposai que c’était plus poli que la vérité.
Distraite je cheminai en direction du lieu où j’avais abandonné les garçons. Je me réveillai de justesse pour éviter un lycéen que j’étais sur le point de percuter. Incident mis à part, je ralentissais à l’approche du groupe afin d’écouter leur conversation.
-Je crois que tu ne te rends pas bien compte mon gars, tu es le premier qu’elle ait jamais emmené dans sa chambre. Le premier ! Tu m’étonnes qu’elle t’en veuille de t’être tiré après un privilège pareil, elle doit se sentir ridicule, s’exclama Léo qui baissait la voix essayant tant bien que mal d’être discret.
Sam rougit très légèrement, il se doutait que n’importe qui serait mort de honte après une telle expérience, c’était pire que de croiser une connaissance dans la rue, la saluer et se prendre le plus gros vent du siècle car de son côté elle détournait les yeux et mettait tout en œuvre pour ne pas nous voir.
-Je … j’ai paniqué… , bredouilla-t-il.
Un groupe de filles attira alors mon attention, elles formaient un cercle, une belle blonde en son centre captivait le regard de toutes les autres. Pas de doute ! L’expression froide qu’elle lançait à ma proie me permettait d’en déduire sans problèmes qu’il s’agissait de « La Fille » en question. Histoire intéressante. Comment pourrais-je y semer d’avantage la zizanie ? … J’approchais finalement des garçons, sans mise en garde je lançais mon bras autour des épaules de Sam, nous nous retrouvions collés l’un à l’autre. Léo et Edward n’eurent qu’une brève réaction de surprise contrairement au jeune qui se retrouvait au bord de l’arrêt cardiaque à chaque fois que nous entrions en contact.
-Je suis de retour ! Déclarai-je pour citer l’évidence.
Sam s’agita et je finis par le relâcher. J’étais pire qu’un chat qui jouait avec une souris entre ses griffes, elle restait en vie sans savoir d’ici combien de temps elle serait croquée !
-On avait cru remarquer, marmonna Léo dans sa barbe.
Je souris de plus belle pour répondre à son affront. J’avais dépassé ma peur du regard des autres depuis bien longtemps même si je devais avouer que parfois le mieux était d’agir de la façon attendue pour ne pas trop sortir du lot. Ils m’observaient tous les trois, chaque regard différent. Je faisais face aux yeux d’une proie apeurée, à un dégoût méprisant et à un sourire amical qui réchaufferait le cœur de n’importe qui. Drôle de scène si vous voulez mon avis. Nonchalante je retournai à un sourire à chacun d’entre eux.
-Et sinon, dites moi, il doit bien avoir des activités sportives dans votre établissement ? Questionnai-je tout en connaissant la réponse.
Sam pencha la tête sur le côté comme  si j’étais une bête de foire, il devait avoir du mal à s’imaginer qu’on pouvait avoir des occupations banales même si d’autres l’étaient beaucoup moins. Edward allait prendre la parole, mais Léo le prit de cour, une expression presque condescendante ornait son visage.
-Tu pourrais sans doute te faire une place dans les rangs des pompoms girls, j’ai entendu dire qu’elles recrutaient de nouvelles candidates. Cette place t’irait bien tu ne penses pas ?
Le chauvinisme à son plus haut degré. Si ce garçon croyait que j’allais le laisser me marcher sur les pieds sans la moindre riposte il se mettait le doigt dans l’œil, voire même pire, il s’enfonçait le doigt dans l’œil plus profondément encore et le retournait trois fois dans son orbite car il était impossible de ne pas réagir fasse à son machisme. J’avançais dans sa direction pour me planter sous son nez, il était grand mais je me défendais bien aussi, j’avais à peine à lever les yeux pour croiser son regard. Mes bras se croisèrent sur ma poitrine et un sourire en coin remplaça mon expression sereine : la guerre était lancée.
-Pompom girl ? Pour encourager une équipe composée de types dans ton genre, orgueilleux et inefficaces … très peu pour moi. Il vaut mieux que je soutienne un groupe d’éléphants funambules en patins à glace ils auraient plus de chance de gagner un prix.
Pause nécessaire à une inspiration de façon à l’irriter un peu plus.
-Si encore il y avait des équipes sportives qui en valaient la peine pourquoi pas, après tout il faut une certaine maîtrise technique pour réaliser leurs figures aérodynamiques, mais puisqu’il n’y a personne que je souhaite soutenir autant me trouver une place dans une équipe tu ne crois pas, rétorquai-je sans le lâcher des yeux.
L’adolescent me toisait à présent durement, peu de filles devaient s’amuser à le défier, la plupart préféraient sûrement se noyer dans ses yeux noisettes et pétillants, malheureusement pour lui je n’avais aucune envie de roucouler aujourd’hui.
-Tu ne m’as jamais vu jouer, je vois mal comment tu pourrais juger de mes compétences avec un coup d’œil rapide. Notre équipe a plusieurs fois été classée en tournois, déclara-t-il tandis qu’il s’appuyait sur le mur avec frustration.
Je l’observai alors de la tête au pied, le détaillant soigneusement avant de grimacer moqueusement.
-Rien qu’au premier coup d’œil on peut deviner certains détails. Les résultats ne veulent rien dire, si vous affrontiez des équipes de primaire c’est sûr qu’il y avait possibilité que tu te démarques un tant soi  peu.
J’avais comme l’impression d’agiter un morceau de viande devant trois loups affamés en me sachant très bien protégée par une vitre épaisse ce qui n’ajoutait qu’à leur colère grandissante. Les trois garçons jouaient dans la même équipe de basketball et je me contentais de la critiquer ouvertement devant eux, une tension palpable se dégageait d’eux.
-Crois ce que tu veux, cette année nous sommes partis pour gagner le championnat  régional de basket, ce que tu penses ne nous intéresse pas de toute façon, conclut Léo boudeur.
Je haussais les épaules, peu convaincu.
-Vous êtes dans une équipe de basketball, hum…, ça doit valoir le coup d’œil, dis-je  tout en hochant lentement la tête.
Ils se consultèrent silencieusement avant de se décider à me répondre. Trop tard j’avais mon mot à dire.
-Ne serait-il pas déjà l’heure de retourner en cours ? Demandai-je en fixant Léo droit dans les yeux.
En effet la cloche résonna dans le couloir, l’adolescent resta immobile, une lute de pouvoir se jouait entre nous, je ne flancherai pas, jamais face à lui ! Il fallait rajouter à cela le regard brûlant de jalousie de Laura, posé sur mon dos, elle essayait de toute ses forces de me carboniser sur place de façon à ce que mes cendres ne soit plus en concurrence avec elle dans l’esprit de Sam. En si peu de temps j’avais déjà deux ennemis « mortels » dans ce lycée, et la liste ne pouvait que croitre. A ce rythme là j’aurais dépassé mon record sous peu. Le coureur de jupon, comme on me l’avait ainsi présenté s’éloigna, même lui n’avait pas le courage ou le temps de perdre sur ses études. Sam soupira discrètement, il réalisait un peu plus chaque jour dans quel bourbier il pataugeait. Le groupe de filles nous dépassa, elles ne daignèrent même pas saluer leurs amis. Une seule petite brune potelée se retourna, elle afficha un sourire discret et assez confus, elle semblait désolée.
-Rebecca et bien la seule à oser aller à l’encontre de Laura, murmura Edward.
-Je suppose qu’elles soutiennent leur amie à leur façon. Je vais tenter de lui parler ce soir si je la croise, répondit Sam qui était totalement perdu face à cette fille.
Je pouvais lire en lui le trouble de ne savoir comment agir et de s’en vouloir. Il ne devait pas avoir beaucoup d’expérience avec le sexe opposé.

    Adossée contre un mur dans un recoin sombre du gymnase, j’observais les échauffements tranquilles des équipes sportives. J’entrepris à mon tour quelques étirements afin d’assouplir mes muscles, un claquage était la dernière chose dont j’avais besoin. L’équipe de basketball commença enfin à jouer. Les membres échangeaient quelques passes tandis que je trottinais vers l’entraineur qui sifflait le début d’un match amical entre les membres d’une même équipe. Mon entreprise ne sembla pas plaire à Léo, ce dernier lâcha lourdement le ballon qu’il tenait contre sa poitrine avant de nous rejoindre d’un pas agacé.
-Bonjour monsieur, je me demandais s’il était possible de m’entrainer avec vous ? J’aimerai beaucoup continuer de pratiquer le basket dans cet établissement.
J’affichais mon plus beau sourire dans l’espoir de l’amadouer. Le jeune trentenaire me détailla de la tête au pied. Ma taille ne serait pas un problème avec un bon mètre soixante dix-huit, ma tenue vestimentaire ne lui échapperait pas non plus. Il n’y avait plus qu’à faire mes preuves !
-Et bien …
Il n’hésita pas bien longtemps.
-On vous dérange monsieur ? Demanda-t-il hargneux.
Léo me dévisagea longuement comme à chaque fois qu’il me voyait, il haussa un sourcil.
-Les pompoms girls s’habillent en jupe pas en short de basketteur, déclara-t-il d’un ton neutre.
-Tu te sens menacé ? Tu as peur que je sois plus forte que toi pour te dresser ainsi sur tes pattes arrière à la manière d’un grizzly défensif ? Questionnai-je sans ciller.
Si le bruit caoutchouteux du ballon contre le parquet m’apprenait que ses camarades continuaient leur match, d’autres petits curieux tendaient les oreilles dans notre direction.
-Impossible ! Je sais que tu n’arriverais même pas à franchir la ligne médiane si on s’affrontait.
Mon sang froid avait bouilli trop longtemps. Je plantais un regard glacial dans le sien. Nos expressions étaient quasi similaires, nous nous ressemblions sous plus d’un aspect, têtu et orgueilleux.
-Très bien, je t’affronte avec tes camarades s’il le faut, criai-je un peu plus fort que prévu.
Oups. Le silence venait de s’installer, au vu de la réaction de l’entraineur qui se préparait à nous séparer, nous devions donner l’air de nous entretuer. Sam gardait un œil suspicieux sur notre dispute.
-Très bien, lâcha Léo fermement résolu à ne pas se laisser marcher sur les pieds, Zain, Sam venez m’aider ! Appela-t-il en me tournant le dos.
Monsieur Fogères n’avait finalement pas eu son mot à dire, le terrain était à nous.
-Tu prends le ballon et tu remontes jusqu’au panier … si tu y arrives, cracha Léo.
Ils prenaient place en face de moi : deux sur les côtés en avant, le dernier au centre en arrière du cercle central. Je ramassai la balle et dribbla deux fois pour évaluer le rebond. Je le laissai tomber un instant avant de saisir mes cheveux d’une main afin de les dégager de ma figure. En deux temps, trois mouvements, je les avais relevé et attaché, prête à commencer les choses sérieuses. Placée sous le panier, je repris le ballon en main avant de fixer l’arbitre improvisé et hocher la tête. Celui-ci siffla le début de la rencontre. J’inspirai profondément avant de partir au quart de tour. Les autres n’avaient pas encore bougé alors que j’approchais dangereusement de la ligne médiane. Finalement Zain s’avança à ma rencontre les bras ouverts pour me barrer le chemin. A leurs yeux je ne devais paraître qu’une débutante inexpérimentée. Je pivotai sur un pied, lui tournant temporairement le dos et ainsi protégeant le précieux ballon de mon corps. Troublé, j’étais déjà loin quand l’adolescent réalisa que je venais de le rouler. Le suivant était Sam, il me serait plus difficile de le duper. Sa technique était différente, il se concentrait exclusivement sur la trajectoire du ballon. Je lisais dans ses yeux à quel point il se montrerait précis lors de son attaque. Redoublant de vigilance, j’attendis qu’il abatte son bras vers la balle pour dévier dans la direction opposée. Ma feinte avait fonctionné. Le panier adverse se profilait à l’horizon, j’avais traversé les trois quarts du terrain à présent, Léo devait voir rouge. C’était le dernier à me bloquer la route. Inutile de m’inquiéter, j’allais le ratatiner, plutôt mourir que de perdre face à ce gamin ! Il ne tarda pas à se manifester, prêt à tout pour m’arracher le ballon, peut-être même le cœur afin de m’achever et me taire à tout jamais. Je bondis juste avant qu’il ne se précipite sur moi. Je jaugeai la distance jusqu’au panier et tirai. Les secondes durèrent des heures.
-Yeeees ! Hurlai-je à plein poumon lorsque la balle atteint sa cible.
Ma réjouissance ne dura pas car je retombais lourdement sur Léo qui n’avait pu ralentir à temps. Dans un patatrac strident nous nous effondrions tout deux sur le sol dans un grognement surpris. Nos têtes étaient entrées en collision et assise par terre je me frottai péniblement le front.
-Tu aurais pu faire attention, grommelai-je en toisant le garçon.
Il marmonna une réponse incompréhensible.
-Tu veux bien t’écarter un peu, je suis coincé ! Annonça-t-il finalement audible.
Je constatai au même moment que j’écrasais, de mon noble postérieur, ses deux jambes.
-Excuse-moi, dis-je en me relevant rapidement.
Je lui tendis une main pour le relever mais ce dernier préféra se redresser sans mon aide. Un silence étrange régnait, seuls des murmures impressionnés se faisaient entendre. J’étais agacée par la situation. Sans tarder je m’éloignai du terrain de sport et rejoignis le mur opposé avant de m’affaler sur le sol. Je n’avais besoin de personne pour pratiquer une activité physique, surtout pas une bande de machos qui ne me prenaient pas au sérieux. Rebecca à côté de qui je venais d’atterrir me gratifia d’un sourire doux.
-Tu as été fantastique sur le terrain ! C’est la première fois que je vois quelqu’un le franchir avec autant de facilité, s’exclama-t-elle sincère.
Depuis quand regardait-elle le match, je ne l’avais remarqué pendant le début, elle avait dû gagner la pièce au milieu du défi. Je manquais cruellement d’attention en ce moment. Je lui retournai un sourire mitigé.
-Merci … mais visiblement les filles n’ont pas de place dans leur équipe, soufflai-je déçue.
L’adolescente opina lentement d’un signe de tête.
-C’est vrai, toutefois je crois que tu les as fait changer d’avis. Moi je voudrais tellement pouvoir jouer comme toi,  avec mon physique cela me paraît difficile…, murmura-t-elle en baissant les yeux vers son ventre rondouillet.
Je lui jetai un coup d’œil avant de me redresser lentement, toujours les fesses posées au sol.
-On n’a pas besoin d’eux pour jouer au basket ! On n’a pas besoin d’une bande de types pareil. Toi et moi on pourrait s’entrainer ensemble si on le voulait. Certes, les matchs sont une hérésie, en ce qui concerne la technique on peut tout de même apprendre, déclarai-je déterminée à ne pas me laisser écraser.
Les yeux de mon interlocutrices brillèrent un instant. J’étais peut-être la première à la prendre au sérieux lorsqu’elle parlait de pratiquer le basket, avec sa petite taille et ses joues rebondies personne ne devait croire en elle. Moi en revanche, je savais que le physique ne voulait pas tout dire, j’étais même très bien placée pour le savoir.
-Au fait, je m’appelle Rebecca, enchantée, déclara-t-elle avec un grand sourire.
-Sonya, enchantée aussi !
Peut-être que je n’avais pas que des ennemis dans cette école.


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#40 2015-07-16 23:16:57

clem69
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Re: ~ Métamorphose ~

HaHa : t'inquiète c'est moi qui chipotte aussi. Après si vraiment ça t'intéresse je t'enverrais les 2/3 trucs qui m'ont paru en dissonance avec le reste.

La suite est kool, surtout que je vois mal où tu veux en venir pour le moment donc c'est chouette ! le suspens est à son comble ! Catitiz_PDT_14

Dernière modification par clem69 (2015-07-16 23:21:25)

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#41 2015-07-16 23:49:44

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

Ok, je te le demanderais sûrement par mp pendant les vacances quand je prendrai le temps pour corriger mon texte :)

Ah ah disons que je réserve quelques tournants pour l'histoire, je voulais que l'on soit surpris par ce qui arrivait, qu'on ne sache pas trop à quoi s'attendre. Et ce chapitre ne permet pas de déduire grand chose, le suivant sera plus révélateur je pense ...


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#42 2015-07-16 23:58:18

clem69
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Re: ~ Métamorphose ~

Chouette chouette : j'ai trop hâte d'avoir la suite haha

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#43 2015-07-27 22:23:02

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

J'ai été pas mal occupée ce qui fais que j'ai tardé pour ce chapitre … Bonne lecture ^^

Chapitre 13 :

    C’était l’enfer ! Depuis maintenant plus d’un mois la tempête Sonya déferlait sur ma vie. Rien n’allait plus. Elle avait séduit mon meilleur ami alors qu’elle voulait sa peau, quant à Léo, si jamais il disparaissait un matin je saurais qui était à blâmer. Mes parents se faisaient les idées les plus saugrenues au sujet de cette fille qui m’accompagnait en cours presque tous les matins. Personne ne voyait ce que je savais sur elle. Sonya n’avait rien de la fille charmante qu’elle paraissait être au lycée ou partout ailleurs où des yeux innocents la regardaient.
   
      Edward posa le doigt sur l’énoncé de l’exercice de math que nous traitions.
-Tu as réussi à finir la question 2.c) ? Demanda-t-il son crayon à la commissure de ses lèvres.
Je clignais des yeux pour cesser d’observer la jeune femme blonde qui était retournée un rang devant nous. Elle devait raconter des bêtises car elle gesticulait bizarrement tout en changeant d’expression régulièrement. Les deux autres qui l’écoutaient se tordaient de rire sur leurs chaises. Le professeur ne la voyait jamais pourtant. Elle avait le don pour se retourner pile au moment où il jetait un regard à la classe et adoptait alors l’attitude d’un agneau venant de naître.
-Euh, j’ai tenté un changement de variables. Tu poses X=x2 et tu débloques une partie de l’équation.
-Je vois … après comment tu te débarrasses de …
Et nous étions plongés dans le problème de nouveau. Notre professeur corrigeait un exercice au tableau tandis que la classe murmurait dans son dos. Nous n’étions pas trop dissipés cette après-midi. Il se retourna sur son estrade, élevée d’une quinzaine de centimètres au dessus du sol, et fixa la classe : trois rangées de deux personnes qui s’étendaient jusqu’au fond de la pièce. Les retardataires se hâtaient de copier ces inscriptions bizarres, qui de mon point de vu ressemblait plus à des hiéroglyphes qu’autre chose, avant qu’il ne les effacent. Il prit sa pose emblématique, une main posée sur sa barbe grise, les yeux perdus dans le vague. Je savais qu’il ne tarderait pas à choisir un élève à faire passer au tableau. Je me rapetissais au maximum, la seule idée d’être planté devant tous les autres et d’être ridicule me rendait nerveux. Le temps semble toujours long lorsqu’on attend en priant pour ne pas entendre son nom appelé de la liste des potentiels candidats.
-Sonya, voulez-vous bien venir nous faire part de vos résultats ? Demanda-t-il à l’adolescente qui avait retrouvé son rôle de sérieuse élève.
Sauvé ! Comme si on avait le choix de refuser de toute façon. Sonya ne semblait pas ravie. Elle afficha une moue mitigée avant de se lever de l’avant dernier rang de la classe et d’avancer jusqu’à l’estrade. Sonya attrapa lentement la craie que le professeur lui tendait, un échange silencieux se déroula et se conclut sans que personne d’autre ni prenne part. Le mathématicien l’encouragea d’un signe de tête à poursuivre. Lorsqu’elle se comportait comme n’importe quelle autre fille de dix-sept ans, Sonya n’avait en effet rien d’impressionnant si ce n’était sa grande taille et sa beauté naturelle.
-Je suppose que l’on commence par poser l’équation du cercle, on trouve (x-3)2+(y+2)2=1, dit la jeune femme en écrivant son raisonnement sur l’ardoise verte sombre.
Puis au bout de deux minutes Sonya ralentit le rythme et revenait sur la même chose, elle ne dégageait plus sa confiance habituelle. Les mathématiques seraient-elles sa faille ? Je la plaignais un peu d’être devant une bande d’adolescents moqueurs, même si dans l’ensemble personne ne disait rien à son sujet.
-Euh je ne vois pas comment continuer … déclara-t-elle en se retournant vers monsieur David.
Ce dernier suivi ses calculs des yeux avant de lui adresser une question. Elle secoua la tête négativement.
-Quelqu’un veut-il bien venir aider votre camarade ?
Le professeur parcouru la pièce des yeux avant de se figer sur l’un de nous.
-Edward par exemple.
Le sort avait choisi. Mon camarade n’était que trop content de se lever et cheminer vers l’estrade. Je le suivais du regard tandis qu’il s’avançait, Edward faisait parti des gens qui étaient toujours à l’aise devant une foule, peu importe la situation. Je l’aurais presque envié si ce n’est qu’il se dirigeait vers une dangereuse psychopathe.
-Et si nous entamions cette opération, commença-t-il après avoir saisi une craie blanche entre ses doigts fins.
Il rédigea un petit calcul avant de se tourner vers nous et de nous expliquer sa signification. Ed avait un don pour ce genre de choses. Il échangea un coup d’œil avec Sonya et elle lui adressa un magnifique sourire avant de continuer l’exercice. Ils se coordonnaient trop bien, complétant les phrases et les calculs que l’autre posait sans jamais s’arrêter. Visiblement monsieur David avait trouvé une solution parfaite pour motiver les gens à venir faire des mathématiques. Sonya s’amusait, rigolait et échangeait des regards entendus avec Edward. Une vraie complicité. Je ne me laissais pas leurrer, si j’avais le malheur d’ouvrir la bouche elle le tuerait sans hésitation possible. Une profonde colère naissait en moi sans que je ne puisse la retenir, les voir heureux, ou même partiellement heureux m’enrageait terriblement ! Je serai les dents come toujours et poursuivis mon occupation. Mon stylo s’enfonçait plus profondément dans le papier, si bien que lorsque je retournai ma feuille on pouvait lire à l’envers ce que je venais d’y inscrire. La voix du professeur résonna de nouveau dans la salle de classe lorsqu’il annonça que Sonya et Edward pouvait se rasseoir. Ed regagna sa place. Je ne lui adressai pas un mot, j’avais besoin de me concentrer sur la logique concrète, les maths étaient parfaites : pas d’émotions, pas de ressenti, juste de la logique pure et dure, tout ce dont je rêvais en ce moment même.

-N’oubliez pas de noter le contrôle de math qui aura lieu la semaine prochaine dans vos agenda, répéta une fois de plus monsieur David tandis qu’un flot d’élève désintéressés quittaient son cours.
Même après autant de précautions il y en aurait un qui le jour j prétendrait ne pas avoir été averti. Je rangeais mes affaires dans mon sac à dos, Ed était déjà sorti et m’attendait dans le couloir. J’avais très peu échangé avec lui durant les vingt dernières minutes, ce n’était pas de sa faute et pourtant je ne pouvais cesser de lui en vouloir. Souffle, respire mon grand. Calme. Zen attitude ! Pensai-je en m’éloignant de ma chaise. Mon professeur de mathématiques me sourit, je lui renvoyais la même expression. Nous échangeâmes un « au revoir » poli avant de nous séparer. Ed était bien là mais mon sourire avait disparu. Il fallait qu’elle soit toujours là.
-Sam, héla-t-il tandis que j’approchai d’un pas peu enjoué. Cela ne te dérange pas si j’invite Sonya aux révisions que nous avions prévu ce week-end pour le devoir de math. Je pense que cela lui sera aussi utile qu’à toi.
Bien sûr que non, je ne la veux pas avec nous, je veux qu’elle soit le plus loin de nous cette folle ! A vrai dire je n’avais pas spécialement le choix puisqu’il demandait sous son nez, je n’aurais pu refuser sous aucun cas, même face au pire des individus (et j’imagine qu’on ne devait pas être bien loin du compte).
-Pas de soucis, on se retrouve chez toi comme prévu ?
Il hocha positivement la tête avant de sourire à Sonya. Il s’était trouvé une nouvelle complice pour ses machinations. Il fallait que je me la coltine même pendant les week-ends. Depuis qu’elle s’entrainait au basket avec Rebecca je la voyais presque tous les soirs, et elle ne me lâchait pas la grappe lorsqu’on était au lycée. Le seul qui devait partager mon sentiment d’agacement était Léo, et encore il ne se doutait de rien.
-Cool ! Tu me feras passer ton adresse par texto ? Demanda-t-elle comme si elle ne connaissait pas déjà ce détail de la vie privée de mon avis qu’elle avait épluché en long, en large, en travers.
Ils continuèrent de converser sans que je n’y fasse plus attention. J’étais juste dépassé.

    Assis sur le banc du vestiaire, je demeurai silencieux. S’adresser au mur se révélerait une conversation plus intéressante que d’essayer de me dire un mot. Léo, torse nu, rigolait avec Zain : ils jouaient à monsieur muscle en adoptant les poses les plus ridicules au monde afin d’accentuer leurs musculeuses carrures. Seul le ciel savait où ils voulaient en venir car moi j’étais loin de piger leur délire. Finalement le brun se tourna vers moi, il tenait son T-shirt à la main.
-Dis moi, t’es pas de bon poil aujourd’hui toi. Il s’est passé un truc avec Ed ? Questionna-t-il.
Il se tenait debout face à moi, habillé intégralement à présent.
-Bof, oui et non. Rien de grave je suis simplement fatigué ces derniers temps, marmonnai-je en guise de réponse.
La journée avait été longue après l’épisode du cours de mathématiques. Je levai les yeux dans sa direction avant de mordre ma lèvre inférieure, pensif.
-Je peux te poser une question dont la cohérence se trouve à une année lumière d’ici par rapport à ce dont on vient de parler …
Léo m’encouragea à poursuivre d’un geste de tête.
-Pourquoi tu n’apprécies pas Sonya ? Lâchai-je d’une traite.
Il parut tout d’abord surpris puis marqua un silence. Question piège.
-Cette fille m’insupporte avec son air supérieur de mademoiselle je sais tout, et puis j’ai un feeling étrange quand je suis avec elle, je ne lui fais pas confiance.
Si tu savais !
-Et toi comment tu fais pour la supporter sur le long terme ? Je n’arrive pas à croire que vous passiez tout votre temps ensemble … , ajouta-t-il.
-Va savoir, me contentai-je de lui répondre.
Moi même je n’étais pas certain de savoir pourquoi je restai aussi souvent en sa présence. Une part de moi souhaitait la repousser sans ménagement et pourtant jamais jusqu’à maintenant n’avais-je été sur le point de le faire.
-Au moins tu n’es pas obligé de passer tes week-ends avec elle, continuai-je un peu plus malicieux.
J’avais retrouvé le sourire grâce à mon ami. Cette discussion m’avait permis de réfléchir à la situation plus tranquillement.
-Je n’imagine rien de pire, lança-t-il avant de rigoler.
Heureusement que la principale intéressée ne pouvait pénétrer dans le vestiaire des garçons car elle ne nous aurait pas épargné après ces mots. Nous sortions de la pièce avec un groupe d’amis, la porte extérieure était déjà ouverte et un vent froid s’y engouffrait. Le meilleur moyen d’attraper mal et pourtant cette brise rafraichissante faisait un bien fou après le sport. Derrière moi, le bruit du ballon sonnait toujours contre le parquer. Sonya et Rebecca continuaient de jouer, elles s’entrainaient durement, aussi souvent que possible. Monsieur Fogères était extrêmement déçu que la jeune fille ait refusé son offre de se joindre à l’équipe, il aurait vraiment aimé en faire son poulain. Quand il l’avait vu dribbler sur le terrain sans qu’aucun de nous ne l’arrête, une lueur avait animé son regard, il avait de l’espoir qu’elle devienne plus qu’une simple joueuse de l’équipe lycéenne. Sonya bien sûr après l’expérience n’avait eu l’envie de rejoindre une bande pareille, pour ma part je m’en satisfaisais. Parfois il restait après notre entrainement pour les regarder pratiquer et s’en mêlait même un peu trop. Nous l’avions plusieurs fois surpris à leur expliquer des techniques de lancer ou de dribbles.
-A plus les gars, les saluai-je une fois dehors.
Mon père m’avait prévenu qu’il pouvait venir me récupérer en voiture après son travail, il était resté plus tard pour terminer un projet. La perspective de rentrer dans le noir ne me plaisait plus  après mes quelques mauvaises expériences des derniers moi, et même si Sonya était au gymnase, j’avais trop peu confiance en elle.  Je reconnus la voiture sur le parking. Mon père l’avait garé sous l’un des uniques réverbères afin d’utiliser la lumière produite pour éclairer le travail qu’il continuait dans la voiture. Il se concentrait à noter des idées et remarques sur un rapport.
-Bonsoir papa, m’exclamai-je en ouvrant la portière.
Je le laissais ranger ses papiers qui encombraient tout l’espace, il les rassembla avant de les envoyer sur la banquette arrière.
-Bonsoir Sam. Bonne journée ?
Je pris place sur le siège passager et attachai ma ceinture tandis que mon père démarrait.

    Installés autour du bureau nous étions tous hautement concentrés. C’est Sonya qui craqua la première, elle soupira bruyamment avant d’étendre ses bras devant elle.
-J’en ai marre de chez marre de résoudre des équations ! Déclara-t-elle avant de poser son crayon sur une feuille gribouillée entièrement.
Edward se pencha dans sa direction et planta une pichenette sur son front.
-Il ne faut pas se décourager moussaillon, on est presque arrivé à bon port, plaisanta-t-il avec un petit sourire.
L’adolescente fronça le nez, des petites rides s’inscrivirent entre ses sourcils.
-Repose tes quelques neurones, je vais aller chercher à boire. Qu’est-ce que vous voulez ?
-J’ai plus de quelques neurones … , lui répondit-elle en plissant les sourcils.
-Je prendrai une limonade s’il te plait, coupai-je en levant les yeux vers mon ami.
Je devais avouer que les révisions se déroulaient mieux que prévu malgré la présence de Sonya à nos côtés. Elle était calme, même si parfois je voyais dans son regard absent qu’elle s’ennuyait à mourir.
-La même chose pour moi !
Ed hocha la tête puis sortit de la pièce. Nous étions seuls elle et moi. Je continuais de travailler sans lui prêter attention, un jour elle finirait par se lasser. Ces derniers temps je lui accordais beaucoup trop de mon temps.
-Tu aimes travailler à ce point ? Souffla-t-elle dans mon oreille.
Je ne l’avais même pas entendu se déplacer alors qu’elle était debout derrière moi, sa tête à quelques centimètres de la mienne. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale.
-Plus que toi à ce que je comprends.
Elle finit par presser son menton au creux de cou, elle souriait amusée par la situation.
-C’est mignon quand tu es aussi renfrogné, dit-elle avant de s’écarter.
Depuis ma discussion en milieu de semaine avec Léo j’avais beaucoup réfléchi à la raison qui me poussait à ne pas m’éloigner de Sonya. Aujourd’hui la réponse me devenait claire, ce n’était pas si compliqué en fait : cette fille m’intriguait. Elle était mystérieuse et j’avais besoin de percer à jour ses manigances, il était plus facile de collecter des informations en l’ayant sous le nez.
-Depuis que tu es au lycée l’affaire des meurtres s’est calmée on dirait, glissai-je.
J’étais bien plus courageux qu’à la normale pour oser tenir de tels propos. Je me retournai dans sa direction. Elle plissa un sourcil jetant un regard vers la porte en bois clair de la chambre. Elle finirait par avoir des rides à toujours être froissée. Sonya devait craindre d’être sur écoute. Il n’y avait personne, les parents d’Edward étaient sortis en ville et ce dernier préparait les boissons dans la cuisine. Il nous restait encore cinq minutes de tranquillité.
-Qu’est-ce que tu insinues ? Questionna-t-elle comme si elle ne comprenait pas où je voulais en venir.
J’y allais en douceur de peur qu’elle se ferme comme une huître.
-Plus personne n’est mort dans les environs depuis un moment. Depuis ton arrivée au lycée.
Silence.
-Tu m’accuses d’avoir tué tous ces gens ?
-Rectification, je t’ai vu tué une de ces personnes pour sûr, et au vu de la mer calme que nous traversons en ce moment je doute que tu ne sois pas impliquée dans le reste.
Sonya ravala un rire, un sourire mauvais s’étira sur ses lèvres tandis qu’elle me fixait.
-Mon petit Sam, qui écouterait un gamin comme toi, tu sais bien que si tu fais par de tes idées à des intéressés Edward et compagnie partiront pour un petit voyage … en Enfer !
Son ton était parfaitement calme, elle parlait sans hésitation marquant des pauses lorsqu’elle en ressentait le besoin, chaque mot était parfaitement choisi pour me blesser autant qu’une lame de cutter. J’avais pourtant ma réponse, Sonya avait son implication dans ces meurtres, c’était indéniable. Ma peur s’étendait d’avantage, elle était plus dangereuse que jamais. Nous nous regardions en chien de Fayence quand Edward entra dans sa chambre, qui traversait actuellement un épisode de tempête de neige avec vent glacial niveau rouge. Sa présence changea tout car Sonya se transforma en une petite fille légère au tempérament très calme. A se demander qui était le morpheur entre nous deux ! Ed nous servit nos boissons, qu’il avait prit la peine d’accompagner avec des biscuits. Je m’en servis un au chocolat, le professeur Lupin avait bien donné du chocolat à Harry après l’attaque du détraqueur pour le remettre en forme, c’était sans doute efficace contre mon mal à moi aussi. Ed attrapa un biscuit avant de se caler confortablement sur son lit dans l’angle du mur.
-Vous vous entrainez très souvent avec Rebecca, c’est sympa d’avoir des nouvelles joueuses sur le terrain.
Ed avait maladroitement sélectionné son sujet de discussion, Sonya n’était pas impressionnée par l’affaire « basket ». Elle se ravisa de répondre acerbement et opina d’un mouvement de tête.
-Si on espère avoir un minimum de niveau d’ici la fin de l’année, on a besoin de toutes les minutes qu’on arrive à fournir.
-Tu as déjà un très bon niveau, répondit-il alors qu’elle penchait la tête sur le côté.
-Rebecca me rattrapera bientôt si elle persévère. Mon seul regret est que l’on ne soit pas assez pour former une équipe féminine, soupira-t-elle. Enfin ce n’est pas si grave.
Sonya grignota une gourmandise à son tour, puis se leva du tapis où elle s’était assise près de la table basse d’Edward, une décision stratégique qui la rapprochait de la nourriture.
-Excusez-moi un instant, glissa-t-elle avant de quitter la pièce à la recherche des w.c.
Je buvais mon verre de limonade en la suivant des yeux. Edward n’attendit pas dix secondes avant de m’adresser le sourire presque le plus niais que je n’avais jamais vu, car ceux qu’il faisait face à Clara méritaient un prix. Je haussai un sourcil, intrigué.
-Elle n’a d’yeux que pour toi mon gars ! Lança-t-il très satisfait d’être le témoin de l’évolution de notre soit disant relation sentimentale.
Je crus m’étrangler avec ma boisson qui avait pris le mauvais tunnel jusqu’à mon estomac car elle dégoulinait par mes trous de nez. Je toussais en me frappant la poitrine, choqué par ce que je venais d’entendre de la bouche de mon ami.
-Pardon ?!
Quel était son problème, Sonya s’entendait mille fois mieux avec lui qu’avec moi. Comment l’idée lui était-elle tombée dans la tête ?
-Tu divagues mon pauvre, cette fille me méprise, elle se fiche de moi comme de sa dernière chaussette.
Ed plissa les sourcils, et parut désolé pour moi, c’était plutôt à moi d’être désolé qu’il ne remarque pas le véritable visage de cette garce.
-Et puis je n’en ai rien à faire, je n’ai pas le temps pour une relation. Et toi dis moi tout, comme ça se passe avec Clara ?
Si je le lançais sur le sujet, il mordrait à l’hameçon. D’abord sceptique il m’expliqua qu’ils s’étaient vus la veille, Edward n’avait pas besoin de grand chose pour parler.
-On est officiellement ensemble depuis hier, conclut-il avant de croquer dans un biscuit.
-C’est cool pour vous, répondis-je après avoir bu ce qui restait de mon verre de limonade.
Cette fois je fis en sorte de l’acheminer à bon port. Il y eu un silence et c’est au moment où Ed allait rajouter une phrase que Sonya fit son apparition, je tournais la tête vers la porte. Elle coupait court cette discussion, ce n’était peut-être pas si mal.
-On s’y remet ? Lança-t-elle en prenant place au bureau.
Elle n’allait pas me faire croire qu’elle était pressée. L’envie me manquait mais je rejoignis l’adolescente à mon tour.

    La voix de monsieur David résonnait dans la salle de classe tandis qu’il rendait nos copies corrigées. Entre mes mains ma feuille d’examen que je regardais heureux : seize sur vingt, beaucoup moins de fautes d’inattentions et des idées intéressantes, je progressais ! Bien sûr cela n’aurait rien à voir avec la note que mon jeune professeur particulier recevrait très prochainement.
-Edward une très belle prestation comme toujours, déclara le professeur en déposant la feuille sur la table.
Un beau dix-neuf sur vingt marqué sur son contrôle, mon camarade sourit satisfait par son travail, il était curieux de savoir quelle question lui avait couté un précieux point. Je penchai la tête dans sa direction.
-Toujours en aussi bonne route pour devenir ingénieur dans l’aéronautique, glissai-je.
Ed opina d’un mouvement de tête, c’était un rêve de gamin pour lequel il se démenait sans relâche.
-Sonya très beau devoir. J’ai cherché longtemps mais je n’ai pu vous enlever de point. Mes félicitations vous avez détrôné notre éternel premier.
La lycéenne écarquilla les yeux comme un tarsier surpris et récupéra sa feuille. Personne n’y croyait, il y avait tout juste une semaine elle n’était pas fichue de résoudre un exercice simple au tableau et elle se plaçait directement en tête de classe. Elle se retourna vers nous avec un grand sourire et articula sans émettre un son le mot « merci », il s’adressait d’avantage à Edward qu’à moi. Ed sourit de plus belle, il ne lui en voulait pas de s’être fait détrôner, le seul fait de l’avoir aidé à s’améliorer autant le réjouissait.
-Ce qui clôture la leçon d’aujourd’hui. Bonne fin de journée, lança notre professeur en retournant vers son bureau.
Je rangeais ma copie dans mon trieur avant de l’enfourner dans mon sac à dos. Tant mieux pour Sonya si elle avait réussi mais comment expliquer un progrès aussi fulgurant en si peu de temps ? Moi j’avais des soupçons. Elle passa près de moi et m’adressa un immense sourire, son regard pourtant était des plus sérieux, elle me narguait.
-Oups, j’ai oublié de faire profil bas, moi qui ne devait attirer l’attention sur moi … murmura-t-elle seulement assez fort pour que je l’entende.

Dernière modification par hikaru552 (2015-07-27 22:23:51)


Don't take life to seriously !
Si vous voulez papoter sur le discord de PnV
"Cette tigresse était notre sœur. Dans l'univers, il n'y a qu'un souffle de vie que nous partageons tous.
Ceux qui tuent des tigres ou ceux qui tuent des hommes sont les mêmes"

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#44 2015-09-17 13:52:33

clem69
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Re: ~ Métamorphose ~

Toujours à fond dans l'histoire, hâte de lire la suite !

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#45 2015-10-06 08:41:53

vanouloup
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Re: ~ Métamorphose ~

Je viens de lire les 2 derniers chapitres
Toujours pas lassée
On est 2 à avoir hâte de le lire la suite


L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde.
Tu n'aimes pas les animaux? J'm'en fous je t'aime pas non lus! Catitiz_PDT_12

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#46 2015-11-14 18:02:08

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

Bonjour à vous deux mes fidèles lectrices x3
Voici enfin la suite, toujours un moment de "creux", mais rassurez-vous normalement (si j'y arrive xD) on commence enfin à se lancer dans le vif du sujet aux prochains chapitres ^^

Chapitre 14 :


    Les élèves du comité s’appuyaient sur un tabouret afin d’accrocher une banderole de papier au-dessus de la porte vitrée du bâtiment principal de notre établissement. Le hall pullulait d’étudiants qui portaient tous des couleurs bien distinctes. Heureusement que j’avais refusé d’y prendre part. Ce n’était pas faute d’avoir essayé de me convaincre. Les filles avaient largement insistées pour que je prenne place dans l’équipe de volley avec elles, il était hors de question que je participe à la fête du sport ou je ne sais quelle bêtise, ma fierté m’empêchait de m’abaisser à leurs gamineries. Je me contentai d’observer les adolescents habillés en bleu, rouge, noir et vert se regrouper entre eux et se charrier les uns les autres. Quel était l’intérêt d’un tel événement sportif ? Il allait falloir me l’expliquer. La vie de lycéen n’était pas adaptée à quelqu’un comme moi.
-Hey ! Hey ! S’exclama Rebecca derrière moi. Tu n’es pas habillé aux couleurs de l’équipe ? Questionna-t-elle d’une voix dépitée.
Elle était déçue que je ne ressente pas le même entrain que le reste des jeunes à participer.
-Très peu pour moi, je laisse ceux qui aiment gaspiller leur énergie « inutilement » me remplacer.
Rebecca soupira, vexée par mes propos. J’étais pourtant encore loin de lui avoir livré le fond de ma pensée.
-Sonya, malgré tout ton enthousiasme démesuré pour cette journée, tu viendras m’encourager lors de l’épreuve de natation ?
Sa voix était mal assurée, un petit chaton esseulé, la pauvre s’était laissée convaincre contre son gré qu’elle serait adaptée à concourir comme nageuse lors de la course interclasse de relais. Elle devait nager la brasse. La vérité était tout autre, les filles de sa classe voulaient un faire valoir afin de poser comme des mannequins aux côtés de l’adolescente un peu plus rondouillette. Elles étaient ridicules !
-Bien sûr, je serai aux premières loges tu peux compter sur moi pour venir te soutenir, répondis-je avec un sourire amical pour la rassurer.
La lycéenne retrouva sa vigueur habituelle.
-Super merci Sonya ! Lança-t-elle avant d’être interpellée par ses amies.
Je lui adressai un très discret signe de tête avant de plonger mon regard de nouveau dans la foule, j’entrainais mon sens de l’observation de manière ludique. L’agitation était contagieuse chez les jeunes et ennuyée par la situation présente je me résolvais à m’éclipser en direction de l’arrière coure afin de disparaître temporairement. J’étais quasiment invisible aux yeux de tous tandis que je cheminais à travers le flot d’élèves, malgré la différence apparente dans la tenue vestimentaire que je portais. Alors que je m’apprêtais à pousser la porte en verre, je repérai ma proie au bout du couloir. Mes projets changèrent bien vite. Depuis le début de la journée je le laissais en paix : la première fois depuis bien longtemps, la tentation était trop grande …
-Salut ! Lançai-je en leur direction.
Edward m’accueillit avec le sourire tandis que Sam resta globalement neutre, comme toujours avec moi. L’adolescent plissa un sourcil à mon approche, déconcerté par la différence de couleur entre nos maillots.
-Tu ne participes à aucun évènement ? Demanda Edward curieusement.
Sam devinait tout seul à quel point j’étais désintéressée. Je secouai la tête avant de grimacer.
-Moi prendre part à une compétition de lycée, non merci. Vous courrez dans le relais ?
Edward hocha la tête, soulevant fièrement son T-shirt bleu au col en V.
-On va se faire un plaisir de botter les fesses des autres concurrents ! S’exclama-t-il enthousiaste.
Je ne pouvais que sourire devant sa mise en scène. Il aimait toujours jours les rôles que le moment lui attribuait, après cinq ans de théâtre il n’y avait finalement pas de surprise à cela.
-Je rajoute venir vous voir concourir à la liste, déclarai-je en faisant mine d’écrire sur la paume de ma main.
-Qu’est-ce que tu vas voir d’autre ? Questionna Sam qui finalement avait pris de l’intérêt à cette conversation.
-J’ai promis à Rebecca de l’encourager durant la natation.
Ils échangèrent un regard de connivence avant de reporter leur attention de nouveau sur moi. Ils avaient besoin d’explications.
-Si j’ai bien compris, Hélène a lourdement insisté pour qu’elle les rejoigne parce qu’elle nageait merveilleusement bien la brasse, dis-je en utilisant de longues syllabes tout comme la protagoniste de cette histoire.
-Hum… Sam avait l’air désolé pour l’adolescente qui s’était laissée marcher sur les pieds.
Il avait eu besoin de s’intégrer rapidement lui aussi, il comprenait que Rebecca qui ne se rebiffait pas, et d’un autre côté il ne tolérait pas ce manque de considération de la part des autres.
-Clara pourrait passer la voir histoire de lui donner deux, trois conseils. Elle a été dans un club de natation pendant plusieurs années.
-Ce serait super ! Rebecca a besoin de quelqu’un plein d’assurance pour la coacher !
Clara serait parfaite dans ce rôle car elle assumait totalement son manque d’intérêt pour la popularité : elle préférait être seule que mal accompagnée.
-Sa course démarre à 14h45, je vais la voir vers 14h20, si Clara veut se joindre à nous elle sera la bienvenue.
Edward confirma qu’il lui ferait parvenir le message.

    Rebecca s’affairait à ranger sous son bonnet de baignade ses quelques mèches folles qui en échappaient. Je lui offris un sourire en m’approchant accompagnée de Clara. La pauvre nageuse ressemblait à un rôti aux ficelles trop resserrées dans son maillot une pièce, en comparaison avec les anorexiques de services, elle était l’intruse dans ce vestiaire.
-Je vais t’aider, lança Clara tout en passant dans son dos pour finir le travail de notre camarade.
Rebecca la remercia d’un petit hochement de tête. Je croisai les bras avant de prendre place devant elle.
-Tu n’oublies pas de te concentrer uniquement sur toi, personne d’autre autour de toi n’existe, ok ?
Elle hocha la tête. J’avais du mal à croire qu’elle y arriverait vu l’ambiance des vestiaires, clairement les filles qui l’avaient invité à participer cherchaient un faire valoir et il était hors de question qu’elle se laisse faire. Clara déposa une main sur son épaule pour la rassurer, on lisait l’angoisse dans chacun de ses gestes.
-Pense à respirer après chaque mouvement. C’est important de te focaliser sur ton souffle. Cela t’aidera à te concentrer, expliqua la petite amie d’Edward.
Pendant qu’elle racontait à Rebecca tout un tas d’astuces de natations, je pris un pas de recul, depuis mon entrée ici je sentais un malaise grandissant. D’un coup d’œil discret je découvris sans difficulté l’origine du problème. Laura qui nageait pour l’équipe de ma classe me fixait durement. Nonchalante je lui adressai un signe de reconnaissance avant de me diriger à sa rencontre. Cette pimbêche ne devait pas avoir l’habitude qu’on la provoque.
-Bon courage pour la course, déclarai-je sans cacher ma joie de la voir enrager.
Elle plissa un sourcil, surprise par ma remarque.
-Merci … mais qu’est-ce que tu fais ici ? Tu ne nages pas pour l’équipe …
Je sentais l’inquiétude dans sa voix, elle ne voulait pas se retrouver avec moi sa rivale qui lui volait toute l’attention de Sam. Je secouai la tête.
-Non je suis simplement venue soutenir une amie avant l’épreuve.
Rassure-toi ma jolie je ne compte pas participer à votre rencontre sportive puérile. Laura coula un regard en direction de Rebecca, elle demeura silencieuse. Un coup de sifflet résonna dans les locaux, les groupes d’adolescentes se rassemblèrent devant le professeur d’EPS. Une quadragénaire blonde délavée recracha son instrument vrilleur de tympans avant de s’immobiliser devant la foule.
-Il est temps de vous mettre en place les filles. Bonne chance à toutes !
Elle s’en retourna sur ses pas sans demander son reste tandis que les amas de quatre nageuses se formaient. J’abandonnai ma classe pour retourner auprès de Rebecca et Clara.
-Allez Rebecca, you can do it !
Je lui tapotai vigoureusement le dos durant son départ, pour chercher à la rassurer. Elle disparut à son tour derrière les portes battantes. Clara et moi échangions un regard mitigé.
-J’espère que tout vas bien se passer, murmura Clara.

      Nous prenions place dans les gradins près des garçons qui étaient eux aussi venu encourager notre amie. Je laissais Clara s’installer à côté d’Edward et m’asseyais auprès de Sam. Les deux tourtereaux s’échangeaient des blagues qu’eux seuls pouvaient comprendre. Inutile de m’immiscer dans leur petit nid d’amour. De son côté le brun ténébreux arborait une expression similaire à la mienne, non loin du dégoût, une certaine indifférence blasée face à l’expression des sentiments exagéré du couple. Je collai mon épaule contre la sienne, réduisant la distance entre nos deux visages. Si Laura avait repéré Sam, j’espérai qu’elle comprenne qu’il n’était pas là pour la voir en maillot, peut-être même en serait-elle perturbée ce qui avantagerait les autres équipes. L’adolescent réagissait moins vivement depuis une semaine, il s’habituait à ma présence et n’avait toujours rien dit à personne de ce qu’il avait vu, nous étions en progrès. Il plissa finalement un sourcil désapprobateur, il n’appréciait pas le silence qui durait.
-Qu’est-ce que tu veux ? Demanda-t-il d’une voix où perçait une pointe d’agacement.
-Tu sens la pression sur tes épaules ? Tu n’as pas peur de perdre la course ?
Le jeune homme se décala pour s’échapper de mon contact et secoua alors la tête. Je savais que la compétition n’était pas sa tasse de thé, il s’était laissé convaincre par Léo qui tenait absolument à affirmer son pouvoir de mâle alpha.
-Peu importe, la question se posera le moment venu, je croyais qu’on était ici pour encourager Rebecca, répondit-il sans poser les yeux sur moi, il observait les filles prendre place pour le relais quatre nages.
Le départ fut donné, l’instant suivant les nageuses dos crawlé s’élançaient physiquement dans le bassin, brassant l’eau de leurs bras musculeux.
-Léo ne va pas être ravi de savoir que tu ne prends pas les choses au sérieux, lâchai-je sans regarder le spectacle sportif des éclaboussures.
Un rire discret s’échappa de mon camarade qui posa la tête sur son poing.
-C’est la meilleure, c’est l’hôpital qui se moque de la charité là. Tu te fiches de ces évènements comme d’un chien mort mais tu as l’hypocrisie de me le reprocher, pire encore tu simules la bienveillance en venant encourager Becca.
Un brouhaha se leva tandis que le « plouf » canonique des deuxième athlètes envahi le bâtiment. Rebecca avait plongé elle aussi, légèrement en retard.
-Pff comme si j’allais culpabiliser pour si peu. Je me fiche de ce qui se passe dans ta petite tête d’adolescent, les autres sont moins contraignant que toi, soufflai-je jetant à peine un coup d’œil aux nageuses.
Sam me regardait finalement, il arborait un visage neutre mais je sentais qu’il n’était plus aussi indifférent.
-Vas-y Rebecca !!! Hurla Clara à ma gauche.
Elle s’était à moitié levée sur son siège pour le lui crier. A mon tour je me levai et fixai mes mains autour de ma bouche en mégaphone.
-Becca ! Go, go, go ! M’exclamai-je en levant mon poing vers le plafond.
Clara se joignit à moi dans les cris d’encouragement, malgré notre enthousiasme nos appels étaient noyés dans un fond sonore ressemblant à une bouillie pour les oreilles plutôt que des mots distincts. Rebecca avait raté son départ mais grâce aux conseils de Clara elle rattrapa un peu l’écart qui s’était creusé. L’adolescente continuait de se battre contre les flots malgré la différence de niveau apparente entre les compétiteurs. Nous continuions à scander son nom à travers le bruit dans l’espoir qu’elle nous entende. Elle avait bientôt fini, se fût la dernière à passer le relais, sa camarade de nage papillon ne manqua pas le départ et fila à sa suite. La jeune fille se hissa hors de l’eau et retira ses lunettes sombres qui avaient eu le temps de lui marquer le haut du nez. On l’accueillit par des mouvements de bras même si nous ne pouvions descendre la rejoindre à la piscine. Elle nous repéra et afficha un petit sourire satisfait : elle avait surmonté cette épreuve ! Laura qui attendait pour passer au crawl nous jetait un regard avant de s’élancer dans l’eau. Je ne suivais plus rien à la course dont les résultats ne changeraient pas ma vie. Je me rassis parmi le brouhaha de la foule et reporta mon attention sur Sam.
-Un problème ?
Il avait toujours du mal à digérer mes brutaux changements d’humeur dont lui seul pouvait témoigner.
-Aucun, cela commence à être mon lot quotidien donc ce ne sont plus des problèmes, lâcha-t-il d’un air las.
-Parfait ! Je suis ravie de l’entendre.
Je prenais un air victorieux juste avant que la fin de l’épreuve sportive ne soit donnée. La classe de Rebecca s’était classée quatrième sur sept équipes. C’était un bon score sachant que toutes les nageuses du groupe n’étaient pas au club de natation. L’équipe semblait contente et Rebecca discutait joyeusement avec Hélène. Pas de regrets ! J’avais fait la première chose sur ma liste, ne manquait plus que le relais des garçons à 16h30. Ils s’y rendaient sans attendre pour s’échauffer. Je restais avec Clara pour l’accompagner jusqu’au gymnase de handball où à son tour elle disputait un match.

    Je marchais à l’extérieur en direction du stadium qui se trouvait à cinq cent mètres du lycée, caché derrière un petit bosquet qui appartenait au parc agréable qu’il fallait traverser pour s’y rendre. Je pénétrais dans les lieux à la recherche d’une tête connue. En peu de temps j’avais retrouvé le groupe d’amis, ils semblaient en grand débat.
-Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda l’un de mes camarades de classe au reste des participants.
Ils entouraient une chaise où Ravier se tenait, une poche de glace appuyée contre sa cheville enflée.
-On va devoir abandonner … souffla Sam.
Edward secoua doucement la tête, dépité.
-Nous n’avons pas vraiment le choix, sans Ravier on ne peut pas participer.
Le blessé tenta de déplacer son pied ais mit fin à son entreprise lorsqu’un éclair de douleur traversa son visage.
-C’est pas possible ! Tu aurais dû faire plus attention au lieu de sauter comme un cabri au-dessus de ces haies, vociféra le premier garçon.
Je restai dans mon coin à les observer. Ils devaient être déçus de ne pouvoir se donner en spectacle après leurs multiples entraînements. Ravier tenaillé par la douleur et la honte de n’être à la hauteur pour ses camarades avait l’air d’un cocker meurtri assis sur sa chaise la tête basse. Il était sincèrement désolé. Edward tapota l’épaule de son camarade furieux pour tâcher de l’apaiser.
-Dommage, ce sera pour une prochaine fois cette compétition entre les classes.
Il se tourna dans ma direction et m’adressa un petit sourire.
-Tu ne voudrais pas le remplacer toi ? Demanda-t-il non sérieusement.
Je secouai négativement la tête.
-Rah ! Moi qui me faisais une joie d’imaginer le visage de Léo se décomposer quand je l’aurai vaincu … Marmonna Ravier.
-Tu courrais en quelle position ? Questionnai-je aussitôt.
-En quatrième, contre Alex.
Il ne m’en fallait pas beaucoup plus pour m’enflammer, la proposition d’Edward qui n’avait été qu’une blague venait de prendre un sacré tournant.
-Comptez moi des votre ! M’exclamai-je en leur tendant ma veste en faux cuir noir.
Alors qu’ils allaient bafouiller une réponse sans y parvenir à cause de la surprise je m’éclipsai pour revenir cinq minutes plus tard vêtu d’un pantacourt en jogging baggy qui se resserrait au-dessous de mes genoux. L’idée d’écraser Léo métaphoriquement parlant était trop belle pour que je la refuse. Mon instinct de combat avait été piqué au vif et j’avais trouvé une fille pour me prêter un vêtement de sport léger, adapté à la course. J’étais presque prête. Les garçons restaient sans voix tandis que je m’étirais dynamiquement pour réchauffer mes muscles encore froids.
-Ravier j’ai besoin de ton T-shirt, dis-je en posant mes vêtements sur le dossier d’une chaise du vestiaire.
-Sonya je ne suis pas sûr qu’une fi…que l’on puisse former une équipe mixte, murmura Sam avant de se taire.
Mon regard était sans appel : j’allais courir ! Pour appuyer ma décision j’ôtais mon débardeur pour dévoiler aux autres mon soutien-gorge mauve orné de dentelle noire. A croire qu’ils n’avaient jamais vu une poitrine car ils tournèrent tous les yeux en rougissant tandis que Ravier se hâtait de me tendre son vêtement pour dissimuler mon corps dénudé. Une fois en tenue j’affichai une mine satisfaite, fixant l’un après l’autre chacun de mes camarades.
-On se motive les gars ! Je n’accepterai que la victoire.
Sam et Ed échangèrent un coup d’œil avant de se diriger vers la porte. Max, plus réticent, n’opposa pas d’arguments contre moi, lui aussi avait la rage de vaincre.
-C’est parti ! Lança-t-il en prenant la tête du maigre cortège.
L’épreuve allait commencer dans un quart d’heure. Les concurrents du marathon, essoufflés, finissaient leur parcours sous nos yeux. Je tenais la barre qui séparait la piste des gradins à m’en faire blanchir les phalanges tant l’excitation grandissait.
-Vous vous coltinez un sacré handicap, Ravier aurait été moins pénible à trainer, déclara une voix désagréable dans mon dos.
-Je ne me la ramènerai pas trop si j’étais toi, car vu la lamentable façon dont je t’ai battu la dernière fois je me montrerais discret. Tu as juste peur que cela se reproduise, répondis-je froidement à Léo.
Ce dernier déchanta bien vite et se contenta de me lancer le plus sale regard qu’il avait en réserve. Il était insupportable ce garçon ! Sans lui laisser l’opportunité d’ajouter des injures je me postai au bord de la piste prête à prendre place. Le professeur de sport qui s’occupait de la course parut perturbé à mon approche. Il ne comprenait pas bien ce que je fichais ici, ce qui était avantageux car il ne m’aurait probablement pas permis de participer.
-Aux concurrents du relais quatre fois deux cents mètres, veuillez prendre place sur la piste s’il vous plait, annonça une voix robotique de microphone.
Je souris à mes camarades et quittai l’espace d’attente. Je sentais monter la tension, entrant dans l’équipe comme un cheveux sur la soupe, il y avait un nombre important de chance que nous rations l’échange du témoin et soyons par la même occasion humilié devant le stade entier. Enfin c’était leur réputation qui était à risque parce que moi je n’étais là que temporairement.
Léo et les autres garçons traversèrent la pelouse pour se placer à la ligne blanche délimitée à la poudre de craie. Je cheminai un peu à l’écart pour ne pas attirer l’attention plus que nécessaire. Une fois face à la ligne je me concentrai sur ma respiration et ma respiration seulement ! Dans la bulle que je m’étais constituée pas un bruit ne parvenait à mes oreilles. J’étais isolée, prête à donner tout ce que j’avais dans le ventre. Le coup de sifflet retentit et Max prit le départ. Pour ma part je restais de marbre, mes côtes se soulevant lentement et aussi régulièrement que le temps marqué par un métronome. La course continuait : de Max à Edward qui ne perdait pas une seconde, ses foulées allongées le portait loin devant ses adversaires. Sam tendait le bras en arrière fixant droit devant lui, il s’apprêtait à partir avançant de quelques pas pour se propulser par la suite. L’échange se déroula sans encombre. Sam et son adversaire de l’équipe rouge prenaient la tête. L’adolescent svelte volait presque sur la piste, ses pieds touchant le sol si brièvement qu’il aurait pu se l’économiser. Je commençai à préparer mon départ. Sam se rapprochait à chaque seconde et il m’encouragea à trottiner, d’un mouvement de tête. Je m’exécutais aussitôt et avançait sur la piste pendant que Léo m’imitait. L’adolescent croisa mon regard et un éclair foudroya l’air tandis que nous nous déversions un flot de tensions négatives. Sam me rappela à l’ordre bien vite en m’interpelant, mon attention retourna sur mon partenaire toutefois le manque de coordination se fit sentir, et tandis que le passage de témoin de Léo se déroulait sans accrocs le notre était loin d’être excellent. Sam me tendit le témoin et croyant que je le tenais le lâcha dans ma main, mais loin de là que j’étais prête ! Sous nos yeux ahuris le morceau de bois cogna ma paume pour rebondir et filer au sol. Je pivotai sur un pied, mes doigts réagirent instinctivement pour rattraper l’objet. Nous avions perdu de l’avance mais les autres coureurs échangeaient en ce moment même leurs compétiteurs. Rien n’était perdu !
-Compte sur moi, criai-je à Sam en détalant.
Il était hors de question que je me fasse humilier par un Casanova à deux sous ! Cette fureur me donnait des ailes et je forçais sur mes muscles pour que mes foulées s’agrandissent à chaque enjambée. Mon corps ne ressentait pas encore les effets néfastes de cet effort démesuré. J’arrivai pratiquement à hauteur de Léo, ce dernier si sûr de lui de gagner après notre cafouillage, ne se méfiait de rien. Puisant encore dans mes réserves je parcourais les derniers mètres nous séparant. Je veux gagner ! Me criait mon esprit à chacun de mes pas. Léo, surpris, s’aperçut de ma fulgurante remontée. L’un comme l’autre personne n’allait céder. Nous accélérions encore, sans freiner, jamais ! Le regard noir du garçon se posa sur moi : je le défiai : indomptable ; incassable. Je ne me plierai pas à son autorité. Sans façon !


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#47 2016-08-11 17:48:24

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

Chapitre 15 :

    Sonya courrait comme jamais. Côte à côte avec Léo, elle avait rattrapé toute la distance perdue lors du passage du témoin, et maintenant qu’elle le tenait, elle ne le lâcherait plus. Un rapace, un oiseau de proie. Elle glissait dans l’air avec une facilité hors du commun. A une vingtaine de mètres de la fin une expression étrange éclaira son visage, elle ne ralentit tout de même pas continuant de défier Léo. Et là, ils franchirent la ligne d’arrivée chacun avec le bras tendu le plus loin possible devant eux afin que le morceau de bois qu’ils tenaient passe la frontière invisible de la victoire. Léo et Sonya eurent du mal à ralentir, ils coururent encore jusqu’à s’arrêter plus loin, essoufflés et tremblants. Nous n’attendions plus que les résultats. Sonya ne nous avez pas laissé tomber, elle avait foncé jusqu’au bout. Je me tournai vers Max et Edward qui traversaient la piste pour se joindre à moi, la même étincelle d’impatience et d’excitation brillait dans leurs yeux.
-Terminale 2 vainqueur du relais à un fil d’avance sur la terminale 4 ! Félicitations à tous les participants, annonça une voix déformée par un microphone.
Edward qui avait posé sa main sur mon épaule pour me féliciter resserra ses doigts  jusqu’à me pincer.
-La…la T.2. On a gagné ! S’exclama-t-il en me regardant ahuri.
Max ne parlait plus, les résultats avaient dépassé ses espérances, s’il avait eu des doutes sur Sonya, maintenant ils s’étaient envolés au loin. Il était trop heureux pour aligner correctement trois mots, alors c’est un cri victorieux qui remplaça les paroles. Et tous les trois nous marchions en direction de la gagnante qui se tenait à la barrière toujours à bout de souffle, les spasmes secouant son corps devenant de plus en plus faible.
-Tu cours plus vite que n’importe qui dans ce stade ! Lança Max qui avait enfin retrouvé l’usage de la parole.
Sonya se contenta d’afficher un sourire un peu forcé avant de se crisper sur le grillage. Je demeurai silencieux pendant que mes camarades félicitaient l’adolescente. Il s’était produit un problème pendant la course, son expression l’avait trahi. Sous l’euphorie générale, je semblais le seul à m’en être aperçu.
-Je dois passer aux toilettes, je reviens, déclara-t-elle soudainement pour s’éloigner ensuite sans demander son reste.
Edward et Max la suivirent des yeux, saisissant seulement une fois qu’elle avait disparu qu’elle venait de leur fausser compagnie.
-Elle a un problème … ? Questionna Edward en s’adressant à moi comme si j’étais plus à même que lui de le savoir.
-C’est le cadeau du mois qui vient de tomber, cherche pas. A chaque fois qu’une fille se précipite aux toilettes c’est ça, répondit Max à demi sérieux.
Je ne réagis pas, je savais que les choses ne tournaient pas rond. Sonya en temps normal serait allée narguer Léo sans perdre une seconde.
-Léo tire une de ces tronches, il ne doit pas digérer ce qui vient de se passer ! Déclara Ravier qui venait de s’approcher appuyé sur une béquille.
Il n’avait pas pu remporter la victoire à cause de sa blessure, mais il avait profité du spectacle depuis les gradins et à son expression il ne regrettait pas d’avoir laissé Sonya prendre sa place.
Assis au bord de la piste, le coureur de jupons avait l’air anéanti. Il tenait sa tête entre ses mains fixant le sol avec des yeux aussi vide que l’expression présente dans les yeux des geckos. Le garçon devait avoir pris un sacré coup dans son ego et j’avais du mal à me réjouir en sachant que c’était notre ennemi commune qui l’avait ratatiné. Je me plaçais à ses côtés, m’asseyant sur la petite marche qui séparait l’herbe du centre du stade et le sable orange poussiéreux de la piste. Il ne réagit pas, se contentant de se murer dans un silence de plomb dont il serait difficile de le sortir.
-Sans rancune Sonya n’est pas une fille comme les autres ne t’inquiètes pas. C’est une tigresse qui se cache sous le visage d’une jeune fille, lançai-je pour tâcher de le réconforter.
Cela lui arracha un très léger sourire mais bien vite son expression redevint aussi éteinte qu’elle ne l’avait été jusqu’à présent.
-Allez, on en a déjà discuté. Je sais bien que perdre face à elle doit être insupportable mais tu t’en remettras. Je suis sûr qu’une de tes copines sera bien contente de te réconforter ce soir, lançai-je avec un sourire même si généralement je n’appréciai pas son comportement frivole.
-C’est pas le problème … , râla-t-il sans expliciter la cause de ses soucis.
Je demeurai à mon tour silencieux sans savoir qu’elle réponse convenait le mieux à cet instant.
-D’accord, si ce n’est pas le problème et bien sache que je suis dans le coin si tu as besoin de parler, et je ne suis pas le seul, répondis-je en relevant la tête en direction des camarades de classe de l’adolescent qui s’étaient attroupés autour de lui afin de le complimenter sur cette course phénoménale. On se verra plus tard.
Je le saluai d’un coup de poing dans l’épaule, la violence avait toujours du bon quand il s’agissait de Léo, c’était le premier à venir vous couper le souffle avec un grand coup de main amical dans le dos. Notre classe s’était réunie autour de Max, Edward et Ravier, ils discutaient joyeusement de ce qui venait de se passer sans que personne ne pose de question au sujet de la participation de Sonya. Ils avaient tous accepté sa présence et pour autant personne ne demandait ce qu’il lui était arrivé ensuite. Je pinçais mes lèvres en découvrant qu’elle n’était toujours pas de retour, cela commençait à faire. L’idée obscure que la jeune femme ait eu une pulsion tueuse en plein milieu de la course s’immisça dans mon esprit. La haine qu’elle portait à Léo aurait pu être la cause de son changement brutal de comportement. La responsabilité me pesait. Je n’étais pas certain d’être prêt à devenir le témoin d’une tuerie supplémentaire, et puis Sonya en profiterait peut-être pour en finir avec moi par la même occasion. Je déglutis en imaginant la scène sanguinaire. Secouant la tête, je chassai la vision de ma propre mort pour me concentrer sur le présent. Je devais m’assurer que personne ne serait la victime de cette psychopathe en puissance ! On me parlait et je n’entendais même plus les mots qu’ils voulaient me dire, je reculai d’un pas soudainement.
-Je vais chercher Sonya.
Et sur ce je partis en cinquième vitesse dans la direction qu’elle avait prise. Je l’avais vu s’éloigner vers le lycée et c’était sûrement à cet endroit qu’elle se trouvait à présent. Cependant je n’avais aucun moyen de la retrouver. Traversant le parc à vive vitesse, je soulevais les feuilles et les brindilles de pin, qui étaient tombés pendant l’hiver, à mon passage. Comment la pister ? La question ne se posa finalement pas. Sonya se trouvait devant le bâtiment où elle entrait tout juste. Je pouvais la suivre avec aisance. Je ralentis l’allure pour ne pas qu’elle me remarque puis aussi fidèle qu’une ombre, j’accompagnais ma camarade avec discrétion. Elle pénétra en effet dans les toilettes des filles, et je m’immobilisai au bout du couloir. Peut-être qu’elle avait simplement dit la vérité et que Max avait raison, mais alors pourquoi avait-elle mis tout ce temps à se rendre jusqu’aux sanitaires ? Patient je restai à distance le temps qu’elle ressorte.
Les minutes filaient et j’étais toujours dans le couloir, jetant un coup d’œil à ma montre, je constatai que vingt bonnes minutes s’étaient écoulées depuis que je l’avais perdu de vue. Peut-être s’était-elle rendu compte que je la suivait et elle s’était éclipsée par la fenêtre pour ne pas que je poursuive ma filature … Je devais en avoir le cœur net ! Je poussai la porte et m’exclamai.
-Sonya ?! Est-ce que ça va ?
C’est bien sur elle que je tombais, une main sur son œil gauche, on aurait dit qu’elle avait pleuré, seulement d’un œil. Elle me regarda avec surprise et baissa la tête pour continuer à parcourir le sol du regard.
-J’ai perdu une lentille, avoua-t-elle en tâchant de s’accroupir.
Cependant un rictus douloureux déforma son visage lorsqu’elle plia sa jambe et je constatai qu’il était semblable à celui apparut lorsqu’elle parcourait la piste à vive allure. Je penchai la tête sur le côté et la dévisageai. Même si elle s’était rapidement reprise et fait mine de rien j’avais vu qu’elle souffrait.
-Tu t’es blessée pendant le relais ? Pourquoi tu n’as rien dit ? Demandai-je presque en colère.
Elle avait donné tout ce qu’elle avait dans le ventre et s’était fait mal, mais pour ne pas qu’on le remarque elle avait fait en sorte de nous le cacher. Sonya ne répondit pas, ses yeux lançaient des éclairs pour me dire : je ne suis pas un être faible !
-C’est rien, juste une entorse.
-Je ne suis pas convaincu, tu n’arrives même pas à te baisser pour chercher ta lentille. Je vais t’aider.
-Noooon ! Je peux le faire toute seule, s’exclama-t-elle en s’agrippant au bord de l’évier pour soutenir son poids qui pesait sur sa jambe invalide.
-Pfff laisse moi faire, ton œil te gêne, tu ne peux même pas voir correctement, ajoutai-je en constatant qu’elle avait toujours une main posé devant son globe oculaire.
Je n’attendis pas qu’elle râle d’avantage et me penchait en avant pour observer le carrelage blanc délavé à la recherche de la fine pellicule qui servait à améliorer la vision de la jeune femme. Ce n’était vraiment pas évident de repérer ces petites choses, moi-même je connaissais le problème lorsque l’un de mes lentilles glissait. C’était alors la catastrophe car je devais rester calme et posé alors que mes pupilles argentés devenaient visibles de tous, et qu’avec des larmes au bord des yeux on n’y voyait plus correctement.
-Laisse tomber, je suis parfaitement capable de me débrouiller, marmonna Sonya qui s’appuyait toujours contre l’évier.
Son pied n’était pas encore à plat sur le sol et je me demandais ce qu’elle avait bien pu se faire pendant la course. Elle ne s’était pas suffisamment échauffée donc n’importe quelle blessure de la simple entorse à la déchirure pouvait être responsable de son malaise. Sentant son regard lourd tomber sur mes épaules, je baissais de nouveau la tête et m’accroupit sur le sol. Si je m’étais transformé en un animal, la fouille aurait été beaucoup plus facile, surtout que l’adolescente connaissait mon secret, mais j’étais incapable de l’actionner de moi-même et ce n’était pas faute d’avoir essayé quand j’étais gamin … Je cherchais à tâtons quand soudain un petit reflet bleuté attira mon attention. Il était hors de question de perdre l’objet à nouveau et je fondis dessus comme une pie voleuse attiré par un éclat brillant. Je veillai à ne pas saisir le morceau de plastique singulier trop fort afin de le conserver intact. Tout ce temps passé pour le retrouver aurait volé en éclat si jamais la lentille se brisait ou devenait inutilisable. D’ailleurs j’espérais pour Sonya qu’elle avait le matériel nécessaire à la désinfection de cette dernière sur elle, sinon il était hors de question qu’elle la remette dans son œil. Bonjour les infections !
-Je l’ai ! M’exclamai-je en me redressant pour lui faire face.
Elle avait retiré sa main de son œil à présent fermé, sa paupière était légèrement humidifiée ce qui me tendait à croire qu’elle avait eu mal à la perte de son verre de contact. Je tendais ma main en coupole, la petite perle brillante qui était tombée aux creux de celle-ci.
-Tiens, j’espère que ton œil ne te fera pas trop souffrir. Je sais à quel point cela peut être désagréable, dis-je en lui adressant un sourire.
Je ne comprenais pas d’où me venait cet élan de gentillesse envers une fille qui menaçait constamment de me tuer. Le charme avait-il fini par opérer ? La victoire de Sonya lors du relais parlait-elle à la place de ma raison ? Je restais immobile à la fixer tandis que mille idées me traversaient l’esprit. Mais la réponse était beaucoup plus simple : je ne pouvais pas me contenter de rester passif lorsqu’une personne se démenait et avait besoin d’aide. Je lâchai un très discret soupir ; j’étais comme ça même avec des ennemis mortels. Je ne tenais vraiment pas à ma survie il faut croire. Sonya hocha lentement la tête pour répondre à mon attention, toutefois elle resta immobile à me fixer d’un œil dans le reflet du miroir. Je haussai un sourcil curieux de comprendre pourquoi elle ne s’activait pas à remettre sa lentille en place.
-Nous savons tout les deux qu’il ne se passe ici rien d’étrange entre nous, mais sérieusement Sam, pense à tous les pauvres idiots qui voient ça de l’extérieur. Tu viens d’entrer dans les toilettes des filles, si j’en ressors en même temps que toi, imagine quelles idées folles ils pourraient se faire à notre sujet. Pas que cela me déplaise s’il s’agit de la belle blonde, mais bon on attire suffisamment l’attention sans que les autres aient besoin de spéculer sur notre vie sexuelle, lâcha la jeune femme avant de me tourner le dos pour attraper des affaires dans son sac.
Elle marquait un point. Les autres ne pouvaient que se poser d’avantage de questions. Je secouai la tête tout en reculant vers la porte, gêné par ce qu’elle venait de raconter.
-Excuse-moi … je te laisse, glissai-je avant de ressortir dans le couloir.
Je m’adossais de nouveau au mur pour attendre que ma camarade en ressorte, toutefois mon passage aux toilettes des filles n’avait pas échappé à certain qui m’observait d’un œil dubitatif. Edward d’ailleurs faisait parti du lot et il s’avança dans ma direction d’un pas rapide, avec l’idée de mettre fin à ses questions très vite. Avant même qu’il n’ouvrit la bouche, je répondais à son interrogatoire.
-Sonya avait perdu sa lentille, et je lui ai filé un coup de main pour la retrouver. Chasse toi donc toutes idées non catholiques de la tête très cher.
Il en resta bouche-bée, comme si je venais de lire dans son esprit et annoncer l’un de ses plus grand secret, ce qui n’était évidemment pas le cas.
-Je ne vous voyais pas en train de vous envoyer en l’air au lycée mais puisque tu me confirmes que ce n’est pas le cas, tout le monde est heureux, répondit-il avec malice. Ce qui me rassure c’est que Sonya va bien, je craignais qu’il n’y avait un problème plus grave, avoua-t-il d’une voix soudainement plus sérieuse.
Ah oui, ce soucis là. J’hésitais à aborder le sujet de crainte que la harpie me lapide ensuite.
-Et bien pour tout te dire …
-Je vais très bien, merci de t’en préoccuper Edward, déclara une voix féminine enjouée dans mon dos.
La tigresse était de retour sous le couvert d’une peau d’agneau. Effrayant. J’en avais presque des frissons, Sonya avait le don de se métamorphoser (bien mieux que moi), ou bien elle était tout simplement bipolaire (hypothèse à étudier). L’adolescent lui adressa un large sourire joyeux.
-Ravi de l’entendre coéquipière de choc ! Grâce à tes capacités hors du commun nous avons laminé Léo, il ne s’en remettra pas avant quelques temps.
L’étincelle victorieuse qui s’alluma dans les prunelles de la jeune femme en disait long sur ce qu’elle pensait de la situation.
-Toujours prête à remettre un macho à sa place ! Lança-t-elle avec un salut militaire approximatif.
Je demeurai silencieux tandis que Sonya s’agrippait à mon épaule pour soutenir son poids sur moi plutôt que sa jambe endoloris. Je préférais ne pas ajouter de commentaire, j’avais compris qu’elle ne tenait pas à ce qu’on en parle.
-Ce n’est pas tout mais j’ai un planning chargé moi pour la soirée, je vais rentrer. Tu viens avec moi Sam ? Demanda-t-elle nos deux regards se croisant pour échanger silencieusement : ce n’était pas une question mais un ordre.
Je m’en doutais puisqu’elle ne devait pas pouvoir marcher très facilement, elle avait besoin d’aide. J’aurais pu l’abandonner à son triste sort cependant je n’y arrivais pas. Pas parce que je craignais les répercussions violentes qu’elle pourrait avoir vis-à-vis de mon entourage, mais pour la simple raison qu’elle souffrait et que par principe je ne pouvais me résoudre à la laisser.
-J’allais rentrer moi aussi de toute façon, je te raccompagne chez toi si tu veux, dis-je en espérant que mon ami ne nous accompagnerait pas, n’avait-il pas une activité extrascolaire ce soir .
Elle hocha lentement la tête, sa main toujours posée sur mon épaule. J’aurais cru que je sentirai une tension après quelques minutes à supporter son poids, elle devait être légère comme une plume, ou ne reposait sur moi que de façon minimale. Edward faisait la moue, déçu par notre départ précoce.
-Dommage, vous ne venez pas faire la fête avec le reste de l’équipe. On devrait célébrer nos victoires du jour les gars !
Il savait évidemment que la question ne se posait pas de mon côté, et pour l’instant Sonya n’avait pas encore pris part à la vie sociale extrascolaire du lycée. Nous secouions la tête au même instant, synchrone comme toujours.
-Pas ce soir, une prochaine fois peut-être, répondit l’adolescente avec un petit sourire.
Avec sa bouille d’ange on pouvait lui pardonner le pire des crimes ! Même Ed était conquis par les yeux ciel de la demoiselle, qui jouait sur ses atouts pour faire craquer ses proies.
-Rentrez bien dans ce cas, on s’amusera lors du prochain événement !
J’opinai d’un mouvement de tête peu convaincu mais suffisamment pour avoir l’air d’essayer d’être sincère. Sonya quant à elle avait l’air parfaitement authentique, fidèle à elle même de ce point de vue. Elle attendit que notre ami s’éloigne avant de murmurer quelques mots à mon oreille.
-On ne dit rien au sujet de ma blessure, et on essaie de sortir sans qu’on ne remarque que je boite mon petit.
Oui chef ! A vos ordres. Je n’avais aucune envie de la contredire, je devinais que sous le coup de la douleur et la colère Sonya était capable du pire. Nous marchions donc à une allure lente en direction de la sortie, le rapprochement soudain de nos deux personnes éveillant parfois les soupçons des lycéens. J’ignorais les regards inquisiteurs qu’on lançait à notre passage, sauf celui de Laura que nous croisions devant la porte. Cette dernière se retournait pile quand nous arrivions et son regard se porta sur moi avant de transiter vers la psychopathe. Ses yeux sombres s’embrasèrent de fureur. Je ne savais pas qui je craignais d’avantage en cet instant : la tueuse ou Lady Red. Je préférai ne pas m’inquiéter de cet accès de colère pour le moment, je devais d’abord m’occuper de conduire Sonya jusqu’à chez elle, et c’était suffisamment stressant ainsi. Si je disparaissais qui saurait que l’ange aux cheveux d’or était responsable du crime ? Je devais chasser cette vision de mon esprit, elle était trop faible pour me nuire, toutefois la connaissant elle était capable de mentir. Trop de prise de tête ! Assez de douter chaque seconde qui passait.

L’incident Laura n’avait pas duré, nous avions quitté le lycée et après une centaine de mètres, Sonya m’avait relâché. Elle n’appréciait pas la dépendance qui naissait entre nous, elle refusait d’avoir besoin de mon aide, et je ne lui en voulais pas. L’idée même de devoir lui faire confiance pour me porter secours en cas de situation délicate m’horripilait. J’avançais à mon rythme, nous avions conclu de rentrer chacun de notre côté ce qui m’arrangeait grandement. Je ne l’avais pas quitté depuis plus de cinq minutes qu’un individu m’interpella dans la rue.
-Eh gamin, vient voir ici une minute ! Annonça une voix grave et abimé par des années de consommation de tabac.
Je tournai la tête pour détailler le bonhomme qui ne semblait pas être un sans domicile fixe, je supposais qu’il avait une question à poser, des directions, l’heure, n’importe quoi finalement. Mon rythme ralentit pour m’arrêter à deux mètres de l’inconnu. Il se tenait devant moi une cigarette reposant au coin de ses lèvres. J’attendais la suite de l’affaire, l’inconnu lui ne semblait pas aussi pressé. Il prit une grande inspiration qui consuma la dernière partie de son addiction avant de jeter le mégot par terre et l’écraser d’un pied ferme tandis que la fumée fétide s’échappait d’entre ses narines. Je devenais nerveux, ce personnage ne m’inspirait guère car il était loin d’être perdu, chacun de ses gestes étaient posés et parfaitement calculés. Qu’est-ce qu’il me voulait ? A présent il était tout proche, sa main chemina pour venir prendre place sur mon épaule. Le contact me déplaisait. Il empestait le tabac !
-Tu me parais être un p’tit gars pas mal intelligent toi, commença par dire l’homme qui se penchait toujours plus en avant, j’voudrais te proposer un boulot parfait pour les gens comme toi…
Sa voix se perdit un instant, sa poigne se referma plus solidement sur moi. Je voulais prendre un pas de recul pour me défaire de cette étreinte, malheureusement ses doigts se plantèrent d’avantage. Je ne pouvais plus bouger. Je lisais à présent une hostilité sans bornes dans ses yeux noirs. Il ne m’aimait clairement pas alors que nous nous connaissions même pas, je n’en avais absolument pas de souvenir si c’était le cas.
-Je n’ai pas besoin de travail pour l’instant, merci, déclarai-je d’une voix sans équivoque. Lâchez moi s’il vous plait monsieur.
La violence n’était pas ma réponse favorite, de plus ce bonhomme était taillé bien mieux que moi,  j’étais tout de même prêt à me battre si les évènements n’empruntaient pas une tournure différente. Son regard devint soudainement bien plus mauvais qu’il ne l’avait était jusqu’à maintenant. Et avant même que je ne comprenne ce qu’il se passait je reculais en arrière, tiré par une poigne de fer bien plus puissante que celle de cet étrange personnage. La chance avait joué en ma faveur, puisque la surprise ne m’avait pas seulement saisi, lui aussi venait de sortir de la bulle, et ses doigts avaient glissé avant de pouvoir me rattraper. J’étais tiraillé de tous côtés. Une silhouette fine se dessina devant moi, charismatique, forte, déterminée.
-Ne touche plus jamais à ce garçon compris ! Gronda la voix d’un ton froid. Pas une seule fois. Dégage de là maintenant, qu’on ait plus à faire à toi !
Mon cœur rata un battement tandis que Sonya faisait face au monstrueux agresseur. Pourquoi était-elle ici ? Nous ne vivions pas à proximité. L’homme n’insista pas d’avantage. La haine était toujours aussi présente dans son regard, quelque chose pourtant avait changé. Une autre expression s’était incrustée en lui, je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Il toisa durement l’adolescente, la jaugeant, je me demandais s’il allait tenter de la provoquer une dernière fois avant de partir. Elle était bien campée sur sa position, fière comme toujours. Malgré sa blessure, elle pesait sur ses appuis pour ne pas être déstabilisée. On ne croirait pas qu’elle avait été blessée quelques temps plus tôt. Finalement, l’homme n’insista pas d’avantage et nous tourna le dos avant de s’éloigner d’un pas rapide. Je n’avais même pas le temps de remercier Sonya qu’il avait déjà disparu. La jeune femme se retourna dans ma direction pour m’inspecter de bas en haut.
-Tu as vraiment besoin de devenir plus imposant, sinon ce genre de types ne te laissera jamais en paix. Le racket, les agressions et tous ces trucs, il faut que tu puisses t’en protéger, lâcha simplement ma camarade comme si rien de grave n’avait eu lieu.
J’étais trop à côté de la plaque pour relever ses remarques, je la fixais avec de grands yeux.
-Merci pour ce que tu viens de faire …
Elle croisa les bras devant elle et secoua la tête.
-Il n’y a pas de quoi. Maintenant rentre chez toi avant qu’il ne décide de revenir avec sa petite bande de copains, je ne serai  pas en mesure de faire grand chose dans cet état, expliqua-t-elle.
Je n’avais pas besoin de me faire prier, j’opinais d’un mouvement bref avant de tourner les talons et d’accélérer le pas. Il fallait que je rentre, trop de détails incohérents me trottaient en tête.

Dernière modification par hikaru552 (2016-08-11 17:48:47)


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#48 2016-08-23 18:43:39

clem69
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Re: ~ Métamorphose ~

Kooooooooooooooool : je reviens après quelques temps d'absence et j'ai 2 chapitres à lire !

Joie et bonheur en moi !!


[Edit] Et bien je ne suis pas décue, c'est toujours aussi chouette !![/edit]

Dernière modification par clem69 (2016-08-24 16:21:14)

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#49 2016-09-13 15:39:04

vanouloup
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Messages: 28

Re: ~ Métamorphose ~

Coucou Catitiz_PDT_12
2 chapitres d'un coup pas mal. J'aime bien. Et toujours le suspense j'adore toujours autant.


L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde.
Tu n'aimes pas les animaux? J'm'en fous je t'aime pas non lus! Catitiz_PDT_12

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#50 2016-09-19 21:01:33

hikaru552
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Re: ~ Métamorphose ~

Vous allez être contente les filles parce que depuis le temps que je n'ai plus de lectrices ici j'ai écrit pas mal de chapitres que je n'ai pas posté xD

Donc vous allez avoir un peu de lecture ^_^

Je suis contente de vous retrouver, vous commenciez à me manquer :/ Je suis ravie d'entendre que vous appréciez mon histoire.

J'ai finalement écrit une des grosses révélations de cette histoire, vous l'aurez d'ici quelques chapitres. Bon et bien sur ce je vais vous poster le prochain chapitre alors !




Chapitre 16 :

Inspire. Expire. Déplace toi ! Je me glissai dans la ruelle que venait d’emprunter une demoiselle, étudiante d’après son sac à dos, aux alentours de vingt-six ans. Sa silhouette svelte se dessinait dans la nuit parmi les ombres. Elle ne m’avait pas encore remarquée. J’appréciais ce jeu de cache-cache où celui qui perd, à bien plus à perdre qu’une simple partie de rigolade entre amis, l’enjeu rendait toujours ceci beaucoup plus intéressant. Je sentais mon cœur battre dans ma poitrine. Vivante. Je l’étais encore, pour combien d’années, combien de jours, combien d’heures encore ? Personne ne pouvait me le dire, pas même moi. Ils s’étaient montrés discrets depuis quelques temps, ma présence ne leur plaisait pas, aujourd’hui pourtant ils osaient de nouveau pointer le bout de leur nez dans cette ville froide et non accueillante. Parfait ! Grâce à leur erreur je pouvais profiter de la situation pour marquer d’une pierre deux coups.

Le silence était toujours mon compagnon de voyage dans le monde de la nuit. Je m’arrêtais pour écouter les bruits qui émanaient de l’obscurité. Pas grand chose. Un miaulement rageur. Un battement d’aile. Le silence. Puis des bruits de pas. Des pas tranquille, toutefois si on tendait l’oreille attentivement on y devinait de la hâte. La personne était pressée. Je souris. La peur. Ils ont tous peur ! Moi j’avais appris il y avait bien longtemps que rien ne valait la peine de s’angoisser. Advienne ce qu’il viendra, si je suis assez forte je n’ai rien à craindre. Pour cette raison j’avais toujours pris mes entrainements très au sérieux, mon but ultime était d’atteindre cet idéal de puissance, qui me permettrait de ne craindre que la mort elle-même. Toujours aussi discrète, je poursuivais ma filature à travers la ville endormie. On pouvait se demander ce qu’une étudiante faisait seule à plus de minuit passé en milieu de semaine. Ici, ce n’était pas comme si les soirées fusaient à droite à gauche, en cette saison d’hiver le calme régnait en maître. Moi j’avais une idée de ce qui se tramait. Je n’étais pas venue ici sans but. Oh et ils le savaient bien. C’est pour cette raison qu’ils me fuyaient.

La lumière vacillante du lampadaire rendait l’atmosphère plus tendue qu’elle n’aurait dû l’être, je persévérais dans la voie que j’empruntais. Ma balade nocturne se déroulait sans encombre, si je me débrouillais suffisamment bien d’ici deux heures je profiterai de mon lit douillé. Etrange à dire, car il me tardait et en même temps je m’amusais beaucoup trop ici pour avoir envie de rentrer sur le champ. Je m’arrêtais pour observer me carrefour sur lequel je venais de déboucher. Cette fille avait disparu. Curieux. Je prenais mon temps pour poursuivre. Le croissant de lune qui éclairait le ciel nuageux d’une pâle lueur macabre. La rue était baignée par le même halo funeste. Je fermais les yeux pour me plonger dans une obscurité intense, elle était nécessaire à ce que je me recentre sur moi-même. Un bruit ténu. L’erreur de la proie. Je reprenais ma course d’un pas léger. Tous les prédateurs connaissent cette démarche particulière, celle qu’ils utilisent lorsqu’ils ont l’intention de tuer. Je débouchais dans un quartier que je connaissais bien. Je n’avais pas le temps de m’attarder ici, toutefois un mouvement dans l’ombre retint mon attention. Un chien galeux tenait une boite de conserve vide dans la gueule. Il s’éloignait au petit trot pour ne pas que je lui pique son butin. S’il faisait du raffut de la sorte depuis le début, il était possible que j’aie confondu la victime avec ce cabot. Mince. Je perdais du temps, ce temps précieux. Celui qui me manquerait le jour où ma vie toucherait à sa fin. L’idée qui traversa mon esprit, ne m’enchanta guère : un piège. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale en une demie seconde. Je me sentais vivante ! Vivante et si proche de la mort !


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